Le nazisme sâinsinua dans la chair et le sang du grand nombre Ă travers des expressions isolĂ©es, des tournures, des formes syntaxiques qui sâimposaient Ă des millions dâexemplaires et qui furent adoptĂ©es de façon mĂ©canique et inconsciente. On a coutume de prendre ce distique de Schiller, qui parle de la langue cultivĂ©e qui poĂ©tise et pense Ă ta place, dans un sens purement esthĂ©tique et, pour ainsi dire, anodin. Un vers rĂ©ussi, dans une langue cultivĂ©e, ne prouve en rien la force poĂ©tique de celui qui lâa trouvĂ© ; il nâest pas si difficile, dans une langue Ă©minemment cultivĂ©e, de se donner lâair dâun poĂšte et dâun penseur. Mais la langue ne se contente pas de poĂ©tiser et de penser Ă ma place, elle dirige aussi mes sentiments, elle rĂ©git tout mon ĂȘtre moral dâautant plus naturellement que je mâen remets inconsciemment Ă elle. Et quâarrive-t-il si cette langue cultivĂ©e est constituĂ©e dâĂ©lĂ©ments toxiques ou si lâon en a fait le vecteur de substances toxiques ? Les mots peuvent ĂȘtre comme de minuscules doses dâarsenic on les avale sans y prendre garde, elles semblent ne faire aucun effet, et voilĂ quâaprĂšs quelque temps lâeffet toxique se fait sentir. Si quelquâun, au lieu dâ hĂ©roĂŻque et vertueux », dit pendant assez longtemps fanatique », il finira par croire vraiment quâun fanatique est un hĂ©ros vertueux et que, sans fanatisme, on ne peut pas ĂȘtre un hĂ©ros. Les vocables fanatique et fanatisme nâont pas Ă©tĂ© inventĂ©s par le TroisiĂšme Reich, il nâa fait quâen modifier la valeur et les a employĂ©s plus frĂ©quemment en un jour que dâautres Ă©poques en des annĂ©es. » Victor Klemperer, LTI, La langue du IIIĂšme Reich, 1947, tr. fr Elisabeth Guillot, Albin Michel, p. 38. ______________________________________________________________________ Comment ça va Ă lâusine ? lui demandai-je. â TrĂšs bien ! rĂ©pondit-il. Hier, câĂ©tait un trĂšs grand jour pour nous. Quelques communistes culottĂ©s sâĂ©taient incrustĂ©s Ă Okrilla, alors nous avons organisĂ© une expĂ©dition punitive [Strafexpedition] â Vous avez fait quoi ? â Eh bien, on les a fait passer par les verges, câest-Ă -dire par nos matraques en caoutchouc, avec un peu de ricin, rien de sanglant mais trĂšs efficace tout de mĂȘme, une expĂ©dition punitive, quoi. ExpĂ©dition punitive est le premier mot que jâai ressenti comme spĂ©cifiquement nazi, câest le tout premier de ma LTI et le tout dernier que jâai entendu de la bouche de T. ; je raccrochai sans mĂȘme prendre la peine de refuser son invitation. Tout ce que je pouvais imaginer dâarrogance brutale et de mĂ©pris envers ce qui est Ă©tranger Ă soi se trouvait condensĂ© dans ce mot expĂ©dition punitive ; il avait une rĂ©sonance si coloniale quâon imaginait un village nĂšgre cernĂ© de toutes parts et quâon entendait le claquement du fouet en cuir dâhippopotame. Plus tard, mais hĂ©las cela ne dura pas, ce souvenir eut aussi, en dĂ©pit de son amertume, quelque chose de rĂ©confortant pour moi. Un peu de ricin il Ă©tait tellement clair que cette opĂ©ration imitait les pratiques fascistes des Italiens; il me semblait que tout le nazisme nâĂ©tait rien dâautre quâune infection italienne. Mais cette consolation disparut devant la vĂ©ritĂ© qui se dĂ©voilait, comme sâestompe une brume matinale ; le pĂ©chĂ© nazi, capital et mortel, Ă©tait allemand et non italien. MĂȘme le souvenir de ce mot nazi ou fasciste quâĂ©tait expĂ©dition punitive » se serait certainement envolĂ©, pour moi comme pour des millions dâautres gens, sâil nâavait Ă©tĂ© associĂ© Ă un Ă©vĂ©nement personnel. Car cette expression nâappartient quâaux dĂ©buts du TroisiĂšme Reich, elle a Ă©tĂ© rendue caduque par la simple institution de ce rĂ©gime, comme la flĂšche est rendue caduque par la bombe. Les expĂ©ditions punitives, semi-privĂ©es et exĂ©cutĂ©es en amateur, furent immĂ©diatement remplacĂ©es par lâaction policiĂšre, rĂ©guliĂšre et officielle, et le ricin par les camps de concentration. Et, six ans aprĂšs le commencement du TroisiĂšme Reich, le tumulte des expĂ©ditions punitives Ă lâintĂ©rieur de lâAllemagne, devenues actions policiĂšres, fut couverte par le vacarme de la guerre mondiale que ses instigateurs avaient Ă©galement conçue comme un genre dâexpĂ©dition punitive contre tous les peuples mĂ©prisĂ©s. Câest ainsi que les mots disparaissent. » Victor Klemperer, LTI, La langue du IIIĂšme Reich, 1947, tr. fr Elisabeth Guillot, Albin Michel, p. 71-72. Toute correspondance sur le sujet [lâextermination des Juifs dâEurope] Ă©tait soumise Ă des rĂšgles de langage » trĂšs strictes el, exception faite pour les rapports de Einsatzgruppen, on trouve rarement, dans les documents des mots crus tels quâ extermination », liquidation » ou tuerie ». Ă leur place, des noms de code Ă©taient prescrits pour tuerie» on devait dire Solution finale », Ă©vacuation» Aussiedling ou traitement spĂ©cial » Sonderbehandlung ; quand il ne sâagissait pas des Juifs quâon envoyait Ă Theresienstadt, le ghetto des vieillards » pour les juifs privilĂ©giĂ©s â on parlait alors dâun changement de rĂ©sidence » â la dĂ©portation Ă©tait rebaptisĂ©e rĂ©installation » Umsiedlung ou encore travail Ă lâEst » Arbeitsensatz um Osten, dans la mesure oĂč les Juifs ont souvent Ă©tĂ© temporairement rĂ©installĂ©s dans des ghettos tout comme une certaine partie dâente eux fut temporairement utilisĂ©e pour le travail forcĂ©. Dans certaines circonstances, il sâavĂ©ra nĂ©cessaire dâapporter de lĂ©gĂšres modifications aux rĂšgles de langage. Câest ainsi quâun haut responsable des Affaires Ă©trangĂšres proposa que, dans toute correspondance avec le Vatican, on parle du meurtre des Juifs en termes de solution radicale » ; lâidĂ©e Ă©tait ingĂ©nieuse, car le gouvernement catholique fantoche de Slovaquie, mis en place avec lâappui du Vatican, nâavait pas Ă©tĂ©, aux yeux des nazis, suffisamment radical » dans sa lĂ©gislation antijuive il ait commis lâ erreur fondamentale » de promulguer des lois contre les Juifs et dâen exclure les Juifs baptisĂ©s. Les porteurs de secrets » ne pouvaient donc parler un langage non codĂ© quâentre eux, et il est peu probable quâils lâaient fait pendant quâils vaquaient Ă leurs tĂąches meurÂtriĂšres quotidiennes, ou devant leurs stĂ©nodactylos et autres employĂ©s de bureau. Quelle que fut la raison de ces rĂšgles de langage», elles contribuĂšrent considĂ©rablement au maintien de lâordre et de lâĂ©quilibre mental dans les nombreux services spĂ©cialisĂ©s dans les fonctions les plus diverses dont la coopĂ©ration Ă©tait indispensable en la matiĂšre. Mieux encore, lâex pression rĂšgles de langage » Sprachregelung Ă©tait elle-mĂȘme un nom de code ; en langage ordinaire, on appellerait cela un mensonge. En effet, lorsquâun porteur de secrets » Ă©tait envoyĂ© Ă la rencontre de quelquâun venant du monde extĂ©rieur, on lui donnait, en mĂȘme temps que les ordres, ses rĂšgles de langage » â comme, par exemple, Eichmann, lorsquâil fit visiter le ghetto de Theresienstadt aux reprĂ©sentants suisses de la Croix-Rouge internationale. Dans ce dernier cas, il sâagissait dâun mensonge Ă propos dâune soi-disant Ă©pidĂ©mie de typhus qui aurait fait rage au camp de concentration de Bergen-Belsen que ces messieurs voulaient aussi visiter. Lâeffet exact produit par ce systĂšme de langage nâĂ©tait pas dâempĂȘcher les gens de savoir ce quâils faisaient, mais de les empĂȘcher de mettre leurs actes en rapport ave une ancienne notion normale » du meurtre et du mensonge. Par sa grande sensibilitĂ© aux expressions toutes faites et aux slogans, ainsi que par son incapacitĂ© Ă sâexprimer en langage ordinaire, Eichmann Ă©tait le sujet idĂ©al pour les rĂšgles de langage ». » Hannah Arendt, Eichmann Ă JĂ©rusalem, 1963, tr. fr. Anne GuĂ©rin, Gallimard Quarto, 2002, p. 1100-1101. ________________________________________________________________________ DâoĂč peut venir la sollicitude, envers la langue, de lâautoritĂ© politique, appuyant ou relevant lâinterrogation savante ? DâoĂč vient que normaliser la langue, rĂ©former son vocabulaire soient des activitĂ©s politiques et non pas seulement dâinnocents jeux dâamoureux des phrases et des mots ? [âŠ] Le rĂ©gime soviĂ©tique en est encore un exemple frappant, lui quâon a pu qualifier de logocratie ». Il convient, en fait, dâanalyser un terme linguisÂtiques cette fameuse langue de bois », dĂ©finie ici et lĂ comme un style par lequel on sâassure le contrĂŽle de tout, en masquant le rĂ©el sous les mots. La novlangue dâOrwell dans 1984 visait, mais dans la fiction, Ă extirper toute pensĂ©e non orthodoxe en bannissant les noms mĂȘmes qui pouvaient lui servir de support. Les mots y devenaient leurs propres dĂ©funts. Dans les textes soviĂ©tiques officiels, on constate un emploi larÂgement infĂ©rieur de verbes par rapport aux noms dĂ©rivĂ©s de verbes, type de nomination dont le russe est abondamment pourvu. Le grand nombre des nominalisations pÂermet dâesquiver par le discours lâaffrontement du rĂ©el, auquel correspondrait lâemploi de verbes. Ainsi, on peut prĂ©senter comme Ă©vident et rĂ©alisĂ© ce qui nâest ni lâun ni lâautre. Pour prendre un exemple français, quand on passe de mes thĂšses sont justes ou les peuples luttent contre lâimpĂ©rialisme Ă la justesse de mes thĂšses ou la lutte des peuples contre lâimpĂ©rialisme, on passe de lâassertion Ă lâimplicite. LâĂ©nonceur Ă©lude ainsi la prise en charge, aussi bien que lâobjection. Car lâauditeur, sâil peut interÂrompre Ă la fin dâune phrase mes thĂšses sont justes, le peut beaucoup moins aprĂšs une portion de phrase inachevĂ©e la justesse de mes thĂšses. » Claude HagĂšge, LâHomme de paroles, 1985, Fayard, p. 201-202. _______________________________________________________________________ La parole magico-religieuse est dâabord efficace, mais sa qualitĂ© de puissance religieuse engage dâautres aspects en premier lieu, ce type de parole ne se distingue pas dâune action ou, si lâon veut, il nây a pas Ă ce niveau de distance entre la parole et lâacte ; en outre, la parole magico-religieuse nâest pas soumise Ă la temporalitĂ© ; enfin, elle est toujours le privilĂšge dâune fonction socio-religieuse. La parole chargĂ©e dâefficacitĂ© nâest pas sĂ©parĂ©e de sa rĂ©alisation ; elle est dâemblĂ©e une rĂ©alitĂ©, une rĂ©alisation, une action. Cet aspect se marque bien dans la substitution de prattein et de praxis au verbe de lâefficacitĂ©, krainein Zeus ekprattei ; on parle de la praxis des oracles ; et les Ărinyes[1], exĂ©cutrices des hautes Ćuvres de Justice, sont les Praxitheai, les dĂ©esses de la Justice en marche ». Lâusage de prattein est, en effet, rĂ©servĂ© Ă une action naturelle dont lâeffet nâest pas un objet extĂ©rieur et Ă©tranger Ă lâacte qui lâa produit, mais cette action mĂȘme dans son accomplissement. Par ailleurs, tout semble se passer ; en dehors de la temporalitĂ© ; il nây a pas trace Ă ce niveau dâune action ou dâune parole engagĂ©e dans le temps. La parole magico-religieuse se prononce au prĂ©sent ; elle baigne dans un prĂ©sent absolu, sans avant, ni aprĂšs, un prĂ©sent qui, comme la mĂ©moire, englobe ce qui a Ă©tĂ©, ce qui est, ce qui sera ». Si la parole de cette espĂšce Ă©chappe Ă la temporalitĂ©, câest essentiellement parce quâelle fait corps avec des forces qui sont au-delĂ des forces humaines, des forces qui ne font Ă©tat que dâelles-mĂȘmes et prĂ©tendent Ă un empire absolu. Ă aucun moment, la parole du poĂšte ne cherche lâaccord des auditeurs, lâassentiment du groupe social ; celle du roi de justice pas davantage elle se dĂ©ploie avec la majestĂ© dâune parole oraculaire ; elle ne vise pas Ă Ă©tablir dans le temps un de ces enchaĂźnements de mots qui tirent leur force de lâapprobation ou de la contestation des autres hommes. Dans la mesure oĂč la parole magico-religieuse transcende le temps des hommes, elle transcende aussi les hommes elle nâest pas la manifestation dâune volontĂ© ou dâune pensĂ©e individuelle, elle nâest pas lâexpression dâun agent, dâun moi. La parole magico-religieuse dĂ©borde lâhomme de toutes parts elle est lâattribut, le privilĂšge dâune fonction sociale. Toutes les paroles des hommes, qui ont le privilĂšge de VĂ©ritĂ© », se dĂ©finissent par la mĂȘme efficacitĂ©. Mais lâarticulation dâAlĂštheia et du verbe krainein sâatteste particuliĂšrement dans la reprĂ©sentation des Ărinyes. Ce sont de vĂ©nĂ©rables dĂ©esses, Ă la mĂ©moire inaltĂ©rable ; jamais lâoubli ne les atteint, car elles sont en quelque sorte antĂ©rieures au temps, elles ont lâĂąge du Vieux de la Mer. Mais si les Ărinyes sont celles qui nâoublient pas mnĂšmones, elles sont aussi les vĂ©ridiques » et celles qui accomplissent ». On les nomme parfois Praxidikai, OuvriĂšres de Justice » elles sâidentifient Ă la parole de malĂ©diction, celle que prononce Ćdipe dans son aveuglement, celle qui dĂ©truit les maisons. Leur vĂ©ritĂ© » est la malĂ©diction efficace qui dĂ©chaĂźne la stĂ©rilitĂ©, anĂ©antit toute forme de vie. La VĂ©ritĂ© » sâinstitue donc dans le dĂ©ploiement de la parole magico-religieuse, entĂ©e sur la MĂ©moire et articulĂ©e Ă lâOubli. Mais la configuration dâAlĂštheia, que dessine lâopposition fondamentale de MĂ©moire et dâOubli, engage dâautres puissances qui contribuent Ă la dĂ©finir. Telles sont DikĂš, Pistis, PeithĂŽ. Au mĂȘme titre quâAlĂštheia, la Justice est une modalitĂ© de la parole magico-religieuse, car la DikĂš rĂ©aliser ». Quand le roi prononce un dit de justice », sa parole a valeur dĂ©cisoire. Dans le domaine de la justice, lâAlĂštheia est naturellement insĂ©parable de la DikĂš, mais, dans le monde poĂ©tique, DikĂš nâest pas moins indispensable un Ă©loge se rend avec justice », tel celui que rendit la langue dâAdraste au devin Amphiaraos. Louer le vaillant » sâaccorde Ă la justice la plus stricte ; le Vieux de la Mer disait Louez de tout votre cĆur, pour ĂȘtre justes, lâexploit de votre ennemi mĂȘme. » Dâune certaine façon, lâĂ©loge est une forme de justice. Quand le poĂšte chante une louange, il suit la voie de la justice ; les poĂštes sont des hommes de talent et dâĂ©quitĂ© » ; leur AlĂštheia est renforcĂ©e par DikĂš. En fait, dans le systĂšme de pensĂ©e religieuse oĂč triomphe la parole efficace, il nây a nulle distance entre la vĂ©ritĂ© » et la justice » ce type de parole est toujours conforme Ă lâordre cosmique, car il crĂ©e lâordre cosmique, il en est lâinstrument nĂ©cessaire. » Marcel Detienne, Les MaĂźtres de VĂ©ritĂ© dans la GrĂšce archaĂŻque, 1967, Le Livre de Poche, 2006, p. 122-126 _______________________________________________________________________ Le fait banal de la conversation quitte, par un cĂŽtĂ©, lâordre de la violence. Ce fait banal est la merveille des merveilles. Parler, câest en mĂȘme temps que connaĂźtre autrui se faire connaĂźtre Ă lui. Autrui nâest pas seulement connu, il est saluĂ©. Il nâest pas seulement nommĂ© mais aussi invoquĂ©. Pour le dire en termes de grammaire, autrui nâapparaĂźt pas au nominatif mais au vocatif. Je ne pense pas seulement Ă ce quâil est pour mois mais aussi et Ă la fois, je suis pour lui. En lui appliquant un concept, en lâappelant ceci ou cela, jâen appelle Ă lui. Je ne connais pas seulement mais je suis en sociĂ©tĂ©. Ce commerce que la parole implique est prĂ©cisĂ©ment lâaction sans violence lâagent, au moment mĂȘme de son action, a renoncĂ© Ă toute domination, Ă toute souverainetĂ©, sâexpose dĂ©jĂ Ă lâaction dâautrui dans lâattente dâune rĂ©ponse. Parler et Ă©couter ne font quâun, ils ne se succĂšdent pas. Parler institue ainsi le rapport moral dâĂ©galitĂ© et par consĂ©quent reconnaĂźt la justice. MĂȘme quand on parle Ă un esclave, on parle Ă un Ă©gal. Ce que lâon dit, le contenu communiquĂ© nâest possible que grĂące Ă ce rapport de face Ă face oĂč autrui compte comme interlocuteur avant mĂȘme dâĂȘtre connu. On regarde un regard. Regarder un regard, câest regarder ce qui ne sâabandonne pas, ne se livre pas mais qui vous vise câest regarder le visage. » Emmanuel LĂ©vinas, Ăthique et esprit », Difficile libertĂ©, 1952, Ăd. Albin Michel, 1976, p. 21. ____________________________________________________________________ Toute organisation sociale, quâelle soit animale ou humaine, nĂ©cessite le strict respect par les membres du groupe dâun certain nombre de rĂšgles comportementales qui peuvent ĂȘtre contraires Ă leur intĂ©rĂȘt individuel Ă court terme, mais qui sont vitales pour la viabilitĂ© du groupe. Dans le monde animal, comme lâavait dĂ©jĂ si bien montrĂ© le fondateur de lâĂ©thologie animale, Konrad Lorenz, ces comportements dangereux pour la survie de lâespĂšce sont inhibĂ©s par des mĂ©canismes dits instinctifs ». En particulier, chez les mammifĂšres sociaux, ce sont ces mĂ©canismes, profondĂ©ment ancrĂ©s dans les couches les plus primitives du cerveau, qui rĂ©gulent les comportements agressifs les combats au sein du groupe, pourtant frĂ©quents, ne se soldent jamais, ou trĂšs exceptionnellement, par la mise Ă mort du vaincu. Quâon nous entende bien il sâagit ici dâobservations qui concernent uniquement les comportements meurtriers » au sein dâun mĂȘme groupe, qui menacent directement lâorganisation sociale du groupe. En revanche, dans les conflits intergroupes, ces inhibitions ne sont plus de mise câest ainsi que la primatologue Jane Goodall a pu observer, sur le terrain, de vĂ©ritables guerres » entre groupes de chimpanzĂ©s, avec des tueries systĂ©matiques. Il est intĂ©ressant dâobserver que les interdits humains recouvrent assez prĂ©cisĂ©ment ces inhibitions instinctives ainsi, dans routes les cultures, les interdits concernent les meurtres entre individus dâune mĂȘme tribu et, avant tout, dans le cercle familial. Les agressions Ă lâextĂ©rieur de la tribu, elles, nâont pas du tout le mĂȘme statut et peuvent mĂȘme ĂȘtre explicitement encouragĂ©es et codifiĂ©es⊠La grande diffĂ©rence entre lâhomme et les autres mammifĂšres sociaux câest que, chez lâhomme, la rĂ©gulation sociale ne sâeffectue pas au niveau biologique, mais au niveau socioculturel. Câest par la parole et la pression du groupe social que sâimposent les interdits et non pas parce quâils seraient biologiquement bloquĂ©s, au contraire câest bien parce que nous sommes capables de commettre de tels actes les exemples ne manquent malheureusement pas quâils sont culturellement prohibĂ©s et punis. » Bernard Victorri, Ă la recherche de la langue originelle », in Les origines du langage, Le Pommier, 2010, p. 110-112. ___________________________________________________________________ En vĂ©ritĂ©, le problĂšme qui se pose Ă celui qui cherche la nature du dialogue nâest nul autre que celui de la violence et de la nĂ©gation de celle-ci. Car que faut-il pour quâil puisse y avoir dialogue ? La logique ne permet quâune chose, Ă savoir que le dialogue, une fois engagĂ©, aboutisse, que lâon puisse dire lequel des interlocuteurs a raison, plus exactement, lequel des deux a tort car sâil est certain que celui qui se contredit a tort, il nâest nullement prouvĂ© que celui qui lâa convaincu de ce seul crime contre la loi du discours ne soit pas Ă©galement fautif, avec ce seul avantage, tout temporaire, quâil nâen a pas encore Ă©tĂ© convaincu. La logique, dans le dialogue, Ă©monde [1] le discours. Mais pourquoi lâhomme accepte-t-il une situation dans laquelle il peut ĂȘtre confondu [2] ? Il lâaccepte, parce que la seule autre issue est la violence, si lâon exclut, comme nous lâavons fait, le silence et lâabstention de toute communication avec les autres hommes quand on nâest pas du mĂȘme avis, il faut se mettre dâaccord ou se battre jusquâĂ ce que lâune des deux thĂšses disparaisse avec celui qui lâa dĂ©fendue. Si lâon ne veut pas de cette seconde solution, il faut choisir la premiĂšre, chaque fois que le dialogue porte sur des problĂšmes sĂ©rieux et qui ont de lâimportance, ceux qui doivent mener Ă une modification de la vie ou en confirmer la forme traditionnelle contre les attaques des novateurs. ConcrĂštement parlant, quand il nâest pas un jeu qui ne se comprend que comme image du sĂ©rieux, le dialogue porte, en dernier ressort, toujours sur la façon selon laquelle on doit vivre. On ? Câest-Ă -dire, les hommes qui vivent dĂ©jĂ en communautĂ©, qui possĂšdent dĂ©jĂ ces donnĂ©es qui sont nĂ©cessaires pour quâil puisse y avoir dialogue â les hommes qui sont dĂ©jĂ dâaccord sur lâessentiel et auxquels il suffit dâĂ©laborer en commun les consĂ©quences des thĂšses quâils ont dĂ©jĂ acceptĂ©es, tous ensemble. Ils sont en dĂ©saccord sur la façon de vivre, parce quâils sont en accord sur cette mĂȘme façon il ne sâagit que de complĂ©ter et de prĂ©ciser. Ils acceptent le dialogue, parce quâils ont dĂ©jĂ exclu la violence. » Ăric Weil, Logique de la philosophie, 1950, Vrin, 1985, p. 24. _____________________________________________________________________ Le fait que nous nous sentons aujourdâhui si Ă©trangers dans un monde qui jadis nous paraissait si beau et si familier tient Ă une autre cause encore, que je vois dans le trouble que cette guerre a apportĂ© dans notre attitude, jadis si ferme et si solidement Ă©tablie, Ă lâĂ©gard de la mort. Cette attitude nâĂ©tait rien moins que franche et sincĂšre. A nous entendre, on pouvait croire que nous Ă©tions naturellement convaincus que la mort Ă©tait le couronnement nĂ©cessaire de toute vie, que chacun de nous avait Ă lâĂ©gard de la nature une dette dont il ne pouvait sâacquitter que par la mort, que nous devions ĂȘtre prĂȘts Ă payer cette dette, que la mort Ă©tait un phĂ©nomĂšne naturel, irrĂ©sistible et inĂ©vitable. Mais en rĂ©alitĂ©, nous avions lâhabitude de nous comÂŹporter comme sâil en Ă©tait autrement. Nous tendions de toutes nos forces Ă Ă©carter la mort, Ă lâĂ©liminer de notre vie. Nous avons essayĂ© de jeter sur elle le voile du silence et nous avons mĂȘme imaginĂ© un proverbe il pense Ă cela comme Ă la mort » câest-Ă -dire quâil nây pense pas du tout, bien entendu comme Ă sa propre mort Ă laquelle on pense encore moins quâĂ celle dâautrui. Le fait est quâil nous est absolument impossible de nous reprĂ©senter notre propre mort, et toutes les fois que nous lâessayons, nous nous apercevons que nous y assistons en spectateurs. Câest pourquoi lâĂ©cole psychanalytique a pu dĂ©clarer quâau fond personne ne croit Ă sa propre mort ou, ce qui revient au mĂȘme, dans son inconscient chacun est persuadĂ© de sa propre immortalitĂ©. Pour ce qui est de la mort dâautrui, lâhomme civilisĂ© Ă©vite soigneusement de parler de cette Ă©ventualitĂ© en prĂ©sence de la personne dont la mort paraĂźt imminente ou proche. Seuls les enfants ne connaissent pas cette discrĂ©tion . ils sâadressent sans mĂ©nagements des menaces impliquant des chances de mort et trouvent encore le moyen dâescompter la mort dâune personne aimĂ©e, en lui disant, comme sâil sâagissait de la chose la plus naturelle du monde ChĂšre maman, quand tu seras morte, je ferai ceci ou cela. » Lâhomme civilisĂ© adulte, Ă son tour, ne pensera pas volontiers Ă la perspective de la mort dâun de ses proches ce serait faire preuve dâinsensibilitĂ© ou de mĂ©chancetĂ©, sauf lorsque, comme mĂ©decin, avocat, etc., on est amenĂ© Ă y penser en vertu de prĂ©ocÂŹcupations professionnelles. Il se permettra encore moins de penser Ă la mort dâautrui dans les cas oĂč cette mort doit lui apporter un surcroĂźt de fortune ou de libertĂ© ou une amĂ©lioration de sa situation. Certes, ces scrupules ne peuÂŹvent rien contre la mort, sont impuissants Ă lâempĂȘcher, et toutes les fois que lâĂ©vĂ©nement se produit, nous sommes profondĂ©ment Ă©branlĂ©s et comme déçus dans notre attente. Nous insistons toujours sur le caractĂšre occasionnel de la mort accident, maladie, infection, profonde vieillesse, rĂ©vĂ©lant ainsi netteÂŹment notre tendance Ă dĂ©pouiller la mort de tout caractĂšre de nĂ©cessitĂ©, Ă en faire un Ă©vĂ©nement purement accidentel. Lâaccumulation de cas de mort nous effraye. A lâĂ©gard du mort lui-mĂȘme nous nous comportons dâune façon trĂšs singuliĂšre nous nous abstenons de toute critique Ă son endroit, nous lui pardonnons ses injustices, nous ordonnons de mortuis nil nisi bene, et nous trouvons naturel que, dans lâoraison funĂšbre quâon prononce sur sa tombe et dans lâinscription quâon fait graver sur son monument funĂ©raire, on ne fasse ressortir que ses qualitĂ©s. Le respect du mort, respect dont celui-ci nâa cepenÂŹdant plus nul besoin, nous apparaĂźt comme supĂ©rieur Ă la vĂ©ritĂ©, et Ă beaucoup dâentre nous comme supĂ©rieur mĂȘme Ă la considĂ©ration que nous devons aux vivants. A cette attitude conventionnelle que la civilisation nous impose Ă lâĂ©gard de la mort, fait pendant lâĂ©tat de consternation, dâeffondrement complet dans lequel nous plonge la mort dâune personne proche pĂšre ou mĂšre, Ă©poux ou Ă©pouse, frĂšre ou sĆur, enfant ou ami cher. Il nous semble quâavec elle nous enÂŹterÂŹrons nos espĂ©rances, nos ambitions, nos joies, nous refusons toute consolation et dĂ©clarons quâil sâagit dâune mort irremplaçable. Nous nous comÂŹportons alors comme un de ces Asras qui suivent dans la mort ceux quâils ont aimĂ©s dans la vie. Cette attitude Ă lâĂ©gard de la mort rĂ©agit cependant fortement sur notre vie. La vie sâappauvrit, elle perd en intĂ©rĂȘt, dĂšs lâinstant oĂč nous ne pouvons pas risquer ce qui en forme le suprĂȘme enjeu, câest-Ă -dire la vie elle-mĂȘme. Elle devient aussi vide, aussi creuse quâun flirt dont on sait dâavance quâil nâabouÂŹtira Ă rien, Ă la diffĂ©rence dâun amour rĂ©el, alors que les deux partenaires sont tenus de toujours penser aux sĂ©rieuses consĂ©quences du jeu dans lequel ils se trouvent engagĂ©s. Nos attaches affectives, lâinsupportable intensitĂ© de notre chagrin nous dĂ©tournent de la recherche de dangers pour nous-mĂȘmes et pour nos proches. Nous reculons devant de nombreuses entreprises, dangereuses, mais indispensables, telles quâessais dâaviation, expĂ©ditions dans des pays lointains, expĂ©riences sur des substances explosives, etc. Et ce qui nous reÂŹtient, câest la question que nous nous posons dans chacune de ces occasions qui remplacera, en cas de malheur, le fils Ă la mĂšre, lâĂ©poux Ă lâĂ©pouse, le pĂšre aux enfants ? La tendance Ă Ă©liminer la mort du registre de la vie nous a encore imposĂ© beaucoup dâautres renoncements et Ă©liminations. Et, cependant, la devise hansĂ©atique proclamait Navigare necesse est, vivere non necesse! Naviguer est une nĂ©cessitĂ©; vivre nâest pas une nĂ©cessitĂ©. Et nous sommes amenĂ©s tout naturellement Ă chercher dans le monde de la fiction, dans la littĂ©rature, au théùtre ce que nous sommes obligĂ©s de nous refuser dans la vie rĂ©elle. Nous y trouvons encore des hommes qui savent mourir et sâentendent Ă faire mourir les autres. LĂ seulement se trouve remplie la condition Ă la faveur de laquelle nous pourrions nous rĂ©concilier avec la mort. Cette rĂ©conciliation, en effet, ne serait possible que si nous rĂ©ussissions Ă nous pĂ©nĂ©trer de la conviction que, quelles que soient les vicissitudes de la vie, nous continuerons toujours Ă vivre, mais dâune vie qui sera Ă lâabri de toute atteinte. Il est, en effet, trop triste de savoir que la vie ressemble Ă un jeu dâĂ©checs oĂč une seule fausse dĂ©marche peut nous obliger Ă renoncer Ă la partie, avec cette aggraÂŹvation que, dans la vie, nous ne pouvons mĂȘme pas compter sur une partie de revanche. Mais dans le domaine de la fiction nous trouvons cette multiplicitĂ© de vie dont nous avons besoin. Nous nous identifions avec un hĂ©ros dans sa mort, et cependant nous lui survivons, tout prĂȘts Ă mourir aussi inoffensiÂŹvement une autre fois, avec un autre hĂ©ros. Il est Ă©vident que cette attitude conventionnelle Ă lâĂ©gard de la mort est incompatible avec la guerre. Il nâest plus possible de nier la mort ; on est obligĂ© dây croire. Les hommes meurent rĂ©ellement, non plus un Ă un, mais par masse, par dizaines de mille le mĂȘme jour. Et il ne sâagit plus de morts acciÂŹdentelles cette fois. Sans doute, câest un effet du hasard lorsque tel obus vient frapper celui-ci plutĂŽt quâun autre ; mais cet autre pourra ĂȘtre frappĂ© par lâobus suivant. Lâaccumulation de cas de mort devient incompatible avec la notion du hasard. Et la vie est redevenue intĂ©ressante, elle a retrouvĂ© tout son contenu. Il convient de distinguer ici deux groupes le groupe de ceux qui risquent leur vie dans les batailles, et le groupe de ceux qui, restĂ©s Ă lâarriĂšre, sâattenÂŹdent Ă apprendre quâun ĂȘtre qui leur est cher est mort dâune blessure, dâune maladie ou dâune infection. Il serait sans toute trĂšs intĂ©ressant dâĂ©tudier les changements qui se produisent dans la psychologie des combattants, mais lĂ -dessus je suis trop peu renseignĂ©. Aussi devons-nous limiter nos recherches au second groupe, dont nous faisons partie nous-mĂȘmes. Jâai dĂ©jĂ dit que si nous souffrons dâune perturbation et dâune diminution de notre puissance fonctionÂŹnelle, cela tient essentiellement, Ă mon avis, au fait que nous ne pouvons plus conserver notre ancienne attitude Ă lâĂ©gard de la mort et que nous nâen avons pas encore trouvĂ© de nouvelle. Nous. obtiendrons peut-ĂȘtre des rĂ©sultats intéressants en Ă©tendant nos recherches Ă deux autres maniĂšres de se comporter Ă lâĂ©gard de la mort Ă celle que nous pouvons attribuer Ă lâhomme primitif, Ă lâhomme des Ăąges prĂ©historiques, et Ă celle qui sâest conservĂ©e encore en chaÂŹcun de nous, mais qui, invisible Ă notre conscience, se cache dans les couches profondes de notre vie psychique. En ce qui concerne la maniĂšre dont lâhomme des Ăąges prĂ©historiques se comportait Ă lâĂ©gard de la mort, nous ne la connaissons naturellement que par infĂ©rences et dĂ©ductions, mais je pense que ces procĂ©dĂ©s nous ont donnĂ© des rĂ©sultats auxquels on peut se fier suffisamment. Lâattitude de lâhomme primitif Ă lâĂ©gard de la mort est assez remarquable, parce que nettement contradictoire. Dâune part, il prenait la mort au sĂ©rieux, la considĂ©rait comme mettant fin Ă la vie et sâen servait en consĂ©quence ; dâautre part il niait la mort, lui refusait toute signification et toute efficacitĂ©. Ce qui explique en partie cette contradiction, câest le fait que sa maniĂšre dâenvisager la mort dâautrui, de lâĂ©tranger, de lâennemi diffĂ©rait radicalement de celle dont il envisageait la perspective de sa propre mort. La mort dâautrui lui paraissait sĂ©rieuse, il voyait en elle le moyen dâanĂ©antir celui quâil haĂŻssait, et lâhomme primitif nâĂ©prouvait pas le moindre scrupule ni la moindre hĂ©sitation Ă causer la mort. Il Ă©tait certainement un ĂȘtre trĂšs passionnĂ©, plus cruel et plus mĂ©chant que les autres animaux. Il tuait volontiers et le plus naturellement du monde. Nous nâavons aucune raison de lui attribuer lâinstinct qui empĂȘche tant dâautres animaux de tuer et de dĂ©vorer des individus de leur espĂšce. Aussi lâhistoire primitive de lâhumanitĂ© est-elle remplie de meurtres. Ce que nos enfants apprennent encore de nos jours dans les Ă©coles, sous le nom dâhistoire universelle, nâest pas autre chose quâune succession de meurtres collectifs, de meurtres de peuple Ă peuple, Le vague et obscur sentiment de culpabilitĂ© que lâhumanitĂ© Ă©prouve depuis les temps les plus primitifs et qui sâest cristallisĂ© dans certaines religions sous la forme dâun dogme bien connu, celui de la faute primitive, du pĂ©chĂ© originel, nâest probablement que lâexpresÂŹsion dâune faute sanglante dont se serait rendue coupable lâhumanitĂ© prĂ©hisÂŹtorique. Dans mon livre Totem et Tabou, jâavais essayĂ©, en utilisant les donÂŹnĂ©es de W. Robertson Smith, Atkinson et Ch. Darwin, de me faire une idĂ©e de la nature de cette faute ancienne et je pense que la doctrine chrĂ©tienne actuelle contient encore des allusions qui permettent de conclure Ă son existence. Puisque le fils de Dieu a Ă©tĂ© obligĂ© de sacrifier sa vie pour sauver lâhumanitĂ© du pĂ©chĂ© originel, on doit conclure, dâaprĂšs la rĂšgle du talion, de lâexpiation de lâĂ©gal par lâĂ©gal, que ce pĂ©chĂ© ne pouvait consister que dans un meurtre. Seul un pĂ©chĂ© comme celui-lĂ pouvait exiger, Ă titre dâexpiation, le sacrifice dâune vie. Et puisque le pĂ©chĂ© originel Ă©tait une faute commise contre Dieu le PĂšre, le crime le plus ancien de lâhumanitĂ© ne pouvait ĂȘtre quâun parricide, le meurÂŹtre du pĂšre primitif de la horde humaine primitive, dont lâimage conservĂ©e par le souvenir a Ă©tĂ© Ă©rigĂ©e plus tard en une divinitĂ© . Certes, lâhomme primitif pouvait se reprĂ©senter aussi difficilement que nous-mĂȘmes sa propre mort, et elle lui paraissait aussi irrĂ©elle que nous trouÂŹvons irrĂ©elle la nĂŽtre. Mais il y avait un cas oĂč ses deux certitudes opposĂ©es Ă lâĂ©gard de la mort devaient se rencontrer et entrer en conflit, cas trĂšs significatif et trĂšs riche en consĂ©quences. CâĂ©tait lorsquâil voyait mourir un de ses proches, sa femme, son enfant, son ami quâil aimait certainement comme nous aimons nous-mĂȘmes nos proches, car lâamour ne doit guĂšre ĂȘtre moins ancien que le penchant au meurtre. Dans sa douleur, il devait se dire alors que la mort nâĂ©pargne personne, quâil mourra lui-mĂȘme comme meurent les autres, et tout son ĂȘtre se rĂ©voltait contre cette constatation chacun de ces ĂȘtres chers nâĂ©tait-il pas une partie de son propre moi quâil aimait tant ? Mais, dâautre part, la mort dâun ĂȘtre cher lui paraissait naturelle, car si cet ĂȘtre faisait partie de son moi, il lui Ă©tait, par certains cĂŽtĂ©s, Ă©tranger. La loi de lâambiÂŹvalence, qui rĂ©git encore aujourdâhui notre attitude Ă lâĂ©gard des personnes que nous aiÂŹmons le plus, devait exercer une action moins limitĂ©e aux Ă©poques primiÂŹtives. Câest ainsi que ces chers morts avaient Ă©tĂ© en mĂȘme temps des Ă©trangers et des ennemis Ă lâĂ©gard desquels il nourrissait Ă©galement des sentiments hostiles . Les philosophes prĂ©tendent que lâĂ©nigme intellectuelle que reprĂ©sentait pour lâhomme primitif lâaspect de la mort sâest imposĂ©e Ă sa rĂ©flexion et doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme le point de dĂ©part de toute spĂ©culation. Il me semble que, sur ce point, les philosophes pensent trop⊠en philosophes et ne tiennent pas suffisamment compte de lâaction de mobiles primitifs. Je crois donc devoir diminuer la portĂ©e de cette proposition et corriger celle-ci en disant que lâhomÂŹme primitif triomphe auprĂšs du cadavre de lâennemi quâil vient de tuer, sans avoir Ă se creuser la tĂȘte Ă propos des Ă©nigmes de la vie et de la mort. Ce qui poussa lâhomme primitif Ă rĂ©flĂ©chir, ce ne fut ni lâĂ©nigme intellectuelle ni la mort en gĂ©nĂ©ral, mais ce fut le conflit affectif qui, pour la premiĂšre fois, sâĂ©leva dans son Ăąme Ă la vue dâune personne aimĂ©e et, cependant, Ă©trangĂšre et haĂŻe. Câest de ce conflit affectif quâest nĂ©e la psychologie. Lâhomme ne pouÂŹvait plus ne pas songer Ă la mort que la douleur causĂ©e par la disparition dâun ĂȘtre cher lui avait fait toucher du doigt; mais, en mĂȘme temps, il ne voulait pas en admettre la rĂ©alitĂ©, car il ne pouvait se reprĂ©senter lui-mĂȘme Ă la place du mort. Il se vit ainsi obligĂ© dâadopter un compromis tout en admettant quâil puisse mourir Ă son tour, il se refusa Ă voir dans cette Ă©ventualitĂ© lâĂ©quivalent de sa disparition totale, alors quâil trouvait tout naturel quâil en fĂ»t ainsi de lâennemi. Câest devant le cadavre de la personne aimĂ©e quâil imagina les esprits et, comme il se sentait coupable dâun sentiment de satisfaction qui veÂŹnait se mĂȘler Ă son deuil, ces premiers esprits ne tardĂšrent pas Ă se transformer en dĂ©mons mĂ©chants dont il fallait se mĂ©fier. Les changements qui suivent la mort lui suggĂšrent lâidĂ©e dâune dĂ©composition de lâindividu en un corps et en une primitivement en plusieurs Ăąme. Le souvenir persistant du mort devint la base de la croyance Ă dâautres formes dâexistence, lui suggĂ©ra lâidĂ©e dâune persistance de la vie aprĂšs la mort apparente. Ces existences ultĂ©rieures nâĂ©taient au dĂ©but que des prolongements de celle Ă laquelle la mort avait mis un terme existences Ă lâĂ©tat dâombres, vides de tout contenu, auxquelles on nâattachait, jusquâĂ une Ă©poque assez tardive, quâune valeur insignifiante. Elles portent encore le caractĂšre de misĂ©rables expĂ©dients. Rappelons-nous la rĂ©ponse que fait lâĂąme dâAchille Ă Ulysse Vivant, nous, Akhileus, nous tâhonorions comme un Dieu, et, maintenant, tu commandes Ă tous les morts. Tel que te voilĂ , et bien que mort, ne te plains pas, Akhileus. â Je parlai ainsi, et il me rĂ©pondit Ne me parle pas de la mort, illustre Odysseus ! Jâaimerais mieux ĂȘtre un laboureur, et servir, pour un salaire, un homme pauvre, que de commander Ă tous les morts qui ne sont plus » OdyssĂ©e, XI, v. 484-491, traduction Leconte de Lisle. Et souvenons-nous encore de cette parodie puissante et amĂšre de Heine Der kleinste lebendige Philister Zu Stuckert am Neckar Viel glĂŒcklicher ist er Als ich, der Pelide der tote Held, Der SchattenfĂŒrst ln der Unterwelt » Câest seulement plus tard que les religions en sont venues Ă proclamer cette existence qui suit la mort comme Ă©tant plus prĂ©cieuse, plus complĂšte, et Ă ne voir dans la vie Ă laquelle la mort met un terme quâune prĂ©paration Ă cette existence meilleure. De lĂ Ă prolonger la vie dans le passĂ©, il nây avait quâun pas, et ce pas fut vite franchi on attribua Ă lâhomme un grand nombre dâexisÂŹtences antĂ©rieures Ă sa vie actuelle, on inventa la mĂ©tempsycose et les rĂ©inÂŹcarnations multiples, et tout cela dans le but de dĂ©pouiller la mort de toute valeur, de lui refuser le rĂŽle dâun facteur opposĂ© Ă la vie, destructeur de la vie. On le voit la nĂ©gation de la mort, dont nous avons parlĂ© plus haut comme de lâune des conventions de la vie sociale, remonte Ă une antiquitĂ© trĂšs lointaine. Devant le cadavre de la personne aimĂ©e prirent naissance non seulement la doctrine des Ăąmes, la croyance Ă lâimmortalitĂ©, mais aussi, avec le sentiment de culpabilitĂ© humaine, qui ne tarda pas Ă pousser une puissante racine, les premiers commandements moraux. Le premier et le plus important commanÂŹdement qui ait jailli de la conscience Ă peine Ă©veillĂ©e Ă©tait tu ne tueras point. Il exprimait une rĂ©action contre le sentiment de satisfaction haineuse quâĂ cĂŽtĂ© de la tristesse on Ă©prouvait devant le cadavre de la personne aimĂ©e et sâest Ă©tendu peu Ă peu aux Ă©trangers indiffĂ©rents et mĂȘme aux ennemis dĂ©testĂ©s. A lâheure oĂč nous sommes, les hommes restent sourds Ă ce commandeÂŹment. Lorsque la lutte sauvage qui caractĂ©rise cette guerre aura pris fin, Ă lâavantage de lâune ou de lâautre partie, le combattant victorieux retournera joyeux dans son foyer, auprĂšs de sa femme et de ses enfants, sans ĂȘtre le moins du monde troublĂ© par le souvenir de tout ce quâil a fait, de tous les enneÂŹmis quâil a tuĂ©s soit dans des luttes corps Ă corps, soit avec des armes agissant Ă distance. Il est Ă noter que les peuples sauvages qui survivent encore de nos jours et qui sont certainement plus proches de lâhomme primitif se comportent sur ce point ou, plutĂŽt, se sont comportĂ©s tant quâils nâont pas subi lâinfluence de notre civilisation autrement. Le sauvage, quâil sâagisse de lâAustralien, du Boschiman ou dâun indigĂšne de la Terre de Feu, nâest nullement un meurtrier impĂ©nitent; lorsquâil revient de la guerre en vainqueur, il nâa pas le droit dâentrer dans son village et de toucher Ă sa femme, tant quâil nâa pas expiĂ© par des pĂ©nitences souvent fastidieuses et pĂ©nibles les meurtres quâil a commis Ă la guerre. Il va sans dire que cette interdiction a sa source dans une superstiÂŹtion, le sauvage craignant la vengeance des esprits de ceux quâil a tuĂ©s. Mais ces esprits des ennemis tuĂ©s ne sont autre chose que lâexÂŹpresÂŹsion de sa mauvaise conscience, du remords quâil Ă©prouve Ă la suite des crimes commis. Il y a au fond de cette superstition une certaine finesse morale qui nous manque Ă nous autres civilisĂ©s . Des Ăąmes pieuses qui cherchent Ă se persuader que nous sommes Ă©trangers Ă tout ce qui est mauvais et vulgaire ne manqueront pas de tirer de cette interdiction si ancienne et si formelle du meurtre des conclusions favorables quant Ă la force de nos penchants moraux innĂ©s. Malheureusement, cet arguÂŹment peut servir Ă prouver, dans une mesure peut-ĂȘtre encore plus grande, le contraire. Une interdiction aussi impĂ©rieuse et formelle ne peut sâadresser quâĂ une impulsion particuliĂšrement forte. On nâa pas Ă interdire ce Ă quoi aucune Ăąme humaine nâaspire . Câest prĂ©cisĂ©ment la maniĂšre dont est formuÂŹlĂ©e la prohibition t u ne tueras point », qui est de nature Ă nous donner la certitude que nous descendons dâune sĂ©rie infiniment longue de gĂ©nĂ©rations de meurÂŹtriers qui, comme nous mĂȘmes peut-ĂȘtre, avaient la passion du meurtre dans le sang. Les tendances morales de lâhumanitĂ©, dont il serait oiseux de contester la force et lâimportance, constituent une acquisition de lâhistoire humaine et forment, Ă un degrĂ© malheureusement trĂšs variable, le patrimoine hĂ©rĂ©ditaire des hommes dâaujourdâhui. Laissons maintenant lâhomme primitif et interrogeons lâinconscient de notre propre vie psychique. Cela nâest possible quâĂ lâaide des mĂ©thodes de reÂŹcherÂŹche psychanalytiques, les seules qui permettent de descendre Ă cette profondeur. Comment lâinconscient se comporte-t-il Ă lâĂ©gard du problĂšme de la mort ? Exactement comme lâhomme primitif. Sous ce rapport, comme sous tant dâautres, lâhomme primitif survit tel quel dans notre inconscient. Comme lâhomme primitif, notre inconscient ne croit pas Ă la possibilitĂ© de sa mort et se considĂšre comme immortel. Ce que nous appelons notre inconscient », câest-Ă -dire les couches les plus profondes de notre Ăąme, celles qui se compoÂŹsent dâinstincts, ne connaĂźt, en gĂ©nĂ©ral, rien de nĂ©gatif, ignore la nĂ©gation les contraires sây concilient et sây fondent et, par consĂ©quent, la mort Ă laquelle nous ne pouvons attribuer quâun contenu nĂ©gatif. La croyance Ă la mort ne trouve donc aucun point dâappui dans nos instincts, et câest peut-ĂȘtre lĂ quâil faut chercher lâexplication de ce qui constitue le mystĂšre de lâhĂ©roĂŻsme. LâexÂŹplication rationnelle de lâhĂ©roĂŻsme prĂ©tend quâil y a des biens abstraits et universels plus prĂ©cieux que la vie. Mais, Ă mon avis, lâhĂ©roĂŻsme, qui est le plus souvent instinctif et impulsif, ignore cette motivation et affronte le danger sans penser Ă ce qui peut en rĂ©sulter. Ou bien cette motivation ne sert quâĂ Ă©carter les doutes et les hĂ©sitations susceptibles de sâopposer Ă la rĂ©action hĂ©roĂŻque de lâinconscient. Lâangoisse de la mort, au contraire, dont nous subisÂŹsons lâempire plus souvent que nous ne le croyons, est quelque chose de secondaire et rĂ©sulte le plus souvent du sentiment de culpabilitĂ©. Dâautre part, nous trouvons toute naturelle la mort dâĂ©trangers et dâennemis que nous infligeons aussi volontiers et avec aussi peu de scrupules que le fait lâhomme primitif. Sur ce point cependant il y a, entre lâhomme primitif et nous, une diffĂ©rence qui, dans la rĂ©alitĂ©, apparaĂźt comme dĂ©cisive. Notre inÂŹconÂŹscient se contente de penser Ă la mort et de la souhaiter, sans la rĂ©aliser. Mais on aurait tort de sous-estimer cette rĂ©alitĂ© psychique par rapport Ă la rĂ©alitĂ© de fait. Cette rĂ©alitĂ© est dĂ©jĂ assez grave et grosse de consĂ©quences. Dans nos dĂ©sirs inconscients, nous supprimons journellement, et Ă toute heure du jour, tous ceux qui se trouvent sur notre chemin, qui nous ont offensĂ©s ou lĂ©sĂ©s. Que le diable lâemporte! » disons-nous couramment sur un ton de plaisanterie, destinĂ© Ă dissimuler notre mauvaise humeur. Mais ce que nous voulons dire rĂ©ellement, sans lâoser, câest la que la mort lâemporte ! », et ce souhait de mort, notre inconscient le prend plus au sĂ©rieux que nous ne le pensons nous-mĂȘmes et lui donne un accent que notre conscience est prĂȘte Ă dĂ©savouer. Notre inconscient tue mĂȘme pour des dĂ©tails ; comme lâancienne lĂ©gislation athĂ©nienne de Dracon, il ne connaĂźt pas dâautre chĂątiment pour les crimes que la mort, en quoi il est assez logique, puisque tout tort infligĂ© Ă noÂŹtre moi tout-puissant et autocratique est, au fond, un crimen laeesae majestatis. Câest ainsi quâĂ en juger par nos dĂ©sirs et souhaits inconscients, nous ne sommes nous-mĂȘmes quâune bande dâassassins. Heureusement, que tous ces dĂ©sirs et souhaits ne possĂšdent pas la force que leur attribuaient les hommes des temps primitifs ; sâil en Ă©tait autrement, lâhumanitĂ© aurait pĂ©ri depuis longtemps sous les feux croisĂ©s des malĂ©dictions rĂ©ciproques, lesquelles nâauÂŹraient Ă©pargnĂ© ni ses hommes les meilleurs et les plus sages, ni ses femmes les plus belles et les plus douces. Ces affirmations de la psychanalyse ne trouvent aucun crĂ©dit auprĂšs des profanes. On les repousse comme des calomnies qui ne rĂ©sistent pas aux cerÂŹtitudes fournies par la conscience, et on nĂ©glige adroitement les petits indices par lesquels lâinconscient se rĂ©vĂšle gĂ©nĂ©ralement Ă la conscience. Aussi ne serait-il pas inutile de rappeler que beaucoup de penseurs qui nâont certaineÂŹment pas pu subir lâinfluence de la psychanalyse se sont plaints de la facilitĂ© avec laquelle nous sommes disposĂ©s, ne tenant aucun compte de la prohibition du meurtre, Ă Ă©carter, Ă supprimer mentalement tout ce qui se trouve sur notre chemin. Je me contenterai de citer un seul exemple, devenu dâailleurs cĂ©lĂšbre. Dans le PĂšre Goriot, Balzac cite un passage de Rousseau, dans lequel celui-ci demande au lecteur ce quâil ferait si, sans quitter Paris et, naturelleÂŹment, avec la certitude de ne pas ĂȘtre dĂ©couvert, il pouvait, par un simple acte de volontĂ©, tuer un vieux mandarin habitant PĂ©kin et dont le mort lui proÂŹcureÂŹrait un grand avantage. Il laisse deviner quâil ne donnerait pas bien cher pour la vie de ce dignitaire. Tuer le mandarin est devenu alors une expression proÂŹverÂŹbiale de cette disposition secrĂšte, inhĂ©rente mĂȘme aux hommes de nos jours. On connaĂźt, en outre, un grand nombre de plaisanteries et dâanecdotes cyÂŹniques dans lesquelles sâexprime la mĂȘme tendance, comme, par exemple, cette dĂ©claration quâon attribue Ă un mari AprĂšs la mort de lâun de nous deux, je viendrai habiter Paris ». Ces plaisanteries cyniques ne seraient pas possibles, si elles ne servaient pas Ă exprimer une vĂ©ritĂ© quâon nie, dont on ne veut pas convenir lorsquâelle est exprimĂ©e sĂ©rieusement et dâune façon non dissimulĂ©e. On sait, en effet, quâen plaisantant on peut tout dire, mĂȘme la vĂ©ritĂ©. Comme pour lâhomme primitif, il existe aussi pour notre inconscient un cas oĂč les deux attitudes opposĂ©es Ă lâĂ©gard de la mort, celle qui la conçoit comme une destruction de la vie et celle qui la nie comme quelque chose dâirrĂ©el, se rencontrent et entrent en conflit. Et le cas est exactement le mĂȘme que celui qui sâoffre Ă lâhomme primitif la mort ou le danger de mort dâun ĂȘtre cher, dâun Ă©poux ou dâune Ă©pouse, du pĂšre ou de la mĂšre, dâun frĂšre ou dâune sĆur, dâun enfant ou dâun ami. Dâune part, ces ĂȘtres chers forment notre patrimoine intime, sont une partie de notre Moi ; mais, par dâautres cĂŽtĂ©s, ils sont, en partie tout au moins, pour nous des Ă©trangers et des ennemis. A lâexception de quelques situations, nos attitudes amoureuses les plus tendres et les plus intimes sont nuancĂ©es dâune hostilitĂ© qui peut comporter un souhait de mort inconscient. Mais, cette fois, ce conflit ayant sa source dans lâambivaÂŹlence donne naissance, non plus Ă la doctrine de la transmigration et Ă la moÂŹrale, maĂŻs Ă la nĂ©vrose qui nous ouvre une large perspective, mĂȘme sur la vie psychique normale. Les mĂ©decins psychanalystes savent combien est frĂ©quent le symptĂŽme par lequel les malades expriment leur prĂ©occupation, toute dâamour et de tendresse, du bien de leurs proches, et combien sont frĂ©quents les reproches, absolument injustifiĂ©s, dont ils sâaccablent Ă la suite de la mort dâun ĂȘtre cher. LâĂ©tude de ces symptĂŽmes nâa laissĂ© aux mĂ©decins en question aucun doute quant Ă la frĂ©quence et Ă la signification des souhaits de mort inconscients. Le profane Ă©prouve une horreur indicible devant cette possibilitĂ© affective, et il voit dans cette horreur mĂȘme une raison suffisante et lĂ©gitime pour reÂŹpousser comme invraisemblables les affirmations des psychanalystes. A tort, Ă mon avis. Nous ne songeons nullement Ă rabaisser la vie amoureuse ; ce serait dâailleurs aller Ă lâencontre de la rĂ©alitĂ©. Notre raison et notre sentiment se refusent, certes, Ă admettre une association aussi Ă©troite entre lâamour et la haine, mais la nature sait utiliser cette association et maintenir en Ă©veil et dans toute sa fraĂźcheur le sentiment dâamour, afin de le mettre mieux Ă lâabri des atteintes de la haine qui le guette. On peut dire que nous sommes redevables des plus beaux Ă©panouissements de notre vie amoureuse Ă la rĂ©acÂŹtion contre lâimpulsion hostile que nous ressentons dans notre for intĂ©rieur. RĂ©sumons-nous impĂ©nĂ©trabilitĂ© Ă la reprĂ©sentation de notre propre mort, souhait de mort Ă lâadresse de lâĂ©tranger et de lâennemi, ambivalence Ă lâĂ©gard de la personne aimĂ©e tels sont les traits communs Ă lâhomme primitif et Ă notre inconscient. Combien est grande la distance qui sĂ©pare cette attitude primitive Ă lâĂ©gard de la mort et celle que nous imposent les conventions de notre vie civilisĂ©e ! Il est facile de dĂ©finir la maniĂšre dont la guerre retentit sur cette double attitude. Elle emporte les couches dâalluvions dĂ©posĂ©es par la civilisation et ne laisse subsister en nous que lâhomme primitif. Elle nous impose de nouveau une attitude de hĂ©ros ne croyant pas Ă la possibilitĂ© de leur propre mort; elle nous montre dans les Ă©trangers des ennemis quâil faut supprimer ou dont il faut souhaiter la mort ; elle nous recommande de garder notre calme et notre sang-froid en prĂ©sence de la mort de personnes aimĂ©es. Mais les guerres elles-mĂȘmes ne se laissent pas supprimer. Il y aura des guerres, tant quâil y aura des diffĂ©rences tranchĂ©es entre les conditions dâexisÂŹtence des peuples et tant quâils Ă©prouveront les uns envers les autres une aversion aussi profonde. La question qui se pose dans ces conditions est celle-ci Ă©tant donnĂ© que les guerres sont Ă peu prĂšs inĂ©vitables, ne ferions-nous pas bien de nous incliner devant cette situation et de nous y adapter? Ne ferions-nous pas bien de convenir que notre attitude Ă lâĂ©gard de la mort, telle quâelle dĂ©coule de notre vie civilisĂ©e, nous dĂ©passe au point de vue psychologique et quâil serait prĂ©fĂ©rable pour nous de faire abstraction de cette attitude et de nous incliner devant la vĂ©ritĂ©? Ne ferions-nous pas bien dâassigner Ă la mort, dans la rĂ©alitĂ© et dans nos idĂ©es, la place qui lui convient et de prĂȘter une attention un peu plus grande Ă notre attitude inconsciente Ă lâĂ©gard de la mort, Ă celle que nous nous sommes touÂŹjours si soigneusement appliquĂ©s Ă rĂ©primer ? Ce ne serait pas un progrĂšs que nous accomplirions ainsi, mais bien plutĂŽt, sous certains rapports du moins, une rĂ©gression, mais en nous rĂ©signant Ă celle-ci,nous aurions lâavanÂŹtage dâĂȘtre sincĂšres avec nous-mĂȘmes et de nous rendre de nouveau la vie supportable. En effet, rendre la vie supportable est le premier devoir du viÂŹvant. Lâillusion perd toute sa valeur, lorsquâelle est en opposition avec ce devoir. Rappelons-nous le vieil adage si vis pacem, para bellum. Si tu veux maintenir la paix, sois toujours prĂȘt Ă la guerre. Il serait temps de modifier cet adage et de dire si vis vitam, para mortem. Si tu veux pouvoir supporter la vie, soit prĂȘt Ă accepter la mort. Freud, ConsidĂ©rations actuelles ________________________________________________________________________ Salomon Reinach, De lâorigine et de lâessence des tabous », Cultes, mythes et religions, Tome II, Ăd. Ernest Leroux, Paris, 1906, pp. 18-22. De lâorigine et de lâessence des tabous [1]En thĂ©orie, lâactivitĂ© de lâhomme nâa dâautres limites que celles de sa force physique. Il peut manger tout ce qui lui tombe sous la dent, tuer tout ce qui lui tombe sous la main, pourvu quâil soit le plus fort. PoussĂ© par ses besoins et ses passions, il ne sâarrĂȘtera que devant une puissance supĂ©rieure Ă la sienne ; son Ă©nergie nâest contenue et rĂ©primĂ©e que du dehors. Mais cet Ă©tat dâindĂ©pendance absolue est purement thĂ©orique. Dans la pratique, et aussi loin que nous remontions dans le cours des Ăąges, lâhomme subit, Ă cĂŽtĂ© des contraintes extĂ©rieures, une contrainte intĂ©rieure. Il nâĂ©prouve pas seulement des rĂ©sistances, mais il sâen crĂ©e Ă lui-mĂȘme, sous la forme de craintes ou de scrupules. Ces craintes et ces scrupules ont pris, avec le temps, des noms diffĂ©rents ce sont les lois morales, les lois politiques, les lois religieuses. Aujourdâhui, ces trois sortes de lois subsistent et exercent leur action restrictive sur lâĂ©nergie humaine ; elles existaient de mĂȘme chez les sauvages des temps les plus reculĂ©s, mais Ă lâĂ©tat confus et, pour ainsi dire, indivis. Les notions mĂȘmes de morale, de religion, de politique, telles du moins que nous les entendons Ă cette heure, nâexistaient pas ; mais lâhomme subissait et acceptait de nombreuses contraintes, dont lâensemble constitue ce quâon appelle le systĂšme des tabous. La formule gĂ©nĂ©rale du tabou est Ne fais pas ceci, ne touche pas Ă cela » ; câest le donât anglais de la civilitĂ© puĂ©rile et honnĂȘte. Le tabou, de quelque nature quâil soit, a cela de particulier quâil impose une limite Ă lâactivitĂ© de lâhomme. Ce sentier est tabou ? nây marche pas. Ce fruit est tabou ? ne le mange pas. Ce champ est tabou tel jour ? nây travaille pas. Ainsi, Ă la diffĂ©rence des lois religieuses, civiles ou morales, la loi du tabou ne prescrit jamais lâaction, mais lâabstention ; câest un frein, ce nâest pas un stimulant. Jâai dit que ce frein consistait en craintes et en scrupules. On ne voit pas, en effet, si lâon excepte la force brutale opposĂ©e Ă la force, ce qui a pu contenir lâĂ©nergie de lâhomme en dehors de la crainte, sentiment qui engendre le scrupule. Or, le sauvage ne craint pas seulement la dent des fauves, la morsure des serpents il craint aussi, il craint surtout la maladie et la mort, chĂątiments quâinfligent les gĂ©nies irritĂ©s dont son imagination peuple le monde. Ătre social par excellence, lâhomme se figure, Ă tous les Ă©tages de la civilisation, que le monde extĂ©rieur forme comme une sociĂ©tĂ© avec lui et, par une gĂ©nĂ©ralisation naturelle, il projette au-dehors et multiplie Ă lâinfini le principe spirituel dont il se sent animĂ©. Avant dâavoir de la divinitĂ© une notion prĂ©cise et consĂ©quente avec elle-mĂȘme, il se sent entourĂ© de dieux, il les craint et cherche Ă vivre en paix avec eux. La cause gĂ©nĂ©rale des tabous est donc la crainte du danger.âŠSâil nây avait pas eu de tabous, lâhomme sauvage, encore inaccessible aux conseils de la raison et de la prĂ©voyance, aurait ravagĂ© et dĂ©vastĂ© la terre les tabous lui enseignĂšrent la contrainte et la modĂ©ration. Mais sâil nây avait pas eu un correctif aux tabous, lâhomme sauvage, encore inaccessible Ă la critique et Ă©pris du merveilleux, aurait tellement enchaĂźnĂ© sa vie, par crainte de la perdre, que toute activitĂ© civilisatrice eĂ»t Ă©tĂ© impossible. » ___________________________________________________________________________ Je prends le premier ensemble de questions Pensez-Âvous enseigner lâoral ? Quelles difficultĂ©s rencontrez?vous ? Rencontrez-vous des rĂ©sistances ? Vous heurtez?vous Ă la passivitĂ© des Ă©lĂšves ?⊠ImmĂ©diatement, jâai envie de demander Enseigner lâoral ? Mais quel oral ? II y a un implicite comme dans tout discours oral ou mĂȘme Ă©crit. Il y a un ensemble de prĂ©supposĂ©s que chacun apporte en posant cette question. Ătant donnĂ© que les structures mentales sont des structures sociales intĂ©riorisĂ©es, on a toutes chances dâintroduire, dans lâopposition entre lâĂ©crit et lâoral, une opposition tout Ă fait classique entre le distinguĂ© et le vulgaire, le savant et le populaire, en sorte que lâoral a de fortes chances dâĂȘtre assorti de toute une aura populiste. Enseigner lâoral, ce serait ainsi enseigner ce lange qui sâenseigne dans la rue, ce qui dĂ©jĂ conduit Ă un paradoxe. Autrement dit, est?ce que la question de la nature mĂȘme de la langue enseignĂ©e ne fait pas question ? Ou alors, est?ce que cet oral quâon veut enseigner nâest pas tout simplement quelque chose qui sâenseigne dĂ©jĂ , et cela trĂšs inĂ©galeÂment, selon les institutions scolaires ? On sait par exemple que les diffĂ©rentes instances de lâenseignement supĂ©rieur enseignent trĂšs inĂ©galement lâoral. Les insÂtances qui prĂ©parent Ă la politique comme Sciences Po, lâENA, enseignent beaucoup plus lâoral et lui accordent une importance beaucoup plus grande dans la notation que lâenseignement qui prĂ©pare soit Ă lâenseignement, soit Ă la technique. Par exemple, Ă Polytechnique, on fait des rĂ©sumĂ©s, Ă lâENA, on fait ce que lâon appelle un grand oral» qui est tout Ă fait une conversation de salon, demandant un certain type de rapport su langage, un certain type de culture. Dire enseigner lâoral» sans plus, cela nâa rien de nouveau, cela se fait dĂ©jĂ beaucoup. Cet oral peut donc ĂȘtre lâoral de la conversation monÂdaine, ce peut ĂȘtre lâoral du colloque international, etc. Donc se demander enseigner lâoral ?», quel oral enseigner ?», cela ne suffit pas. Il faut se demander aussi qui va dĂ©finir quel oral enseigner. Une des lois de la socio?linguistique est que le langage employĂ© dans une situation particuliĂšre dĂ©pend non seulement, comme le croit la linguistique interne, de la compĂ©tence du locuteur au sens chomskyen du terme, mais aussi de ce que jâappelle le marchĂ© linguistique. Le discours que nous produisons, selon le modĂšle que je propose, est une rĂ©sultante» de la compĂ©tence du locuteur et du marchĂ© sur lequel passe son discours; le discours dĂ©pend pour une part quâil faudrait apprĂ©cier plus rigoureusement des conditions de rĂ©ception. Toute situation linguistique fonctionne donc comme un marchĂ© sur lequel le locuteur place ses produits et le produit quâil produit pour ce marchĂ© dĂ©pend de lâanticiÂpation quâil a des prix que vont recevoir ses produits. Sur le marchĂ© scolaire, que nous le voulions ou non, nous arrivons avec une anticipation des profits et des sancÂtions que nous recevrons. Un des grands mystĂšres que la socio?linguistique doit rĂ©soudre, câest cette espĂšce de sens de lâacceptabilitĂ©. Nous nâapprenons jamais le langage sans apprendre, en mĂȘme temps, les conditions dâacceptabilitĂ© de ce langage. Câest?Ă ?dire quâapprendre un langage, câest apprendre en mĂȘme temps que ce langage sera payant dans telle ou telle situation. Nous apprenons insĂ©parablement Ă parler et Ă Ă©valuer par anticipation le prix que recevra notre langage; sur le marchĂ© scolaire ?et en cela le marchĂ© scolaire offre une situation idĂ©ale Ă lâanalyse? ce prix câest la note, la note qui implique trĂšs souvent un prix matĂ©riel si vous nâavez pas une bonne note Ă votre rĂ©sumĂ© de concours de Polytechnique, vous serez administrateur Ă lâINSEE et vous gagnerez trois fois moinsâŠ. Donc, toute situation linguistique fonctionne comme un marchĂ© dans lequel quelque chose sâĂ©change. Ces choses sont bien sĂ»r des mots, mais ces mots ne sont pas seulement faits pour ĂȘtre compris; le rapport de communication nâest pas un simple rapport de communication, câest aussi un rapport Ă©conomique oĂč se joue la valeur de celui qui parle a?t?il bien ou mal parlĂ© ? Est?il brillant ou non ? Peut?on lâĂ©pouser ou non ? ⊠Les Ă©lĂšves qui arrivent sur le marchĂ© scolaire ont une anticipation des chances de rĂ©compense ou des sanctions promises Ă tel ou tel type de langage. Autrement dit, la situation scolaire en tant que situation linguistique dâun type particulier exerce une formidable censure sur tous ceux qui anticipent en connaissance de cause les chances de profit et de perte quâils ont, Ă©tant donnĂ© la compĂ©Âtence linguistique dont ils disposent. Et le silence de certains nâest que de lâintĂ©rĂȘt bien compris. Un des problĂšmes qui est posĂ© par ce questionnaire est celui de savoir qui gouverne la situation linguistique scolaire. Est?ce que le professeur est maĂźtre Ă bord ? Est?ce quâil a vraiment lâinitiative dans la dĂ©finition de lâacceptabilitĂ© ? Est?ce quâil a la maĂźtrise des lois du marchĂ© ? Toutes les contradictions que vont rencontrer les gens qui sâembarquent dans lâexpĂ©rience de lâenseignement de lâoral dĂ©coulent de la proposition suivante la libertĂ© du professeur, sâagissant de dĂ©finir les lois du marchĂ© spĂ©ciÂfique de sa classe, est limitĂ©e, parce quâil ne crĂ©era jamais quâun empire dans un empire», un sous?espace dans lequel les lois du marchĂ© dominant sont suspendues. Avant dâaller plus loin, il faut rappeler le caractĂšre trĂšs particulier du marchĂ© scolaire il est dominĂ© par les exiÂgences impĂ©ratives du professeur de français qui est lĂ©gitimĂ© Ă enseigner ce qui ne devrait pas sâenseigner si tout le monde avait des chances Ă©gales dâavoir cette capaÂcitĂ© et qui a le droit de correction su double sens du terme la correction linguistique le langage chĂątié» est le produit de la correction. Le professeur est une sorte de juge pour enfants en matiĂšre linguistique il a droit de correction et de sanction sur le langage de ses Ă©lĂšves. Imaginons, par exemple, un professeur populiste qui refuse ce droit de correction et qui dit Qui veut la parole la prenne; le plus beau des langages, câest le lanÂgage des faubourgs». En fait, ce professeur, quelles que soient ses intentions, reste dans un espace qui nâobĂ©it pas normalement Ă cette logique, parce quâil y a de fortes chances quâĂ cĂŽtĂ© il y ait un professeur qui exige la rigueur, la correction, lâorthographe⊠Mais supposons mĂȘme que tout un Ă©tablissement scolaire soit transÂformĂ©, les anticipations des chances que les Ă©lĂšves apportent sur le marchĂ© les entraĂźneront Ă exercer une censure anticipĂ©e, et il faudra un temps considĂ©rable pour quâils abdiquent leur correction et leur hyperÂcorrection qui apparaissent dans toutes les situations linguistiquement, câest?Ă ?dire socialement, dissymĂ©Âtriques et en particulier dans la situation dâenquĂȘte. Tout le travail de Labov nâa Ă©tĂ© possible quâau prix dâune foule de ruses visant Ă dĂ©truire lâartefact linguistique que produit le seul fait de la mise en relation dâun compĂ©Âtent» et dâun incompĂ©tent», dâun locuteur autorisĂ© avec un locuteur qui ne se sent pas autorisĂ©; de mĂȘme, tout le travail que nous avons fait en matiĂšre de culture, a consistĂ© Ă essayer de surmonter lâeffet dâimposition de lĂ©gitimitĂ© que rĂ©alise le fait seul de poser des questions sur la culture. Poser des questions sur la culture dans une situation dâenquĂȘte qui ressemble Ă une situation scolaire Ă des gens qui ne se pensent pas cultivĂ©s, exclut de leur discours ce qui les intĂ©resse vraiment; ils cherchent alors tout ce qui peut ressembler Ă de la culture; ainsi quand on demande Aimez?vous la musique ?», on nâentend jamais Jâaime Dalida» mais on entend Jâaime les valses de Strauss», parce que câest, dans la compĂ©tence populaire, ce qui ressemble le plus Ă lâidĂ©e quâon se fait de ce quâaiment les bourgeois. Dans toutes les circonstances rĂ©volutionnaires, les popuÂlistes se sont toujours heurtĂ©s Ă cette sorte de revanche des lois du marchĂ© qui semblent ne jamais sâaffirmer autant que quand on pense les transgresser. Pour revenir Ă ce qui Ă©tait le point de dĂ©part de cette digression Qui dĂ©finit lâacceptabilitĂ© ? » [Bourdieu, Extrait de Ce que parler veut dire,]
Malu Malu LâabbĂ© Apollinaire Malu Malu Muholongu, nĂ© le 22 juillet 1961 Ă Muhangi territoire de Lubero et mort le 30 juin 2016 Ă Dallas Texas1, est un prĂȘtre catholique, un militant et un homme dâĂtat de la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo. Il Ă©tait prĂ©sident de la Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante pendant lâĂ©lection prĂ©sidentielle de 2006 en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo puis entre juin 2013 et octobre 2015. Il a Ă©tĂ© vice-prĂ©sident et prĂ©sident du forum des commissions Ă©lectorales de la CommunautĂ© de DĂ©veloppement de lâAfrique Australe SADC et a jouĂ© un rĂŽle majeur dans dâautres rĂ©seaux Ă©lectoraux africains. Malu malu a contribuĂ© Ă la crĂ©ation de plusieurs institutions dâappui aux Ă©lections Ă lâĂ©chelle nationale et internationale, dont le RĂ©seau des compĂ©tences Ă©lectorales francophones francophones RECEF. Election CENI La dĂ©pouille de lâAbbĂ© Apollinaire Malumalu exposĂ©e au siĂšge de la Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante Ceni Ă Kinshasa, le 15/07/2016. Radio Okapi/Ph. John Bompengo Apollinaire Malu-Malu Il a Ă©galement Ă©tĂ© cofondateur avec Fabio Bargiacchi du Centre EuropĂ©en dâAppui Ălectoral ECES et premier prĂ©sident. Culte dâactions de grĂące 30 juin 2022 Denis Kadima a pris part au culte dâactions de grĂące organisĂ© en memoire de Apollinaire malu malu. Cet Ă©vĂ©nement commĂ©moratif sâest dĂ©roulĂ© Ă la paroisse notre Dame de Fatima, situĂ©e prĂ©cisĂ©ment Ă Gombe. Prenant la parole, il a indiquĂ© quâon ne remplace pas Malu Malu mais on lui succĂšde. Avant de se rappeler de bons souvenirs jadis vĂ©cus avec le premier prĂ©sident de la commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante. â Câest grĂące Ă lui que la ceni a collaborĂ© avec la structure Ă©lectorale que je dirigeais â,a rĂ©vĂ©lĂ© Denis KADIMA. Le patron de la CENI AbbĂ© Apollinaire Malu Malu, a par ailleurs saluĂ© les diffĂ©rentes qualitĂ©s du dĂ©funt, dont lâesprit dâĂ©coute.â Celui qui Ă©coute beaucoup a la capacitĂ© dâapprendre et dâenseigner âdit-il. Notons que plusieurs cadres de la commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante ont rehaussĂ© de leur prĂ©sence Ă cette cĂ©rĂ©monie. Notamment Paul Mohindo, Jean Ilongo, GĂ©rard Bisumbu, Mme Ngalula JosĂ©phine, sans oublier Corneille Nangaa. Il sied de rappeler que ça fait dĂ©jĂ 6 ans depuis que lâabbĂ© Apollinaire Malu Malu dĂ©cĂ©dait aux Ătats-Unis. CâĂ©tait le 30 Juin, la date Ă laquelle la RDC commĂ©more son accession Ă lâindĂ©pendance. Cette mort etait due Ă une longue maladie. Inscrivez vous Ă notre Newsletter Recevez les derniĂšres mises Ă jour de l'actualitĂ© dans votre boĂźte aux lettres. En cochant cette case, vous confirmez avoir lu et acceptĂ© nos conditions d'utilisation concernant le stockage des donnĂ©es soumises via ce formulaire.
1 Alain Suied, LâĂveillĂ©e, suivi de Le Nom de Jacob et LâInadvertance, volume 147 de la collection L ... 2 Myriam Watthee-Delmotte, LittĂ©rature et RitualitĂ©, Enjeux du rite dans la littĂ©rature française co ... 3 DâaprĂšs Myriam Watthee-Delmotte, op. cit. 4 Revue Nue, no 31 consacrĂ© Ă Alain Suied, dir. BĂ©atrice Bonhomme et HervĂ© Bosio, juin 2005. 1Je vais travailler sur le recueil dâAlain Suied intitulĂ© LâĂveillĂ©e1, paru en 2004 et plus particuliĂšrement, mĂȘme si jâĂ©voquerai par instant le reste du recueil, sur la premiĂšre partie dĂ©diĂ©e Ă la mĂšre du poĂšte Ă ma mĂšre Nine Dabi », la dĂ©dicace est immĂ©diatement suivie des lieux et dates de naissance et de mort Sousse, 1920-Paris, 1991 ». Sur la couverture du recueil, choisie selon les souhaits du poĂšte, on peut voir une Ă©tude de LĂ©onard de Vinci pour le visage de lâAnge de La Vierge aux rochers, qui se trouve en accord avec la thĂ©matique de lâinnocence et de la puretĂ© dĂ©veloppĂ©e dans le poĂšme. Ce visage a, en outre, la particularitĂ© de paraĂźtre Ă la fois trĂšs jeune et trĂšs vieux. Son trait de fusain dĂ©licat semble prendre la force de la pierre comme si le visage nâĂ©tait plus seulement dessinĂ© mais sculptĂ©. La premiĂšre partie du recueil a Ă©tĂ© Ă©crite un an aprĂšs la mort de la mĂšre et elle est datĂ©e de janvier 1992. Ce texte, pour reprendre la terminologie de Myriam Watthee-Delmotte constitue un Tombeau littĂ©raire »2. Cette pratique littĂ©raire entretient des liens originaux avec le rite funĂ©raire. Le Tombeau littĂ©raire sâavĂšre en effet liĂ© Ă une quĂȘte ou Ă une revendication identitaire, celle du mort, comme des endeuillĂ©s. Le texte a en ce sens une fonction monumentale en regard de lâespoir de la survie du mort dans les mĂ©moires collectives. Il sâagit de perpĂ©trer la voix du disparu. Lâauteur parle donc avec le mort, pour lui. Il est en quelque sorte son ventriloque3. DâoĂč le titre dâune sĂ©quence de poĂšme Dialogue devant la tombe » LâĂveillĂ©e, p. 51. Ce qui est sacralisĂ©, câest dĂ©sormais la singularitĂ© dâun individu et la seule maniĂšre de lui rendre hommage est de lui Ă©crire un texte tout aussi singulier dans lequel sa voix transparaĂźt. Dans ce cas, le deuil, affaire intime, se transmue aussi en lien collectif, rituel la disparition de lâĂȘtre cher est un Ă©vĂ©nement investi dâaffect, de douleur liĂ©e Ă la communion spirituelle perdue. Le Tombeau est Ă la fois lâaffirmation dâune existence perdue et la reconnaissance de la mort on lâaccueille, la salue et la mĂ©tamorphose en paroles. Si le tombeau de pierre est destinĂ© Ă recevoir le corps du dĂ©funt, le Tombeau littĂ©raire recueille aussi son souffle, son esprit. Le mort sâest physiquement absentĂ© mais reste spirituellement prĂ©sent. La littĂ©rature semble placĂ©e dĂ©sormais sous le signe dâOrphĂ©e. Le travail du deuil sâeffectue ici en renonçant Ă la rĂ©alitĂ© de lâobjet aimĂ©, en le transformant en mots du poĂšme. Et câest pourquoi aussi ce texte, si intime, est en fait universel et sâadresse Ă tous, Ă tous ceux qui ont perdu quelquâun de cher. Dâailleurs Alain Suied dĂ©clare dans un entretien avec Pierre Dubrunquez publiĂ© dans la Revue Nue en 20054 Mon questionnement, câest dâabord cela aller vers lâautre. Câest la seule preuve que nous pouvons donner et recevoir quâil y a de lâautre ». Toute poĂ©sie a un interlocuteur. Il faut la rendre sensible, audible au lecteur â parce que câest cette ombre familiĂšre quâil va reconnaĂźtre. Le poĂšme va de lâun Ă lâautre. [âŠ] Je questionne le cĆur et lâinconnaissable en mĂȘme temps â mais câest le vrai lecteur qui doit faire le travail » en lui-mĂȘme. Il faut me relire. Ce nâest pas de moi que je parle â câest la parole de⊠lâĂȘtre que je voudrais laisser rĂ©sonner au cĆur du lecteur [âŠ] Il ne sâagit pas de mon histoire personnelle dans mon travail â ou alors ce serait lâhistoire personnelle de tout le monde [âŠ] Je laisse entendre, ce qui Ă©coute en nous, la vie intĂ©rieure de la parole, nos cris, nos questions. Nue, p. 8-9 2Livrer le poĂšme au tremblement de la finitude, lâaccueil dâun sacrĂ© strictement humain, celui dâune finitude partagĂ©e. Le poĂšme reste Ă©piphanique mais dâun trou dans le sens, dâune perte, dâune place vide. Il appelle alors Ă la prĂ©sence de la voix disparue. Les pronoms personnels dĂ©signent la voix qui sâest tue, mais qui continue Ă nous parler, constituant le tissu du texte. LâĂ©criture radicalise cette adresse. Elle tient du don et sâadresse aussi Ă cet autre. Les mots tissent alors Ă leur façon un linceul sur la morte. Ils peuvent apaiser lâappel de lâobjet perdu, mettre Ă distance sa proximitĂ©. Le poĂšme devient le tĂ©moin de cet appel, comme du dĂ©placement de cet appel dans la filiation. En ce sens, il tisse un dialogue entre les vivants et la morte, dans la filiation oĂč il sâorigine. Il rĂ©pond Ă lâinjonction-pulsation dâune voix muette, dâune mĂ©moire oublieuse comme geste dâamour. LâĂveillĂ©e » est ainsi entiĂšrement portĂ© par une obsession du Toi ». Le toi », câest la mĂšre unique, irremplaçable, qui a quittĂ© le poĂšte et sa fratrie, et quâil faut dĂ©sormais Ă©voquer, chanter, pour la faire revivre par les mots. En face de ce toi » se trouve le nous ». Toi » et nous », sont liĂ©s par un dialogue intime, car le poĂšte parle pour lui et pour les enfants de la mĂšre, dans un nous » solidaire qui ressoude la fratrie. Il est normal que ceux qui sont nĂ©s de la mĂšre, nĂ©s de toi », soient dĂ©sormais hantĂ©s par le toi » absent qui habite leurs mĂ©moires câest comme si nos mĂ©moiresdessinaient des images de toi[âŠ]câest comme si la terresous nos pasrĂ©sonnait de toi[âŠ]câest comme si la nuitde lâespacedevenait moins effrayantehabitĂ©e par toi E, 37. 5 Hölderlin, Lettre Ă son frĂšre », 1er janvier 1799, traduction de Denise Naville, Ćuvres, PlĂ©iade ... 3Le toi » est dâautant plus prĂ©gnant dans lâesprit quâil est absent du monde et dâune rĂ©alitĂ© corporelle, devenue intouchable dĂ©sormais. Ainsi le toi » se met Ă habiter partout lâespace spirituel, et la pensĂ©e obsessionnelle du toi » permet de revenir sur ses pas, de retourner en arriĂšre, dâen revenir Ă cette maladie qui a arrachĂ© le toi » Ă ceux qui lâaimaient, Ă en retracer lâhistorique afin dâaffronter une nouvelle fois le rĂ©el, mais cette fois de façon victorieuse, comme si les mots pouvaient permettre au toi » de rĂ©habiter le monde et de dĂ©passer la mort. Comme si les mots, le fait de chanter le toi » permettaient de donner un support, un socle, Ă ce qui sâavĂšrera au fil du texte une vĂ©ritable mĂ©tamorphose, une rĂ©surrection du toi », mort et absent, en toi », ressuscitĂ©, lumineux et prĂ©sent. Le texte poursuit un chemin initiatique, qui Ă travers un rituel, la reconnaissance dâun sacrifice inouĂŻ, celui de la mĂšre qui a donnĂ© sa vie pour ses enfants, permet la rĂ©appropriation du deuil qui sâouvrira sur une Ă©lĂ©vation. Le toi » est aussi un elle », ce elle » qui ouvre tout le recueil Elle Ă©tait plus Ă©veillĂ©e / que nous tous » E, 7. En outre, le texte rend compte dâune initiation Ă travers un syncrĂ©tisme de plusieurs spiritualitĂ©s. Cette notion dâĂ©veil, notion centrale, donne ainsi son titre au recueil. Elle dĂ©signe un Ă©tat de conscience supĂ©rieure dans de nombreuses religions et philosophies et peut apparaĂźtre comme lâaboutissement dâune voie spirituelle. Mais cette notion Ă©voque aussi traditionnellement une libĂ©ration totale de lâego et lâavĂšnement dâune nouvelle conscience unifiĂ©e avec lâunivers ou avec le divin. Paradoxale, puisque sâappliquant ici Ă une malade, une agonique ou Ă une morte, elle semble dĂ©signer un Ă©tat dâindividuation du moi qui transcende le moi personnel pour parvenir Ă un moi transpersonnel, un moi qui englobe les autres et en particulier les enfants pris ensemble dans le grand amour de la mĂšre. Un tel Ă©tat de conscience qui ne paraĂźt pouvoir ĂȘtre dĂ©fini par des mots, est pourtant exprimĂ© ici par le terme dâ Ă©veil », Ă©veil paradoxal au monde et Ă lâautre, aux autres aimĂ©s, avant de mourir, et par-delĂ la mort elle-mĂȘme. Ăveil du mourant comme du nouveau-nĂ©. Ce terme montre lâindividu sâouvrant Ă la connaissance spirituelle, au ravissement de lâĂąme, Ă un sentiment de communion ou une perception holistique de lâexistence. LâĂ©veil spirituel, tel quâil est dĂ©fini dans certains courants mystiques, reprĂ©sente dâailleurs lâaboutissement dâun cheminement. La mĂšre torturĂ©e, crucifiĂ©e, car il y a ici un trĂšs fort syncrĂ©tisme religieux tributaire tout aussi bien de la religion juive que de la religion chrĂ©tienne ou encore du bouddhisme, traverse une Ă©preuve physique et morale telle quâelle la conduit Ă lâĂ©mancipation radicale que reprĂ©sente lâĂ©veil spirituel. Une telle expĂ©rience, traditionnellement rĂ©putĂ©e bouleversante, est dĂ©crite dans diffĂ©rentes traditions religieuses comme une seconde naissance ». Lâindividu y dĂ©couvre sa vĂ©ritable nature, ainsi que des joies et des Ă©tats inaccessibles au commun des mortels. Il est important de noter cependant que la notion dâĂ©veil dĂ©borde le cadre religieux, le texte faisant Ă©tat dâune sacralitĂ© plus humaine que divine ou religieuse et soulignant la prĂ©sence du sacrĂ© dans lâimmanence mĂȘme dâune vie humaine bornĂ©e par la mort. Cette notion dâĂ©veil est dâailleurs souvent rapprochĂ©e du concept dâintuition tel quâil est proposĂ© par les philosophes, hors de toute notion de divinitĂ©. LâĂ©veil spirituel est dĂ©crit alors comme une vision directe du rĂ©el » caractĂ©risĂ©e par un sentiment dâĂ©ternitĂ©, une joie infinie, un Ă©merveillement devant la perfection intrinsĂšque de chaque chose, un sentiment de non-sĂ©paration entre sujet et objet, une dissolution du sentiment dâindividualitĂ© sĂ©parĂ©e et une communion avec toute chose et en particulier ici avec lâautre, les autres, les enfants aimĂ©s. Car, Ă©tonnamment, la mĂšre en train de mourir, la mĂšre morte nâest pas du cĂŽtĂ© de lâendormissement ou mĂȘme de la dormition, elle est dans la sursensibilitĂ©, elle est vivante Ă la lumiĂšre / de nos cris, Ă la croisĂ©e / de nos souffles » E, 17, elle renoue » les fils de la trame E, 13, câest-Ă -dire quâelle est lien, mĂ©moire et porositĂ© au monde. La mĂšre devient un Ă©lĂ©ment de totalitĂ©, un tout vivant aux mille articulations, un mouvement de pluralisation, pluriel interne de lâidentitĂ©. DâoĂč lâinfinitĂ© de la rĂ©ciprocitĂ© et de lâamour. Comme lâĂ©crit Hölderlin Ce qui manque Ă lâun / Je le prends Ă lâautre et jâanime / En liant » Ćuvres, 6925, câest ce qui se passe dans cette transmutation de la mĂšre, qui devient ce mouvement qui consiste Ă se mettre Ă la place de lâautre, Ă sâouvrir Ă lâamour des enfants. Ă partir dâune cĂ©sure, dâune faille centrale, de cette mort et de ce deuil, un mouvement double se crĂ©e vers le moi et vers lâautre, entraĂźnant un vĂ©ritable tremblement poĂ©tique qui fait vibrer sur place et relancer le rythme, mouvement oĂč le plus intime tu est dĂ©jĂ Ă©largi Ă la communautĂ© du nous » des enfants. La mĂšre ne se dĂ©finit plus par sa forme propre mais par la totalitĂ© des liens que son absence-prĂ©sence tisse avec les diffĂ©rents rĂšgnes du monde. Le deuil et la perte deviennent cette ligne dâintensitĂ©s et de retrouvailles. Le corps de la mĂšre, comme son esprit, se trouvent dans la puissance du continu, de lâinsĂ©paration. La mĂšre est dans la multiplicitĂ© intensive. Ătre composite, qui montre la vĂ©ritable nature des choses, les liens avec le cosmos, liens cosmiques de connivence la nuit nous nâavons pas dormiparce que ton absencesâest blottiecontre nouscomme un oiseau blessĂ©comme un oiseau ensanglantĂ© E, 33. 4Hölderlin Ă©crit Lorsque la poĂ©sie est vĂ©ritable, elle est lien, lien qui se resserre jusquâĂ devenir un tout vivant et profond aux mille articulations » Ćuvres, p. 692 et Il faut que les poĂštes qui sont nĂ©s de lâEsprit / Eux aussi soient liĂ©s au monde » Ćuvres, p. 865. Ainsi la MĂšre, dans la mort, enfante la poĂ©sie et fait du lien. Elle devient transmission. Le poĂšme de deuil, de ses mille bras entrelacĂ©s, permet un sentiment du tout-ensemble, de cette unitĂ© multiple qui relie intimement lâintuition du Tout. La mort, comme dâun marĂ©cage de vie, fait naĂźtre lâouvert Ă fond, la touffure », lâinfini des relations, la porositĂ© devenant la plus haute des qualitĂ©s. La mĂšre morte est traversĂ©e par des flux dâĂ©changes dâĂ©lĂ©ments de choses ou de choses Ă©lĂ©mentaires, elle bourgeonne, elle germine. Envahie en des proportions insoupçonnables, elle devient elle-mĂȘme la source dâinsistance entre le nous » et les choses, mĂ©diatrice, elle est la passeuse de vie et de mort, dâenfance et de mĂ©moire. AprĂšs toutes ces Ă©preuves du monstrueux, de lâinhumain, la mĂšre comme le fils-poĂšte se retrouvent comme au commencement du monde et le poĂšme peut alors sâĂ©crire, la crĂ©ation peut avoir lieu. 5Ainsi, comme tout chemin paradoxal, le chemin de la mĂšre, de la PiĂ©ta portant sur ses genoux le fils mort devient le chemin du fils, portant sur ses genoux la mĂšre morte. La statue de la mĂšre qui porte lâenfant devient celle de lâenfant qui porte la mĂšre. La PiĂ©ta ou Vierge de PitiĂ© reprĂ©sente la vierge Marie en Mater dolorosa, mĂšre pleurant son enfant quâelle tient sur ses genoux. Il nâest pas anodin, en effet, que le visage choisi pour illustrer la couverture du recueil soit celui de lâAnge de La Vierge aux rochers. Mais cette PiĂ©ta est ici rĂ©versible et devient celle du fils pleurant la mĂšre. Le passeur se passe de mĂšre en fils, elle est la passeuse, celle qui fait traverser de lâombre Ă la lumiĂšre, mais lui aussi est le passeur, qui fait passer la mĂšre vers la lumiĂšre. De mĂȘme le Visage, qui est visage mystique, sainte face, visage de Dieu est aussi celui de la mĂšre, le visage de celle-ci sâouvrant Ă tous les visages, aux visages de ses enfants par la grĂące de lâamour et de lâaccueil Qui porte mon visage / Est-ce moi ? Est-ce toi ? » E, 109. Le visage est Ă la fois mĂ©moire et instant. Lâapparition, lâĂ©piphanie du visage est celle du visage de la mĂšre comme la seule rencontre, rencontre qui est aussi celle avec la mort et avec lâAnge. Le visage est celui du sourire maternel, le rire dâun enfant, la minute suspendue de lâamour, lâĂ©vidence du don. Le temps est celui de la rencontre E, 75 sq. et câest cette rencontre qui Ćuvre pour la joie Chaque Ă©tincelle de prĂ©sence Ćuvre pour la joie » E, 101. Le visage est lâinconnu du monde, lâouvert au monde, visage aux sept nuĂ©es E, 110. Ce que je vois de la mĂšre, câest son visage. Câest Ă son visage que sâadresse la quĂȘte du fils, que se fixe le regard attentif. Le visage est visible. Mais dans le visible, le visage a un statut particulier. Il est irrĂ©ductible Ă une prise. Il rĂ©vĂšle, selon Levinas, le signe vers lâinvisible de la personne quâil donne Ă voir. Il nâest ni une image pure ni un concept dĂ©sincarnĂ©. Il est Ă la jointure du sensible et de lâinintelligible immĂ©diat. Il apparaĂźt au-dessus du corps. Il est donc Ă©piphanie, rĂ©vĂ©lation. Revenons Ă lâiconographie. Le recueil apparaĂźt avec ce visage sur la couverture comme un de ces cercueils ornĂ©s par un portrait du Fayoum. Le regard de lâange est tournĂ© vers nous et ne nous quitte pas, la particularitĂ© des visages du Fayoum Ă©tant prĂ©cisĂ©ment quâils sont comme en vie, Ă©veillĂ©s et quâils ne nous quittent pas du regard. Le visage de la mĂšre mourante interpelle le moi et met en question le quant-Ă -soi Ă©goĂŻste. La trace, câest lâau-delĂ , dâoĂč provient le visage. Elle signifie la trace de lâabsente, retirĂ©e, et dĂ©sormais inconnaissable. La trace fait signe vers un passĂ© irrĂ©versible. Elle constitue un au-delĂ de lâĂȘtre. Comme si aller vers Dieu consistait moins Ă aller vers Lui que vers la mĂšre, qui se tient dans sa trace. Dieu, ou plutĂŽt lâouverture au monde et Ă lâautre, sâannonce dans la mort de la mĂšre. 6Mais ce chemin en passe par lâodieux. Le texte ne se dĂ©robe pas au rĂ©el, mĂȘme si celui-ci est insupportable. Il fait ainsi Ă©tat dâune maladie qui a eu lieu, maladie supportĂ©e vaillamment et patiemment par le courage sans faille de la mĂšre. Cette maladie est dâabord Ă©voquĂ©e par le terme de chevet » qui implique une position allongĂ©e de la patiente, ses fidĂšles restant Ă son chevet pour la veiller E, 7. Les mĂ©decins E, 31, plutĂŽt obtus et indiffĂ©rents, font partie de cette panoplie dĂ©sespĂ©rante et dĂ©risoire de la malade aucun mĂ©decin nâa osĂ© / sâapprocher de ton malheur / [âŠ] / Aucun / nâa osĂ© renoncer / au facile narcissisme / de lâindiffĂ©rence », ainsi que la souffrance qui Ă©loigne la malade des autres humains et lâengage dĂ©jĂ dans un autre monde Du fond de la souffrance » E, 9, Entrevue au fond mĂȘme de sa douleur » E, 14. La douleur, dĂšs lors, surplombe le monde de la mĂšre E, 14 qui, malgrĂ© son courage, va finalement ĂȘtre obligĂ©e dâabdiquer et de cĂ©der, au moins par le sacrifice de son corps. 7Câest alors que la mĂšre, devant lâhorreur de la maladie et de la torture, aura la volontĂ© de changer sa souffrance en destin et de transmettre Ă ses enfants, dĂ©sormais sans peur, cette force surhumaine Nous sommes sans-peurNous sommes face Ă la mortDĂ©barrassĂ©s de nos insuffisancesDe nos incertitudes E, 13. 8La mĂšre est donc une torturĂ©e Les outils posĂ©s de la mort / Contre les potences de la perfusion E, 10 ». Elle est attachĂ©e Ă la potence de la mort, comme une condamnĂ©e, une martyre, une crucifiĂ©e, et câest aussi elle qui offre la libertĂ© aux rescapĂ©s, pour les dĂ©livrer tu nous dĂ©livrais / de toutes les prisons / du doute » E, 10. Elle livre bataille et elle nâest pas seule dans cette lutte puisque ses enfants lâaccompagnent dans cet ultime combat, qui sâavĂšre bien vain cependant Combattants illusoiresNous avons lancĂ© nos bataillonsDe rage et dâamour contre des ForcesQui se jouaient de nous E, 19. 9Les enfants comme la mĂšre restent les perdants qui ne peuvent quâentĂ©riner la fin et la perte inĂ©luctables Tu revenais / une derniĂšre fois / du fond de la souffrance » E, 9. Le mĂ©decin nâest lĂ que pour ĂȘtre le dernier » E, 7, celui qui enregistre lâagonie et la mort. La sĂ©paration est dĂ©sormais implacable et tout est signe dâune derniĂšre fois » E, 9 qui nĂ©cessite les adieux Nous tâavons dit Adieu / Lâun aprĂšs lâautre » E, 9. Le temps est celui dâun trop tard » E, 19 qui clĂŽt les issues Et se referme la porte / du Paradis » E, 14. LâĂȘtre cher nâa Ă©tĂ© retrouvĂ© que pour ĂȘtre perdu ta voix / perdue Ă jamais » E, 20. Il y a donc constatation dĂ©solante du scandale quâest la mort qui renvoie Ă lâabsurde, au non-ĂȘtre ou sur un plan plus mythique, comme pĂŽle contraire dâun Paradis dĂ©sormais inatteignable, la mĂšre fait signe fugitivement vers un Enfer gardĂ© par CerbĂšre E, 15, espace de lâombre Lâombre qui te hantait » E, 16, des fantĂŽmes et du froid » E, 16, Ton visage de marbre / Chambre froide » E, 15 ; espace de la douleur Sa main te reprendre / te ramener / vers lâEnfer de sa douleur » ; espace de la violence Contre des Forces qui se jouaient de nous » E, 19. 10Or quâest-ce quâune sacrifiĂ©e peut offrir comme obole Ă CerbĂšre sinon sa puretĂ© comme gage ? Le visage de lâange rĂ©vĂšle Ă la fois la puretĂ©, la patience, la rĂ©signation et la fermetĂ©. Câest paradoxalement par cette puretĂ© que la mĂšre pourra vaincre et donner un sens Ă la mort, car sa puretĂ© parvient mĂȘme Ă purifier et Ă redonner lâespoir Ă ceux qui lâentourent et qui lâaiment. Devant la mort, la seule force est celle de lâinnocence Simplement parce queLâinnocenceEst la seule mĂ©taphysiqueSimplement parce que lâinnocenceEst le dernier continent inexplorĂ© E, 11. 11Ainsi au premier matin des hommes » E, 13, la mĂšre apparaĂźt plus forte, plus belle, plus sĂ©duisante que la mort, comme si par un retournement, une rĂ©version des valeurs, le dernier matin Ă©tait redevenu le premier Comme au premier matin / De nos vies » E, 13. DĂšs lors, ceux qui entourent la mĂšre mourante, la mĂšre morte, demeurent eux-mĂȘmes purifiĂ©s par sa puretĂ© contagieuse. Câest aussi le sacrifice dâune innocente qui les purifie et les lave comme un baptĂȘme du premier matin du monde. La souffrance permet la rĂ©demption et le rachat non seulement de la mĂšre mais des enfants Nous voilĂ purifiĂ©s / Par lâenvergure de ton sacrifice E, 13 ». Le souvenir qui reste de la mĂšre est celui dâun visage pur » E, 15, dâune parfaite innocence / de [s]on cĆur » E, 22, dâune Ăąme de pure Ă©motion » E, 32. Ainsi lâenvergure et la puretĂ© du chant de la mĂšre, comme celles du chant du cygne qui, dans sa blancheur immaculĂ©e, chante en mourant, purifie les enfants E, 33 et leur permet lâaccession Ă un renouveau et Ă une aube pure » E, 38. 12Car celle qui meurt est aussi celle qui donne une ultime leçon de dignitĂ© et de puretĂ© Ă ses enfants. Elle est la guide, la protectrice qui, par delĂ les souffrances et la mort, continue de protĂ©ger et dâenseigner ses enfants. Comme dans le texte de Jaccottet intitulĂ© Leçons oĂč le mort enseigne au vivant, elle Murmure Ă notre oreille / La leçon des tĂ©nĂšbres » E, 38. Elle reste la gardienne de la mĂ©moire et de lâenfance Pour que tu gardes / Une part de notre enfance / Au pays des ombres » E, 28. Pour le poĂšte OrphĂ©e, elle devient Eurydice Lâombre aimĂ©e / Lâombre qui revient / Reprendre / Ce quâelle avait donnĂ© / Lâombre qui revient pour chacun de nous » E, 32. Elle est celle qui sait dĂ©sormais, qui connaĂźt le mystĂšre de la naissance et de la mort. Celle qui donne la vie et qui enseigne la mort Dans la Mort encore / Tu nous protĂšges ! » E, 37. Il y a une fois de plus retournement des valeurs. Câest la mĂšre qui protĂšge ses enfants, qui devraient eux parvenir Ă la protĂ©ger et qui restent en fait impuissants lĂ oĂč elle rĂ©ussit. La mĂšre lucide enseigne la luciditĂ©, la mĂšre pure enseigne la puretĂ©, la mĂšre courageuse enseigne le courage. La mĂšre vraie, authentique, enseigne la vĂ©ritĂ© par delĂ toutes les apparences, les illusions et les mensonges au delĂ / des symboles et des illusions / au-delĂ des masques et des mensonges » E, 13. 13Elle est la passeuse entre deux mondes et permet au secret de lâenfance partagĂ© de traverser le seuil et nous avons murmurĂ© / nos secrets Ă ton oreille / pour que tu emportes une part de nous » E, 9. Les enfants sont dans la main de la mĂšre qui, gĂ©ante bienveillante, dĂ©sormais peut les transporter par la force de lâesprit dans lâau-delĂ du monde connu nous voilĂ dans ta main / pour un voyage au-delà » E, 17. La mĂšre permet le passage entre deux mondes, elle qui a dĂ©jĂ franchi le pas, elle qui a Ă©tĂ© initiĂ©e tu avais franchi / depuis longtemps / la frontiĂšre » E, 9. Elle permet la traversĂ©e mais malheureusement cette traversĂ©e implique quand mĂȘme cette sĂ©paration des morts et des vivants. Vivants Ă qui le monde de la mort reste, malgrĂ© lâamour, Ă©tranger Nous voilĂ de lâautre cĂŽtĂ©Mais trop sommes Ă©trangersDans ce pays sans limitesNous sommes Ă©trangersdans ce pays sans lieux E, 19. 14Cette traversĂ©e Ă travers la membrane des mondes sera obligatoire au bout de tous nos chemins. Mais curieusement, cette mĂšre qui aborde la mort est tout lâinverse de la Parque puisquâau lieu de rompre le fil câest elle qui recoud tous les fils et le fils et les renoue Ă la trame de la vie. Non pas la Parque, mais Ariane E, 20, Judith E, 20, MĂ©lisande E, 20. Oiseau blessĂ©, Oiseau ensanglantĂ©, Oiseau sacrifiĂ© comme dans le conte de lâOiseau bleu E, 33, elle est aussi la fĂ©e marraine de Cendrillon Une fĂ©e dans les contes » E, 38, qui possĂšde les attributs magiques comme le manteau dâabsence et dâinvisibilitĂ© Le manteau magique / Je mâenveloppe de ton absence » E, 20. Câest la mĂšre qui coud les mots du poĂšme, qui recoud le monde et les mots et permet de continuer. 15 Ton absence renoue / Tous les fils de la trame » E, 17. Et nous rĂ©unit » E, 11. Câest la mĂšre qui recoud le fil et le cordon qui la lie Ă ses enfants Et nous voici recoususEt se referme la tramecomme une phraserenoue avec le message immĂ©morial E, 14. 16La morte crĂ©e du lien, fait lien vers ses enfants vivants, elle renoue avec ses enfants. Elle crĂ©e du lien et de la mĂ©moire Et nous voici liĂ©sPar le fil tĂ©nu de son destinPar le fil invisibleDe son histoire personnellePar le fil indicibleDes gĂ©nĂ©rationsPar le fil virtuelDe la prĂ©sence E, 15. 17La mĂšre a emportĂ© dans la mort lâamour de ses enfants et en Ă©change ses enfants ont gardĂ© son amour comme un viatique dans la vie. Câest peut-ĂȘtre pour cela que la mĂšre, qui est entre deux mondes, celui de la mort et celui de la vie, la mĂšre, qui est sur la frontiĂšre, est aussi la mĂšre qui rĂ©unit tous les contraires, elle fait le lien entre ce qui dâordinaire sâexclut, car elle allie tout en elle Au faĂźte du malheurTu Ă©tais encore la plus forteAu comble de la douleurTu Ă©tais encore la plus sĂ»reAu bout de ton parcoursTu Ă©tais encore la plus prĂ©sente E, 11. 18Elle est le nĆud qui permet aux contraires de coexister Tu es premiĂšre et ultimeTu es jeune et mouranteTu es enchaĂźnĂ©e et libreTu es inconnue et familiĂšre E, 11. 19Elle incarne le paradoxe mystique Il faut te perdre pour te retrouverIl faut te retrouver pour te perdre » E, 19. 20Elle est ainsi la quintessence de tout, ce qui porte Ă lâincandescence la beautĂ©, le bonheur, le secret, la mort, la force, le silence, la vĂ©ritĂ© Visage plus beau que le bonheur / Sur ton visage plus secret que la mort / Sur ton visage plus fort que le malheur / Plus vrai que le silence ». En elle se retrouve une SecrĂšte alchimie des contraires » E, 23, une sorte de tautologie de la vie et de la mort PrisonniĂšre et dĂ©livrĂ©e » E, 21, OĂč se fondaient les contraires » E, 22, Le corps et la disparition du corps / Le souffle et lâextinction du souffle / Le cri et le silence du cri » E, 23. 21La mĂšre est en effet le lieu dâune transformation qui amĂšne vers lâabsolu. Elle est devenue celle qui est capable par une forme de tĂ©lĂ©pathie, ou par un regard vivant par delĂ lâagonie et la mort, dâinitier ses enfants au sens, au mystĂšre de la vie et de la mort et de leur laisser comme viatique un mot de silence et des phrases essentielles et intĂ©rieures comme les clefs nĂ©cessaires Ă la poursuite de leur vie sans elle, ou diffĂ©remment accompagnĂ©s par elle nous dire sans un motque nous devions vivresans toi mais par toi E, 9 ; un cri ultimeune parole intĂ©rieuremais que nous avons dĂ©chiffrĂ©smieux que les priĂšresune langue intempestive et fugace qui a existĂ© le temps dâun regardle temps infini du regard E, 15. 22Câest par son visage quâelle parle une langue inconnue Une langue de signes secrets / Et imprononçables » E, 15. 23Nous pouvons alors parler de mĂ©tamorphose, de rĂ©surrection de la mĂšre dans un temps hors du temps qui permet les retrouvailles et le retour sur ton visage retrouvĂ© » E, 15, regarde-nous retrouvĂ©s » E, 37. Ces retrouvailles avec les enfants par delĂ les mondes et le temps, permettent lâĂ©piphanie, le couronnement Ă jamais E, 10 de la mĂšre dans des matiĂšres prĂ©cieuses et imputrescibles, lâor, le cristal. Le visage sur la couverture du livre devient alors celui de lâicĂŽne. Le visage est dĂ©sormais victorieux comme si la mĂšre avait traversĂ©, avait gagnĂ© sa derniĂšre bataille et elle est alors assimilĂ©e Ă une Ă©toile, ce qui ramĂšne Ă la fois Ă la judĂ©itĂ© et Ă lâĂ©ternitĂ©, Ă©ternitĂ© qui est passĂ©e dâabord par la poussiĂšre, le sang et la souffrance poussiĂšre dâĂ©toile, poussiĂšre dâor » E, 38, poussiĂšre magique » E, 38, sang dâĂ©toile » E, 21, Ă©toile de David », cette Ă©toile de fer plantĂ©e dans les veines de la mĂ©moire E, 38 voyage dĂ©sormais dâĂ©toile en Ă©toile, par delĂ la douleur dâune enfance et dâun peuple Sur lâenfance / Ton enfance au goĂ»t de pierre / Au goĂ»t de misĂšre partagĂ©e / Au cĆur de coquelicot arrachĂ© », pour finalement sâĂ©lever dans une ascĂšse alchimique tu avais trouvĂ© dans la glaise / de la condition terrestre / lâor de ton Ă©lĂ©vation » E, 10 et atteindre le Paradis Nous baignons un instant / Dans le Paradis / De ta main » E, 14. 24Enfin, et la boucle est bouclĂ©e, effaçant la mort, elle est celle qui donne la vie, celle qui donne naissance et Ă qui, en retour, le fils donne naissance. AprĂšs avoir portĂ© ses enfants dans la vie, elle est portĂ©e par ses enfants dans la mort et ils redonnent vie Ă la petite fille quâelle fut. Câest pour cela quâelle est plus Ă©veillĂ©e que tous, comme un enfant qui vient de naĂźtre et apporte le renouveau avec elle dans un regard dâĂ©merveillĂ©e. Elle fait par son regard naĂźtre tout autour dâelle Elle Ă©tait plus Ă©veillĂ©e que nous tous » E, 7, Et nous avons ouvert les yeux / pour une nouvelle naissance » E, 7, regarde-nous / de tes yeux dâĂ©veillĂ©e » E, 38, Et nous ouvrirons les yeux / Pour la premiĂšre fois E, 39 ». Le poĂšte, comme lâavait fait Yves Bonnefoy, donne naissance par le poĂšme Ă sa propre mĂšre. 25Ces yeux dâĂ©veillĂ©e permettent un nouvel enfantement pour une autre vie, dâenfanter et dâĂȘtre enfantĂ©e par ses propres enfants Et toi tu nous enfantais / pour une autre vie » E, 10, Nous sommes morts en toi / Pour que tu sois vivante en nous » E, 11, Et nous voici revenus / Au monde, et nous voici nĂ©s / Au monde Ă nouveau » E, 14. Le poĂšte voudrait devenir le pĂšre de sa mĂšre et, aprĂšs un premier Ă©chec, il y parvient Je nâai pas su devenir un pĂšre pour toi » E, 16, MĂšre vivante / Tu es pour toujours lâenfant de tes enfants » E, 17. Car la nativitĂ© est ronde et cyclique comme lâĂ©ternel retour de la vie Ronde nativitĂ© de ton cĆur » E, 22, Nous avons trouvĂ© la vie » E, 23, et les fils ont pu aussi naĂźtre de la mort de la mĂšre NaĂźtre de ta mort » E, 31, naissance Ă la fois spirituelle et profondĂ©ment charnelle, Annonciation dâune NativitĂ© particuliĂšre et versets de cette annonciation Ton ventre de femmeTon ventre de pomme et de framboiseTon ventre premier et ultimeJeune et mourant E, 35 Ton ventre blessĂ©Ton ventre ensanglantĂ©Nous enfante Ă nouveauNous enfante pour une autre vieNous enfante pour un voyage E, 35 Nous sommes nĂ©s de toiPour que tu renaisses en mĂšre, ma petite enfant ! E, 37 Câest comme si je te portaisEn moi E, 37Celuiqui aime a dĂ©jĂ franchi la mort S 89 (aucun de nos gestes, mĂȘme parmi les plus humbles et les plus effacĂ©s, nâest vain aux yeux du Seigneur) Heureux les hommes au coeur de chair W 100 (ces hommes au coeur de chair, ce sont les saints ce sont nos dĂ©funts, câest nous-mĂȘmes qui, chaque jour, essayons de rĂ©pondre Ă lâappel des Je suis absolument scandalisĂ©e. A aucun moment il nâa priĂ©, ni reconnu lâincroyable agonie traversĂ©e par notre pays en ce moment mĂȘme, particuliĂšrement pour les gens de couleur. Le diocĂšse de Washington se dĂ©solidarise entiĂšrement de ses paroles incendiaires ».Donald Trump a beau avoir franchi le mur de lâindĂ©cence depuis un long moment, il a rĂ©ussi une premiĂšre lundi se mettre Ă dos lâĂ©vĂȘque du diocĂšse Ă©piscopal de la capitale fĂ©dĂ©rale, responsable de lâĂglise de Saint John, situĂ©e de lâautre cĂŽtĂ© de Lafayette Square, Ă quelques encablures de la guerre contre les terroristes intĂ©rieurs »Mariann Edgar Budde nâa pas digĂ©rĂ© que le 45e prĂ©sident amĂ©ricain, sans doute celui qui a le moins fait semblant dâaimer les messes durant son mandat, fasse les gros yeux Ă lâAmĂ©rique une bible Ă la main aprĂšs avoir fait place nette au gaz lacrymo. Plus habituĂ© au format Playboy, dont il Ă©tait un grand fan, Trump semble dâailleurs ne pas savoir trop savoir comment sây prendre avec le petit livre. Mais lâhĂ©sitation est vite balayĂ©e par les intonations guerriĂšres Ă venir. Pour sa premiĂšre prise de parole officielle depuis le dĂ©but des manifestations qui ont suivi la mort de Georges Floyd, le prĂ©sident de la premiĂšre puissance mondiale a dĂ©cidĂ© de partir en croisade. Lâhommage Ă la victime ? ExpĂ©diĂ© en trois phrases, pour mieux se concentrer sur les Ă©meutiers, ces terroristes intĂ©rieurs », Ă qui il promet la potence ou presque. Les gouverneurs, enguirlandĂ©s un peu plus tĂŽt par tĂ©lĂ©phone [ Si vous ne les dominez pas, vous passerez pour une bande de cons »], en prennent aussi pour leur grade. Je suis prĂȘt Ă dĂ©ployer lâarmĂ©e amĂ©ricaine si une ville ou un Etat refusent de prendre les dispositions nĂ©cessaires pour protĂ©ger leurs concitoyens ».Dans les pas de NixonSept minutes dans le plus pur style nixonien, le thĂ©oricien rĂ©publicain de la doctrine de la loi et lâordre » contre la chienlit » des Ă©meutes raciales de 1967 et 1968, le verbe trumpien en plus. Nixon, qui nâa pas toujours respectĂ© les rĂšgles, est un enfant de chĆur Ă cĂŽtĂ© de Trump, prĂ©cise Romain Huret, historien des Etats-Unis et directeur dâĂ©tudes Ă lâEHESS. A lâĂ©poque, Il nây avait pas une polarisation si extrĂȘme dans la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine. LĂ , mĂȘme si la menace de brandir lâInsurecction Act [qui autorise lâarmĂ©e Ă intervenir sur le territoire national] est virtuelle, puisque les gouverneurs nâen veulent pas, et que la situation semble se calmer un peu, on a lâimpression que Trump repousse toutes les normes de lâacceptable dans une dĂ©mocratie ».Le milliardaire rĂ©publicain est-il en train de ficher en lâair toutes ses chances dâĂȘtre réélu en novembre aprĂšs avoir dĂ©jĂ donnĂ© une piĂštre image dans la gestion du Covid-19 ? Cela ressemble Ă une conjecture raisonnable, mais la comparaison avec Nixon, on y revient, oblige Ă quelques nuances. Alors que lâAmĂ©rique Ă©tait secouĂ©e par des contestations de toutes parts, notamment celle de la population afro-amĂ©ricaine, câest en jouant les gros durs que le serial loser des sixties avait dĂ©boulonnĂ© les dĂ©mocrates du pouvoir. On tente le parallĂšle avec Jean-Eric Branaa, maĂźtre de confĂ©rences Ă Paris II Assas et auteur de Et sâil gagnait encore ? Ed. VA Press. A la diffĂ©rence de Nixon, qui nâavait pas Ă se justifier de la rĂ©pression des manifestations puisquâil Ă©tait dans lâopposition, Trump est dĂ©jĂ au pouvoir. Mais comme Nixon, et encore plus comme Wallace Ă lâĂ©poque, dont il partage les maniĂšres, il se comporte comme celui qui veut renverser la table. En faisant le choix de ne parler que des Ă©meutes et pas de lâĂ©crasante majoritĂ© des manifestations pacifistes qui montrent quâon est loin de lâinsurrection, il fait le pari dâamener la fameuse majoritĂ© silencieuse apeurĂ©e Ă voter pour lui. Parce quâen ce qui concerne sa base, il nâa rien Ă craindre. »Soit 45 % dâAmĂ©ricains qui le suivront jusquâĂ lâextrĂȘme limite, voire au-delĂ , mĂȘme si leur champion devait se mettre Ă tirer sur la foule au milieu de la cinquiĂšme avenue », en avait dâailleurs plaisantĂ© lâintĂ©ressĂ© pendant la campagne de 2016, abasourdi lui-mĂȘme de bĂ©nĂ©ficier dâune telle indulgence malgrĂ© les dĂ©rapages en escadrille. Quatre ans plus tard, Trump a choisi de flatter les plus bas instincts de ses compatriotes effrayĂ©s par les pillages chez Macys sur la mĂȘme cinquiĂšme avenue, la plus riche du pays. Du sort de la communautĂ© noire, il nâen parle guĂšre depuis son arrivĂ©e au pouvoir, puisque cela ne lui rapporterait de toute façon pas grand-chose dans les urnes. Lors de la derniĂšre Ă©lection, 92 % des Afro-AmĂ©ricains avaient choisi Hillary Afro-AmĂ©ricains beaucoup plus touchĂ©s par la pandĂ©miePourtant, la pandĂ©mie de coronavirus, aux effets toujours ravageurs outre-Atlantique, a une fois de plus soulignĂ© la fracture raciale bĂ©ante aux Etats-Unis. La communautĂ© afro-amĂ©ricaine paye un lourd tribut Ă la maladie parce quâelle prĂ©sente des facteurs de comorbiditĂ© plus importants que le reste de la population, notamment lâobĂ©sitĂ©, avance Romain Huret. Et ce sont les mĂȘmes qui subissent les consĂ©quences Ă©conomiques, avec lâexplosion du chĂŽmage et la disparition de tout le secteur de lâĂ©conomie informelle ». Les statistiques montrent quâon a 2,5 fois plus de chances de mourir du Covid-19 quand on est issu de la minoritĂ© afro-amĂ©ricaine, alors quâun article du New York Times rĂ©vĂšle que dĂ©sormais, moins dâun homme noir adulte sur deux dispose dâun travail et de la couverture mĂ©dicale qui va avec. Entre 1968 et 2020, on est quelque part dans une continuitĂ©, car le problĂšme racial des Etats-Unis est Ă lâorigine mĂȘme de cette Nation, complĂšte Jean-Eric Branaa, Dans les annĂ©es 1960, câĂ©tait la grande bataille pour les droits civiques, qui a Ă©tĂ© remportĂ©e. Mais lâautre combat, celui de lâĂ©galitĂ©, de la lĂ©gitimitĂ©, est loin dâĂȘtre gagnĂ©. La crise sanitaire lâa montrĂ©. Et en plus de ça vient la mort de Floyd, oĂč encore une fois, les Noirs amĂ©ricains savent quâil ne se passera rien et que les policiers sâen sortiront, comme tant dâautres avant eux. La colĂšre est remontĂ©e Ă son plus haut niveau, et elle nâest pas prĂšs de sâĂ©teindre ».CritiquĂ© pour son confinement bien discret et la tiĂ©deur de sa campagne so far, Joe Biden, le candidat dĂ©mocrate Ă la Maison-Blanche, en a profitĂ© pour sortir du bois avec des mots forts. En fin de semaine derniĂšre, lâancien vice-prĂ©sident avait dĂ©jĂ Ă©voquĂ© le pĂ©chĂ© originel de ce pays », lâesclavage, qui entache toujours notre Nation aujourdâhui, une plaie ouverte dont aucun de nous ne peut se dĂ©tourner ». Mardi, pour sa premiĂšre apparition publique post-virus Ă Philadelphie, celui que Trump aime Ă surnommer Sleepy Joe », Joe lâendormi, sâest rĂ©vĂ©lĂ© Ă lui-mĂȘme selon une partie de la presse amĂ©ricaine dans un discours presidency is a big job. Nobody will get everything right. I wonât I promise you this I wonât traffic in fear and division or fan the flames of hate. I will seek to heal the racial wounds that have long plagued this country â not use them for political gain. Joe Biden JoeBiden June 2, 2020 Nous sommes en droit de penser que le prĂ©sident est plus prĂ©occupĂ© par le pouvoir que par les principes. Quâil est plus intĂ©ressĂ© par servir les passions de sa base que les besoins de ceux dont il est censĂ© sâoccuper. La prĂ©sidence est un sacrĂ© job. Personne ne fera jamais un sans-faute et ce ne sera pas mon cas non plus. Mais je vous promets une chose je ne pratiquerai pas la peur et la division. Je nâattiserai pas les flammes de la haine. Je mâefforcerai de soigner les blessures raciales qui sont depuis longtemps la plaie de ce pays, pas dâen jouer pour servir mes intĂ©rĂȘts politiques. Le moment est venu pour notre pays de sâattaquer au racisme institutionnel. »Biden brise la glaceUne promesse que dâautres ont faite avant lui, sans jamais y parvenir. Mais une promesse qui engage Biden pour de bon. Maintenant, il est obligĂ© dâagir, de donner Ă lâAmĂ©rique un projet de sociĂ©tĂ© postracial pour lâavenir, professe lâhistorien de Paris II. Sâil ne le fait pas, la jeunesse amĂ©ricaine qui a votĂ© Bernie Sanders aux primaires et qui manifeste aujourdâhui ne se rendra pas aux urnes, et il perdra ». Mobiliser toutes les catĂ©gories dâĂ©lecteurs supposĂ©es le soutenir sera le grand enjeu de novembre, confirme son collĂšgue de lâEHESS. Ce nâest pas si facile pour Biden, car Trump nâattend quâun faux pas pour le pousser du cĂŽtĂ© des gens qui cassent des vitrines Ă Manhattan. Je me garderais bien de faire un pronostic sur lâĂ©lection, mais beaucoup dâAmĂ©ricains se rendent compte que câest en train de dĂ©raper et quâun point de non-retour a Ă©tĂ© atteint sous la prĂ©sidence actuelle dans une dĂ©mocratie comme les Etats-Unis. La gestion erratique de la pandĂ©mie, lâabsence de considĂ©ration pour la vie humaine de cette administration, il y a un sentiment qui monte pour dire quâon est allĂ© trop loin ».Cela nâeffraie pas Donald Trump, retournĂ© Ă son usage maladif de Twitter pour expliquer sans trembler du menton mardi soir quâaucun prĂ©sident amĂ©ricain nâavait fait autant pour la communautĂ© afro-amĂ©ricaine depuis Abraham Lincoln ». Le maverick de Washington, qui aime dĂ©cidĂ©ment se vanter dâĂȘtre le premier en tout, pourrait prochainement faire tomber un record quâon pensait intouchable. Le sommet tant redoutĂ© des 24,5 % de chĂŽmeurs comptabilisĂ© aprĂšs la crise de 1929. Comment voulez-vous aller Ă une Ă©lection avec un chiffre pareil, aprĂšs avoir expliquĂ© que vous aviez la meilleure Ă©conomie du monde trois mois plus tĂŽt ? », sâinterroge Jean-Eric Branaa. On lui fait confiance pour trouver quand mĂȘme. Ăcoutezdes chansons intĂ©grales de Celui qui aime a dĂ©jĂ franchi la mort de Various Artists sur votre tĂ©lĂ©phone, ordinateur et systĂšme audio personnel avec Napster. Extrait de l'album « Musiques et chants pour les funĂ©railles » de Ensemble Vocal de la maison des Etudiants Catholiques de Lyon sur Napster Le deal Ă ne pas rater Cartes PokĂ©mon oĂč commander le coffret PokĂ©mon Go Collection ... ⏠Voir le deal Le Deal du moment Cartes PokĂ©mon Japon le display ... Voir le deal DOCTEUR ANGĂLIQUE FORUM CATHOLIQUE ThĂ©ologie catholique ⏠3 participantsAuteurMessageArnaud Dumouch Messages 91707Inscription 19/05/2005Sujet Pourquoi la Vierge Marie est-elle morte ? 6/5/2011, 2258 Pourquoi la Vierge Marie est-elle morte alors que, immaculĂ©e Conception, elle ne devait pas mourir ? C'est l'opinion de Jean-Paul II. Sa mort ne fut pas une simple dormition.Cette chanson de Nolween Leroy me semble en donner l'explication elle est morte de l'Ascension du Christ qui, pendant 12 ans, se cacha Ă elle pour ne plus venir que dans le silence de l' mort de Marie Conte d'Arnaud DumouchEn version Audio Ă©dition par Arnaud Dumouch le 6/5/2011, 2321, Ă©ditĂ© 2 fois Arnaud Dumouch Messages 91707Inscription 19/05/2005Sujet Re Pourquoi la Vierge Marie est-elle morte ? 6/5/2011, 2305 La mort de Marie Conte d'Arnaud Dumouch Le secret de Jean Ă compter du jour oĂč JĂ©sus est montĂ© au Ciel, aprĂšs sa rĂ©surrection, jâai vu Marie dĂ©cliner peu Ă peu. Elle devenait diaphane Ă mesure que la vie sâĂ©chappait dâ mâa demandĂ© de cĂ©lĂ©brer pour elle lâeucharistie. Je lâai fait chaque jour. Mais elle nâen a pas Ă©tĂ© la fin de sa vie, nous Ă©tions retirĂ©s Ă ĂphĂšse. Jâavais amĂ©nagĂ© dans sa maison une sainte Arche pour quâelle ne soit jamais sĂ©parĂ©e de la PrĂ©sence de son Fils, sous la forme du pain et du jour, elle mâa dit Je vais mourir, je crois. Jâaimais tant lâaimer... »- Mais, mĂšre, il est lĂ , dans lâ Oui, mon fils, mais je ne peux pas. Jâaimais trop lâaimer, je crois. Mon cĆur et mon corps souffrent trop. Nos Ăąmes, nos vies enlacĂ©es⊠»- Il ne vous a pas Oui, il ne mâa pas abandonnĂ©e⊠Câest malgrĂ© moi⊠Jâentends des chants anciens, des chĆurs Ă deux. Et aprĂšs je pleure. » Marie est vraiment morte[1]. Je lâai trouvĂ©e un matin, endormie dans sa chambre. Elle Ă©tait prĂšs du calice quâelle tenait contre elle. Je crois quâelle nâa pas survĂ©cu Ă lâabsence de celui qui Ă©tait prĂ©sent auprĂšs dâelle. Elle a Ă©tĂ© usĂ©e, je crois, par le mystĂšre de lâeucharistie. JĂ©sus y Ă©tait trop silencieux. » Le secret du ChĂ©rubin Je suis le chĂ©rubin chargĂ© de veiller sur le paradis terrestre GenĂšse 3, 24. Câest moi qui empĂȘche lâhomme dâapprocher de lâarbre de vie, afin quâil ne vive pas toujours sur cette terre. Mais il y avait une exception, sur ordre de Dieu. Une fillette virginale, Marie, Ă©tait chaque jour nourrie des fruits de cet arbre, directement par Dieu, par grĂące. Si bien quâaprĂšs environ soixante annĂ©es passĂ©es sur la terre, elle Ă©tait comme une jeune fille, de lâavis de tous ceux qui la voyaient[2]. Contemplant Marie, je pensais quâelle devait rester sur terre physiquement jusquâĂ la fin du monde pour accompagner lâĂglise avec lâeucharistie. Et pourtant elle est morte, douze ans aprĂšs JĂ©sus. Celle-lĂ devait vraiment aimer beaucoup et beaucoup souffrir pour mourir alors quâelle Ă©tait immortelle. » Le secret de JĂ©sus Marie, elle est pour la TrinitĂ© le jardin le plus prĂ©cieux de la crĂ©ation. Ă chaque seconde de sa vie elle a Ă©tĂ© façonnĂ©e, et jamais on ne verra crĂ©ature plus petite, plus humble, plus existe cependant un secret bien scellĂ©. Il le sera jusquâĂ la fin du monde. Il nây aura jamais de dogme sur ce point. Chacun verra ce fait un jour, mais uniquement de lâautre cĂŽtĂ© de cette voici Le jour de ma rĂ©surrection et les jours qui ont suivi, Marie ne mâa pas vu jour de mon ascension, elle Ă©tait lĂ . Mes ApĂŽtres mâont vu dans toute ma gloire, et elle seule parmi eux, ne mâa pas jour de la PentecĂŽte, une flamme a surmontĂ© son visage, mais elle nâa rien senti. Son esprit a Ă©tĂ© dans la nuit, qui ne lâa pas nâa pas Ă©mis une plainte, une protestation, se sachant indigne... Il fallait qu'elle passe par cette derniĂšre Ă©preuve. Si le grain de blĂ© ne meurt pas Ă tous ses dĂ©sirs, il reste seul. Et le trĂ©sor de Marie, c'Ă©tait moi ...Pour voir Dieu face Ă face, il faut avoir tout perdu. C'est le mystĂšre de la TrinitĂ©. Dieu ne peut se changer. Et, pas Ă pas, dans cette nuit, Marie a commencĂ© Ă accompagner mon Ăglise naissante, rapportant tous mes commandements, racontant Ă Luc mon enfance, Ă Jean les secrets les plus profonds. Elle Ă©tait prĂȘte Ă rester 1000 ans sur terre pour me plaire, sâil lâavait fallu. » Se sachant indigne » ! VoilĂ pourquoi mon PĂšre lâaime, Marie, la plus sainte des femmes, elle qui nâa jamais pĂ©chĂ© ⊠Lâange de la mortJe suis lâange gardien de Marie. Ă lâheure de sa mort, jâĂ©tais lĂ . Câest moi qui Ă©tais aussi prĂ©sent Ă lâagonie de GethsĂ©mani, pour son Fils, Dieu fait Homme. Marie nâa pas dĂ©sobĂ©i en mourant avant que son Fils ne vienne la chercher. Câest son Ăąme qui, brisĂ©e dans son trĂ©fonds, nâa pu maintenir plus longtemps son emprise sur ce corps. Son cĆur avait trop existe dans la Bible un cantique qui ne parle que du secret de cette nuit-lĂ 3, 1 Sur ma couche, la nuit, j'ai cherchĂ© celui que mon cĆur aime. Je l'ai cherchĂ©, mais ne l'ai pas trouvĂ© ! Je me lĂšverai donc, et parcourrai la ville. Dans les rues et sur les places, je chercherai celui que mon cĆur aime. Je l'ai cherchĂ©, mais ne l'ai pas trouvĂ© ! »Marie sâest juste levĂ©e avec trop dâeffort, et son corps nâa pas suivi son Ăąme. Son Ăąme sâest mise Ă chercher partout sur cette terre. Lorsquâelle mâa rencontrĂ©, moi le gardien de la vie, elle mâa dit Cantique 3, 3 Avez-vous vu celui que mon cĆur aime? »Je lui ai dit Cantique 1, 8 Si tu ignores oĂč il se trouve, ĂŽ la plus belle des femmes, suis les traces du troupeau, et mĂšne paĂźtre tes chevreaux prĂšs de la demeure des bergers. »Par cette phrase, je lui indiquais de prendre le chemin de tous les hommes Ă lâheure de leur mort. Marie est donc passĂ©e par le chemin que tous suivent. Elle a dĂ» rester quelques jours sur terre. Elle est retournĂ©e sur les lieux de lâĂvangile. Au Golgotha, tout Ă©tait comme au fameux Jour, ce jour oĂč son Ăąme avait Ă©tĂ© transpercĂ©e⊠Elle a visitĂ© chacun des ApĂŽtres, chacun des anciens, chacun des fidĂšles, lĂ oĂč ils Ă©taient. Pour chacun, elle avait un mot, une caresse. Câest ainsi que Thomas l'ApĂŽtre, mystĂ©rieusement prĂ©venu de sa mort par un songe, sâest mis rapidement en marche du lieu oĂč il Ă©tait vers ĂphĂšse. Il voulait la voir une derniĂšre fois. Elle lâavait tant soutenu dans ses doutes !Le troisiĂšme jour, je suis venu vers elle. Elle rĂ©pandait tant de simple tendresse auprĂšs de ceux quâelle visitait de son Ăąme, que je ne me lassais pas dâun tel spectacle. Je me suis dis que jâĂ©tais heureux dâavoir choisi Dieu au jour de ma crĂ©ation. Quelle Reine il me donnait !Ă mon invite, Marie a franchi le seuil qui ouvre sur lâautre monde. Et, comme tous, elle a dĂ», avant toute chose, croiser le chemin de lâAnge de Marie connaissait la nĂ©cessitĂ© de cette derniĂšre Ă©preuve. Elle en avait averti elle-mĂȘme saint Paul, qui en avait averti tous les chrĂ©tiens 2 Thessaloniciens 2, 1 Nous vous le demandons, frĂšres, Ă propos de la Parousie de notre Seigneur JĂ©sus Christ et de notre rassemblement auprĂšs de lui, ne vous laissez pas trop vite mettre hors de sens ni alarmer par des manifestations de l'Esprit, des paroles ou des lettres donnĂ©es comme venant de nous, et qui vous feraient penser que le jour du Seigneur est dĂ©jĂ lĂ . Que personne ne vous abuse d'aucune maniĂšre. Auparavant doit venir l'apostasie et se rĂ©vĂ©ler l'Homme impie, l'Ătre perdu, l'Adversaire, celui qui s'Ă©lĂšve au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu'Ă s'asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-mĂȘme comme Dieu. » Moi, Je suis Lucifer Moi, je suis Lucifer. JâĂ©tais donc lĂ , pour elle seule, sĂ»r de moi plus que jamais, ayant aiguisĂ© mes armes dĂ©cisives pour lâentraĂźner Ă jamais loin de Dieu. Puisquâelle avait rĂ©sistĂ© Ă la rĂ©volte au jour de la Croix, câest par la dĂ©sespĂ©rance que je me prĂ©parais Ă attaquer cette femme, sachant quâil nây a pas beaucoup de distance entre lâhumilitĂ© et le dĂ©sespoir. Mais, un certain doute subsistait il existe un tel chemin entre le dĂ©sespoir ce sentiment de dĂ©finitive perte et la dĂ©sespĂ©rance comme pĂ©chĂ© contre lâEsprit cette volontĂ©, libre, consciente, choisie de dĂ©finitive perte... Jâai donc pris la parole en regardant Marie droit dans les yeux Je suis Lucifer. Je suis lâange de la vĂ©ritĂ©, celui qui discerne les intentions du cĆur. Et jâai vu aujourdâhui une chose inĂ©dite, une chose quâon ne voit pas chez les amis de Dieu. Jâai cherchĂ© un exemple dans les Ăcritures. Il nây en a pas. A-t-on jamais vu un serviteur de Dieu devancer lâheure de sa mort ? Est-il permis de franchir les portes de la mort sans y ĂȘtre invitĂ© ? »Marie se tenait lĂ , debout devant moi. Elle contemplait face Ă face cette vĂ©ritĂ© que je lui assĂ©nais. Elle ne nia pas. Elle ne se dĂ©fendit pas. Elle ne se justifia elle murmura, dans la direction invisible de son Dieu quâelle attendait et quâelle ne voyait toujours pas Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir. Mais dis seulement une parole et je serai guĂ©rie. » Ce fut tout. Et je me dois de tĂ©moigner pour Marie, une seule fois, bien quâil mâen coĂ»te Cette crĂ©ature est dĂ©cidĂ©ment trop puissante elle transforme en humilitĂ© jusquâĂ lâamour extrĂȘme ! Je suis JĂ©sus Marie mâa en quelque sorte forcĂ© Ă revenir pour elle. Comme Joseph lâĂgyptien vis-Ă -vis de ses frĂšres GenĂšse 45, 1, je me tenais jusquâici dans lâobscuritĂ©, cachĂ©, mĂ©connaissable. Et je brĂ»lais de dĂ©chirer pour elle les voiles de cette eucharistie oĂč je me dissimulais. Jâattendais cependant, voulant la conduire plus loin encore sur ce chemin. Mais, lors de sa rencontre avec Lucifer, au spectacle de son Ăąme, de tant dâamour humble, je nâai pu me contenir devant tous les gens de ma suite et je me suis Ă©criĂ©, dĂ©chirant le ciel Je suis JĂ©sus ». Et personne ne put comprendre lâintensitĂ© de ce qui se passa pendant que je me faisais reconnaĂźtre de Marie. Et je pleurais tout haut, et tout le Ciel entendit, et la nouvelle parvint jusquâau palais de la TrinitĂ©. Et la TrinitĂ© ne put attendre plus longtemps. Sur son ordre, on cassa pour Marie toutes les rĂšgles. Les anges furent brusquĂ©s. Par leur action immĂ©diate, le prĂ©cieux corps de Marie fut littĂ©ralement Ă©vaporĂ© de la planĂšte Terre Ă travers la tombe que Jean venait de fermer. Il rejoignit son Ăąme sans plus attendre. Car ce jour-lĂ , la TrinitĂ© voulut habiter toute entiĂšre et face Ă face en Marie, et visiter sans obstacle ce jardin secret, dans sa plĂ©nitude, corps et entendit juste deux phrases, comme une colombe au creux du rocher, dites par la TrinitĂ© Je tâattendais. Je dĂ©sirais tant tâaimer. » Le secret de Thomas, ApĂŽtreJâai mis quatre jours pour rejoindre ĂphĂšse. Jâavais Ă©tĂ© averti en songe de la mort de Marie. Je voulais la voir, la remercier une derniĂšre fois. Lorsque je suis arrivĂ©, elle Ă©tait dĂ©jĂ en terre et les ApĂŽtres, qui avaient tous Ă©tĂ© avertis comme moi en songe par Marie elle-mĂȘme, me racontĂšrent sa mort, son corps vĂȘtu dâune robe blanche, son enterrement, et la joie de tous, Ă cause de la certitude de sa joie Ă elle Elle est avec son Dieu. Elle nâattendait que cela. »Mais je les suppliai tant et tant, je leur fis tellement de priĂšres, voulant voir une derniĂšre fois son visage, quâils acceptĂšrent de rouvrir pour moi sa tombe. Elle Ă©tait enterrĂ©e selon la coutume romaine, dans un sarcophage de calcaire et dans le ouvrit le sarcophage, il Ă©tait vide. La robe Ă©tait lĂ , comme affaissĂ©e, et les fleurs intactes. Mais le corps de Marie avait disparu. Jâai vu cela de mes yeux. Et cette fois, jâai cru. Je crois que Marie est au Ciel, avec son corps, dans la vision de Dieu. Et je crois quâelle ne cesse de nous visiter, un Ă un, sur terre et dans tous les purgatoires que nous traversons, comme au jour de sa mort, mais dans lâintĂ©gritĂ© de son Ă©dition par Arnaud Dumouch le 6/5/2011, 2321, Ă©ditĂ© 3 fois Arnaud Dumouch Messages 91707Inscription 19/05/2005Sujet Re Pourquoi la Vierge Marie est-elle morte ? 6/5/2011, 2309 EXPLICATION THĂOLOGIQUE DE CE SURPRENANT CONTE"Nul ne peut voir Dieu sans mourir". Cette phrase indique la nĂ©cessitĂ© de mourir Ă tout ce qui est un dĂ©sir profond, mĂȘme lĂ©gitime et noble, "pour voir Dieu".J'essaye d'expliquer pourquoi c'est le sommet de la mystique La cause de cela vient de la est, par essence, don absolu. Le PĂšre, dit saint Thomas, n'est que relation subsistante il n'existe qu'en relation avec le fils. Cela peut paraĂźtre trĂšs thĂ©orique. En fait cela signifie que la TrinitĂ© ne vit que dans une perpĂ©tuelle "mort Ă soi-mĂȘme" qui donne ce qu'on signifie habituellement et de maniĂšre maladroite car le mot ne va pas par l'HUMILITĂ en Dieu. Si Dieu est comme cela, la consĂ©quence immĂ©diate, c'est qu'il ne PEUT ĂTRE COMPRIS donc vu que par des gens qui sont comme cela. Et Dieu ne peut pas faire autrement. Le moindre retours sur soi, le moindre dĂ©sir individuel mĂȘme lĂ©gitime, mĂȘme liĂ© Ă la charitĂ© la plus sublime et on ne peut voir Dieu. Alors, pour prĂ©parer Ă tout homme un tel coeur puisque c'est indispensable, Dieu procĂšde de la maniĂšre suivante il retire tĂŽt ou tard Ă TOUTE PERSONNE ce qui constitue son Pour purifier l'avare, c'est facile Dieu lui retire sa cassette d'or. C'est pour lui une vraie nuit de l'esprit, trĂšs efficace pour le disposer au salut c'est la croix du mauvais larron.- Pour purifier sainte ThĂ©rĂšse de l'Enfant JĂ©sus dont le trĂ©sor est le Christ, Dieu lui retire le Christ d'oĂč sa terrible nuit de l'esprit jusqu'Ă sa mort._________________Arnaud InvitĂ©InvitĂ©Sujet Re Pourquoi la Vierge Marie est-elle morte ? 7/5/2011, 1041 J'aime cette explication thĂ©ologique titeyo Messages 209Inscription 07/02/2010Sujet Re Pourquoi la Vierge Marie est-elle morte ? 12/5/2011, 2308 Merci Arnaud Mister be Messages 17200Inscription 11/02/2011Sujet Re Pourquoi la Vierge Marie est-elle morte ? 27/5/2011, 1703 Heureux les coeurs purs car ils verront Dieu.Mt 5,8_________________Marcher selon l'Esprit de la lettre,c'est suivre un Judaisme sans messie ou un Christianisme sans racine?Moi j'ai choisi Juif pour les racines messianique pour son messie! InvitĂ©InvitĂ©Sujet Re Pourquoi la Vierge Marie est-elle morte ? 27/5/2011, 1724 Contenu sponsorisĂ©Sujet Re Pourquoi la Vierge Marie est-elle morte ? Pourquoi la Vierge Marie est-elle morte ? Page 1 sur 1 Sujets similaires» La Vierge Marie est elle morte ou s'est-elle juste endormie ? » Pourquoi Marie est-elle restĂ©e vierge?» Marie est-elle morte ou non, non de non ! ?» La dĂ©votion Ă la Vierge Marie est-elle biblique» Marie fut-elle vierge malgrĂ© son accouchement ?Permission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forumDOCTEUR ANGĂLIQUE FORUM CATHOLIQUE ThĂ©ologie catholique âŹSauter vers MourirĂ la guerre ou mourir dans un monastĂšre, la mort câest la mort. Il faut donc se tourner vers ceux qui meurent doucement pour saisir dans le regard de leurs yeux et la tendresse de leur visage que, pour tous, il nâexiste quâun seul acte de mourir, quâun seul passage, quâune seule frontiĂšre et quâun seul aprĂšs. LECTURES, PRIĂRES ET CHANTS POUR UN ENTERREMENT ObsĂšques Lectures Lectures bibliques Lectures non bibliques ObsĂšques PriĂšres PriĂšres universelles PriĂšres pour les obsĂšques PriĂšre obsĂšques d'un enfant ObsĂšques TĂ©moignages, discours TĂ©moignage pour la mort d'un proche HomĂ©lies ou discours pour les funĂ©railles ObsĂšques Chants et musique Chants pour les obsĂšques Musique de "requiem" Musique profane Liens CĂ©rĂ©monie des obsĂšques Images et vidĂ©os sur les obsĂšques Livret des obsĂšques Mort de sĆur Emmanuelle CĂ©rĂ©monie orthodoxe des obsĂšques PriĂšre jour des dĂ©funts PriĂšres pour les malades Sacrement des malades Sommaire prĂ©paration obsĂšques Sommaire obsĂšques Sommaire gĂ©nĂ©ral LECTURES POUR LES OBSEQUES 1. Lectures bibliques pour les obsĂšques Il y a un grand choix de textes. Voici quelques textes qui sont souvent utilisĂ©s. Saint Paul ApĂŽtre aux Thessaloniciens 1Thess 4,13-18 FrĂšres, nous ne voulons pas vous laisser dans l'ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n'ont pas d'espĂ©rance. JĂ©sus, nous le croyons, est mort et ressuscitĂ© ; de mĂȘme, nous le croyons, ceux qui se sont endormis, Dieu, Ă cause de JĂ©sus, les emmĂšnera avec son Fils. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur. Retenez ce que je viens de dire, et rĂ©confortez-vous les uns les autres. Psaume 4 R/ Garde mon Ăąme dans la paix, prĂšs de toi, Seigneur. Quand je crie, rĂ©ponds-moi, Dieu, ma justice ! Toi qui me libĂšres dans la dĂ©tresse, pitiĂ© pour moi, Ă©coute ma priĂšre ! Beaucoup demandent Qui nous fera voir le bonheur ? Sur nous, Seigneur, que s'illumine ton visage ! Dans la paix moi aussi, je me couche et je dors, car tu me donnes d'habiter, Seigneur, seul, dans la confiance; Ăvangile de JĂ©sus Christ selon saint Jean Jean, 14, 1-6 Ă l'heure oĂč JĂ©sus passait de ce monde Ă son PĂšre, il disait Ă ses disciples " Ne soyez donc pas bouleversĂ©s vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon PĂšre, beaucoup peuvent trouver leur demeure ; sinon, est-ce que je vous aurais dit "Je pars vous prĂ©parer une place ?" Quand je serai allĂ© vous la prĂ©parer, je reviendrai vous prendre avec moi ; et lĂ oĂč je suis, vous y serez aussi. Pour aller oĂč je m'en vais, vous savez le chemin." Thomas lui dit " Seigneur, nous ne savons mĂȘme pas oĂč tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? JĂ©sus lui rĂ©pond " Moi, je suis le Chemin, la VĂ©ritĂ© et la Vie ; personne ne va vers le PĂšre sans passer par moi. Sommaire prĂ©paration obsĂšques Sommaire obsĂšques Sommaire gĂ©nĂ©ral 2. Lectures d' Ă©crits non bibliques Lecture de textes non biblique -Textes profanes pour la cĂ©lĂ©bration. Les lectures d'Ă©crits non bibliques ne remplacent pas les lectures de la Bible. On peut les lire en plus C'est qui, Grand - MĂšre Des traces sur le sable PĂšre, entre tes mains, je remets ma vie Textes pour des temps de deuil et de mort PriĂšre indienne PoĂšme pour un enterrement Les pleurs ajoutent un charme au visage, Comme le fleuve au paysage ; L'orage rajeunit les fleurs. Charles Baudelaire copier PoĂšme pour un enterrement POUR UN NOUVEAU VOYAGE Quelqu'un meurt, Et c'est comme des pas Qui s'arrĂȘtent. Mais si c'Ă©tait un dĂ©part Pour un nouveau voyage... Quelqu'un meurt, Et c'est comme une porte Qui claque. Mais si c'Ă©tait un passage S'ouvrant sur d'autres paysages... Quelqu'un meurt, Et c'est comme un arbre Qui tombe. Mais si c'Ă©tait une graine Germant dans une terre nouvelle... Quelqu'un meurt, Et c'est comme un silence Qui hurle. Mais s'il nous aidait Ă entendre La fragile musique de la vie... BenoĂźt MARCHON UN GRAND AMOUR M' ATTEND Ce qui se passera de l'autre cĂŽtĂ© quand tout pour moi aura basculĂ© dans l'Ă©ternitĂ©... Je ne le sais pas ! Je crois, je crois seulement qu'un grand amour m'attend. Je sais pourtant qu'alors, pauvre et dĂ©pouillĂ©, je laisserai Dieu peser le poids de ma vie, mais ne pensez pas que je dĂ©sespĂšre. .. Non, je crois, je crois tellement qu'un grand amour m'attend. Si je meurs, ne pleurez pas, c'est un amour qui me prend paisiblement. Si j'ai peur... et pourquoi pas ? Rappelez-moi souvent, simplement, qu'un grand amour m'attend. Mon RĂ©dempteur va m'ouvrir la porte, de la joie, de sa lumiĂšre. Oui, PĂšre, voici que je viens vers toi. Comme un enfant, je viens me jeter dans ton amour, ton amour qui m'attend. UN VOILIER PASSE Je suis debout au bord de la plage Un voilier passe dans la brise du matin et part vers l'ocĂ©an. Il est la beautĂ© et la vie. Je le regarde jusqu'Ă ce qu'il disparaisse Ă l'horizon. Quelqu'un Ă mon cĂŽtĂ© dit Il est parti » Parti vers oĂč ? Parti de mon regard, c'est tout. Son mĂąt est toujours aussi haut Sa coque a toujours la force de porter sa charge humaine. Sa disparition totale de ma vue est en moi, pas en lui. Et au moment oĂč quelqu'un auprĂšs de moi dit Il est parti» Il y en a d'autres qui, le voyant poindre Ă l'horizon et venir vers eux, s'exclament avec joie Le voilà ». C'est cela la mort. William Blake TU ES VIVANT Tu ne parles plus mais tu es vivant. Tu ne bouges plus mais tu es vivant. Tu ne souris plus mais en arriĂšre de tes yeux tu me regardes. De trĂšs loin ? Peut ĂȘtre de trĂšs prĂšs, je ne sais rien de ces distances. Je ne sais plus rien de toi, mais tu sais maintenant davantage de choses sur moi. Tu es en Dieu. Je ne sais pas ce que cela peut vouloir dire mais sĂ»rement ce que tu voulais et ce que je veux pour toi. Je le crois. Toute ma foi, je la rassemble. Elle est maintenant mon seul lien avec toi. JĂ©sus, donne-moi de croire Ă ta victoire sur la mort Celui que j'aime veut entrer dans ta joie. S'il n'est pas prĂȘt, je te prie pour lui. AchĂšve sa prĂ©paration. Pardonne-lui comme tu sais pardonner. Aide-moi Ă vivre sans sa voix, sans ses yeux, Que je ne le déçoive pas maintenant qu'il va me voir vivre et m'attendre. AndrĂ© SĂšve 1. Exemples de priĂšre universelle pour des obsĂšques, des funĂ©railles - Pour xyz qui est entrĂ© dans la paix du Seigneur. Seigneur, nous te prions. O Seigneur en ce jour, Ă©coute nos priĂšres - yyy demeure en nos cĆurs, son sourire, sa force, son amour nous accompagnent pour toujours. Seigneur, nous te prions pour ceux qui souffrent seuls, sans famille et sans amis. O Seigneur en ce jour, Ă©coute nos priĂšres - Pour quâĂ travers lâĂ©preuve du deuil jaillisse la lumiĂšre de lâespĂ©rance. Seigneur, nous te prions. O Seigneur en ce jour, Ă©coute nos priĂšres - Pour tous ceux qui, touchĂ©s par la maladie, ĂągĂ©s, ou Ă lâautre bout du monde, participent par la pensĂ©e et leur priĂšre Ă cette cĂ©lĂ©bration. O Seigneur en ce jour, Ă©coute nos priĂšres 2. PriĂšres pour les obsĂšques, PriĂšres pour les morts PriĂšres pour les funĂ©railles des morts d'un accident , priĂšres pour la mort et l'enterrement d'un ami PriĂšre pour une maman - PriĂšre pour une maman dĂ©cĂ©dĂ©e qui nous manque beaucoup, PriĂšre pour une maman Ă la quelle on pense souvent - PriĂšre pour maman dont c'est l'anniversaire de la mort, PriĂšre pour maman qui disait ne prenez pas un air triste en pensant Ă moi PriĂšre pour un dĂ©cĂšs, pour un dĂ©funt PriĂšre pour un dĂ©cĂšs, pour un dĂ©funt PriĂšre pour un dĂ©cĂšs, veillĂ©e de priĂšre 3. PriĂšre pour les obsĂšques d'un enfant la mort d'un enfant Il n'est pas facile de faire une priĂšre pour les obsĂšques d'un enfant, pour la mort d'un enfant Seigneur, nous avons du mal Ă comprendre que l'on puisse mourir si jeune. Accorde Ă tous tes enfants de quitter cette terre en paix. TEMOIGNAGES ET HOMELIES POUR LES OBSEQUES 1. TĂ©moignages pour la mort d'un proche A l'occasion de la mort d'un enfant Rien qu'un petit mot pour te dire que l'on ne t'oubliera pas, que l'on se souvient toujours de tes cheveux blonds, de tes yeux bleus, de ton sourire radieux. Rien qu'un petit mot pour te demander de nous aider Ă surmonter les rudes Ă©preuves d'ici-bas. Pour te supplier de nous envoyer, du plus profond de ta victoire, ce petit morceau de bonheur, qui s'est perdu dans le labyrinthe de la haine. Rien qu'un petit mot pour t'implorer d' effacer les fissures les injures, les obstacles, les incomprĂ©hensions Pour te rappeler que l'on compte sur toi que l'on a besoin de ta force, de ta foi enfin, rien qu'un petit mot pour t'affirmer que l' on t'aime que le plus grand palais, que le plus pur rubis n'est, en comparaison, qu'Ă©phĂ©mĂšre beautĂ© Pierre Cocheteux Grand PĂšre vient de mourir Grand-pĂšre vient de mourir... Il n'Ă©tait pourtant pas si mai ! ... Nous aurions pu penser ĂȘtre prĂ©parĂ©s Ă cet Ă©vĂ©nement et pourtant sa mort nous bouleverse comme si elle n'avait dĂ» jamais se produire ! Il Ă©tait si bon ! Il comprenait tout ! Je sais que la mort d'un enfant apparaĂźt plus horrible, scandaleuse, ou celle d'une jeune maman... Mais, l'idĂ©e que la mort de Grand-pĂšre serait normale parce qu'il Ă©tait ĂągĂ© ça nous rĂ©volte. Peut-ĂȘtre est-ce vrai que notre machine, une fois usĂ©e, Nâa plus quâĂ sâarrĂȘter⊠Mais, Grand-pĂšre nâĂ©tait pas quâune machine CâĂ©tait Lui » Nous aurions voulu quâil vive mille ans ! La mort d'un parent 2. HomĂ©lies pour les funĂ©railles Discours pour les obsĂšques Que dire dans l'homĂ©lie ou le discours d'une cĂ©lĂ©bration prĂ©sidĂ©e par un laĂŻc ? Faire une homĂ©lie courte Ă partir de choses concrĂštes et particuliĂšrement Ă partir de l'Ă©change qui a eu lieu au moment de l'accueil Dire pourquoi la lecture et l'Ă©vangile ont Ă©tĂ© choisi et indiquer leur sens Expliquer la raison des intentions de priĂšres de la PriĂšre universelle Ăvoquer les circonstances du dĂ©cĂšs et donner le sens concret du deuil tel qu'il est vĂ©cu par la famille Faire allusion aux personnes qui viennent Ă la cĂ©rĂ©monie pour des raisons familiales ou amicales mais qui ne sont pas croyants 27 homĂ©lies pour des funĂ©railles HomĂ©lie pour un dĂ©part tragique SchĂ©ma d'homĂ©lie pour les funĂ©railles Sommaire prĂ©paration obsĂšques Sommaire obsĂšques Sommaire gĂ©nĂ©ral CHANTS POUR LES OBSEQUES 1. Chants pour les obsĂšques, pour un enterrement Chants pour un enterrement Chants pour les morts, Chants grĂ©goriens pour les morts In commemoratione omnium fidelium defunctorum Chant pour les morts, pour un enterrement Mon Dieu plus prĂšs de toi RĂ©pertoire de chants pour les obsĂšques chants et piĂšces dâorgue EntrĂ©e Psaumes PriĂšre universelle Communion Dernier adieu Chant final Chant pour un enterrement Sainte lumiĂšre LAD 736 / I 89 Chant pour un enterrement Victoire, tu rĂšgneras LAD 468 ex 437 / H 32 Chant pour un enterrement Sur le seuil de sa maison LAD 744 ex 530 / SL 41-1 LAD 745 ex 531 / SL 41-2 Chant pour un enterrement Celui qui aime a dĂ©jĂ franchi la mort CD de chants pour les funĂ©railles MUSIQUE POUR LES OBSEQUES 1. Musique de "requiem" Compact Disc Audio FunĂ©railles Requiem de Gounod Requiem de Saint Saens Requiem de Verdi "Libera me" Verdi, Requiem Libera me de Gabriel FaurĂ© Hector Berlioz Maurice DuruflĂ© Dies irae 2. Musique profane Il arrive frĂ©quemment que, Ă lâoccasion de funĂ©railles, des familles demandent la diffusion dâenregistrements de musiques et de chansons profanes. "CâĂ©tait la chanson prĂ©fĂ©rĂ©e de notre pĂšre" dit la famille en deuil. Le prĂȘtre, le diacre et/ou lâĂ©quipe de prĂ©paration rĂ©flĂ©chissent avec la famille Ă la convenance de telle musique et au moment de sa diffusion. LâentrĂ©e Le cercueil est au centre des regards lâĂ©vocation brĂšve de la vie du dĂ©funt peut sâamplifier par lâapport de sa "photo sonore", la musique quâil aimait. BĂ©nĂ©diction du corps On peut diffuser une musique, qui soit plutĂŽt une musique instrumentale adaptĂ©e. Sommaire prĂ©paration obsĂšques Sommaire obsĂšques Sommaire gĂ©nĂ©ral LIENS ENTRANTS obsĂšques lecture au de la cĂ©rĂ©monie conditions deuil malade malade pastorale sens textes cimetiĂšre - OBSEQUES LIVRET HTM Cliquez SaintThomas est un merveilleux compagnon du Christ, et il peut nous aider Ă vivre notre vocation de disciples. Le rĂ©cit le plus connu Ă propos de cet ApĂŽtre est celui de sa rencontre avec le Christ, Ă la fin du chapitre 20 de lâEvangile selon saint Jean, lorsque JĂ©sus lui dit : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans