CettesĂ©quence porte sur le thĂšme de la RĂ©volution française, et j’ai plein de choses Ă  vous mettre sous la dent 🙂. La pĂ©riode de la RĂ©volution française Ă©tant par ailleurs trĂšs riche en Ă©vĂ©nements, j’ai Ă©galement conçu une frise chronologique destinĂ©e Ă  aider mes Ă©lĂšves Ă  ne pas se perdre dans la chronologie des

Alors que la rĂ©volution faisait rage dans les annĂ©es 1790, les scientifiques français ont remplacĂ© un systĂšme chaotique de poids et de mesures par une mĂ©thode unifiĂ©e le systĂšme 8 sept. 2021, 1054 CESTMathĂ©maticien et auteur, le marquis de Condorcet 1743-1794 Ă©tait un aristocrate qui embrassa les premiers mouvements de la RĂ©volution française. Alors qu'il Ă©tait acculĂ© par les Jacobins pendant la Terreur - il faisait partie des modĂ©rĂ©s et Ă©tait opposĂ© Ă  la mise Ă  mort de Louis XVI - il Ă©crivit l'Esquisse pour un tableau historique du progrĂšs de l'esprit humain, exprimant sa foi en un avenir guidĂ© par la science et la raison. Deux jours aprĂšs son arrestation, il se suicida en prison pour Ă©viter de monter sur l'Ă©chafaud en place publique. Les idĂ©aux de Condorcet perdurent dans la maniĂšre dont la plupart des pays mesurent les choses c'est ce qu'on appelle le systĂšme mĂ©trique. Condorcet croyait qu'un systĂšme universel et standard permettrait aux gens de calculer leurs propres intĂ©rĂȘts, sans lesquels ils ne peuvent pas ĂȘtre vraiment Ă©gaux en droits... ni vraiment libres. » Un dĂ©tail d'une Ă©dition de 1794 du calendrier rĂ©publicain français, mettant en vedette une figure fĂ©minine mesurant le DE Bridgeman, AGE FotostockDE L'ORDRE DANS LE CHAOS Au moment de la RĂ©volution française en 1789, Paris Ă©tait la capitale mondiale de la science, dont les chefs de file, les savants, ont apportĂ© des contributions durables aux domaines de la physique, la chimie et la biologie. Dans ses premiers actes, la rĂ©volution a permis d'abolir les derniers vestiges de la fĂ©odalitĂ© en France. Elle a Ă©galement mis fin au droit de la noblesse de contrĂŽler les poids et mesures utilisĂ©s dans leurs fiefs. Comme ailleurs en Europe, les anciens poids et mesures trouvaient leur origine dans un systĂšme utilisĂ© par les Romains. Au cours des siĂšcles depuis la chute de Rome, il avait mutĂ© en une myriade de systĂšmes locaux Ă  travers la France. Les savants Ă©taient confrontĂ©s Ă  la rĂ©forme d'un patchwork de 800 unitĂ©s de mesure diffĂ©rentes, de la toise Ă  la lieue en passant par le quart et la pinte. Certaines mesures Ă©taient extrĂȘmement basiques dans le Bordeaux du dĂ©but du 18e siĂšcle, une unitĂ© de terre Ă©tait dĂ©finie par la portĂ©e de la voix d'un homme. Il y avait peu ou pas de standardisation Ă  Paris, une pinte Ă©quivalait Ă  0,93 litre ; Ă  Saint-Denis, elle Ă©quivalait 1,46 litre. Une aune, utilisĂ©e pour mesurer le tissu, Ă©tait basĂ©e sur la largeur des mĂ©tiers Ă  tisser locaux. Ce systĂšme chaotique Ă©tait sujet Ă  la fraude et Ă©touffait le commerce intĂ©rieur et extĂ©rieur. Une premiĂšre proposition fut d'imposer les mesures parisiennes au reste de la nation. Mais pour les savants, cette approche semblait une ligne de base arbitraire et non scientifique. Le diplomate Charles-Maurice de Talleyrand-PĂ©rigord proposa alors qu'une norme immuable fournisse l'unitĂ© de mesure de base, qu'il espĂ©rait ĂȘtre adoptĂ©e par d'autres nations pour harmoniser le commerce international. L'AssemblĂ©e nationale accepta et demanda Ă  l'AcadĂ©mie des sciences, dirigĂ©e par Condorcet, de former une commission pour dĂ©terminer une nouvelle unitĂ© de mesure de base. Le gouvernement rĂ©publicain promit au peuple de France une loi, un poids et une mesure », un objectif qui mit dix ans Ă  ĂȘtre approuvĂ© et plus encore Ă  ĂȘtre acceptĂ©. DU NEUF AVEC DU VIEUX Les savants ont finalement convenu que les diverses unitĂ©s de longueur, de masse et de volume du nouveau systĂšme seraient toutes liĂ©es les unes aux autres. Chacune pouvait ĂȘtre divisĂ©e et multipliĂ©e Ă  l'aide d'une Ă©chelle dĂ©cimale. Des citoyens utilisent les nouvelles mesures mĂ©triques dans ce dĂ©tail d'une gravure en couleur de 1795. MusĂ©e Carnavalet, ParisCette idĂ©e n'Ă©tait, en soi, pas nouvelle les systĂšmes basĂ©s sur les dĂ©cimales avaient Ă©tĂ© utilisĂ©s par les Romains, les Indiens et les Arabes. À partir du 14e siĂšcle, les progrĂšs Ă©conomiques et techniques ont rendu la quantification plus importante, ce qui a conduit Ă  utiliser des dĂ©cimales pour les fractions, une idĂ©e avancĂ©e par le mathĂ©maticien flamand Simon Stevin. Le concept de mesure universelle n'Ă©tait pas non plus nouveau, il avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© proposĂ© par l'Anglais John Wilkins en 1668. Wilkins proposa d'utiliser une infime partie de la circonfĂ©rence de la Terre comme norme pour mesurer les longueurs. La commission a arrĂȘtĂ© une courte liste d'unitĂ©s, dont la plus Ă©lĂ©mentaire Ă©tait le mĂštre du mot grec mĂ©tron pour mesure ». En 1790, l'AssemblĂ©e nationale et Louis XVI approuvĂšrent le nouveau systĂšme. DÉFINIR LE MÈTRE Le dĂ©fi de dĂ©finir la longueur du mĂštre a Ă©tĂ© relevĂ© par un groupe d'Ă©minents scientifiques Jean-Charles de Borda, Joseph-Louis Lagrange, Gaspard Monge, Pierre-Simon Laplace et Condorcet. AprĂšs quelques discussions, le groupe a adaptĂ© une idĂ©e proposĂ©e par Wilkins un siĂšcle auparavant un mĂštre Ă©quivaudrait Ă  un dix-millioniĂšme de la distance du pĂŽle Nord Ă  l'Ă©quateur. La distance serait calibrĂ©e en mesurant l'arc mĂ©ridien allant de Dunkerque, sur la cĂŽte nord de la France, via Paris, Ă  Barcelone. L'invention par Borda du cercle rĂ©pĂ©titif, un instrument d'arpentage plus prĂ©cis qu'un quadrant conventionnel, a rendu cette option plus souhaitable. Les astronomes Jean-Baptiste Delambre ci-dessus et Pierre MĂ©chain ont mesurĂ© le mĂ©ridien Dunkerque-Barcelone - sur lequel le nouveau systĂšme mĂ©trique repose. La prise en compte des montagnes dans leurs calculs a rendu leur travail encore plus difficile et la prĂ©cision de leurs rĂ©sultats d'autant plus DE AlbumEn 1792, les astronomes Jean-Baptiste Delambre et Pierre MĂ©chain commencĂšrent leurs mesures du mĂ©ridien. Le chimiste Antoine-Laurent Lavoisier qualifia ce voyage de mission la plus importante dont un homme ait jamais Ă©tĂ© chargĂ© ». AprĂšs plusieurs annĂ©es de travail, ils livrĂšrent leurs calculs des relevĂ©s satellites rĂ©cents ont permis de vĂ©rifier que leurs valeurs Ă©taient dĂ©calĂ©es, mais pas de beaucoup. PROMOUVOIR LE NOUVEAU SYSTÈME En 1795, les savants avaient utilisĂ© cette mesure comme fondement d'un tout nouveau systĂšme le mĂštre serait utilisĂ© pour la longueur, le gramme pour la masse et le litre pour le volume. Le systĂšme mĂ©trique a Ă©tĂ© officiellement adoptĂ© en France le 10 dĂ©cembre 1799. La mise en pratique de ce systĂšme fut plus longue. Beaucoup de gens prĂ©fĂ©raient garder leurs vieilles habitudes de mesure. En outre, en calculant les prix des marchandises sur la base du nouveau systĂšme, les vendeurs arrondissaient au chiffre supĂ©rieur, suscitant un peu plus la dĂ©fiance du grand public pour ce nouveau systĂšme. NapolĂ©on Bonaparte arriva au pouvoir en 1799. Il Ă©tait pour le moins rĂ©servĂ© quant au nouveau systĂšme mĂ©trique, le voyant comme un inutile tourment du peuple ». En 1812, alors que le commerce continuait de se faire avec les anciennes unitĂ©s de mesure, il introduisit les mesures usuelles, un compromis entre le systĂšme mĂ©trique et le systĂšme traditionnel. Il rallongea, par exemple, la toise traditionnelle d'environ 50 centimĂštres pour que la nouvelle toise Ă©quivale Ă  deux mĂštres dans le nouveau systĂšme mĂ©trique. AprĂšs la chute de NapolĂ©on au printemps 1814, les mesures usuelles ont continuĂ© d'ĂȘtre appliquĂ©es, mais les mesures traditionnelles d'avant la rĂ©volution sont revenues en force. Dans le mĂȘme temps, et en dĂ©pit des rĂ©sistances rencontrĂ©es dans le pays dans lequel il avait Ă©tĂ© inventĂ©, le systĂšme mĂ©trique a fait de nombreux adeptes dans d'autres pays. En 1820, Guillaume Ier d'Orange-Nassau fit du systĂšme mĂ©trique le systĂšme de mesure officiel aux Pays-Bas. Quand la Belgique prit son indĂ©pendance dix ans plus tard, elle conserva le nouveau systĂšme de mesure. Le Luxembourg Ă©tait Ă©galement passĂ© au systĂšme mĂ©trique. Une affiche en couleur produite en 1850, dĂ©taille les poids et mesures, les mĂštres, les kilos et les litres aux Ă©coliers 1837, dĂ©sireux de se prĂ©valoir de l'hĂ©ritage de la rĂ©volution française pour asseoir son rĂ©gime, le roi Louis Philippe Ier rĂ©voqua l'usage Ă  la fois des mesures traditionnelles et des mesures usuelles et rĂ©tablit le systĂšme mĂ©trique pour orienter le pays vers la modernisation. En fin de compte, ce ne sont pas les lois qui installĂšrent durablement le systĂšme mĂ©trique en France, mais la gĂ©nĂ©ralisation de l'Ă©ducation, de l'alphabĂ©tisation et de l'apprentissage des sciences et du commerce. Aujourd'hui, deux siĂšcles aprĂšs sa premiĂšre mise en Ɠuvre, seuls trois pays ont un systĂšme officiel non-mĂ©trique le Myanmar, le LibĂ©ria et les États-Unis. Cet article a initialement paru sur le site en langue anglaise.

IlĂ©tait une fois en AmĂ©rique Edition SpĂ©ciale. Sergio Leone (rĂ©alisateur) Avec Robert De Niro, James Woods, Elizabeth McGovern fnac+. Dans le ghetto juif new-yorkais des annĂ©es 20, deux adolescents, Noodle et Max Kowansky, sont Ă  la tĂȘte d'une bande de jeunes voyous qui se livrent Ă  de petits trafics en rĂȘvant de gloire et d'argent

Texte Notes Texte intĂ©gral 1 Bernard Bodinier et Éric Teyssier, L’évĂ©nement le plus important de la RĂ©volution. La vente des bi ... 2 Joseph Goy, Transmission successorale et paysannerie pendant la RĂ©volution française un grand ... 3 GĂ©rard BĂ©aur, Foncier et crĂ©dit dans les sociĂ©tĂ©s prĂ©industrielles des liens solides ou des ch ... 1Quoi de plus naturel que de parler de propriĂ©tĂ© lorsqu’on entend revenir sur les dynamiques Ă©conomiques de la RĂ©volution ? La RĂ©volution n’entendait-elle pas exalter, unifier et garantir le droit de propriĂ©tĂ© ? Quoique renvoyĂ© Ă  l’article 17 de la DĂ©claration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, ce droit n’avait-il pas Ă©tĂ© Ă©rigĂ© en droit inviolable et sacrĂ© ? Le Code civil ne paracheva-t-il pas l’application de ce principe universel ? La RĂ©volution n’est-elle pas censĂ©e avoir promu un droit de propriĂ©tĂ© absolu, destinĂ© Ă  se substituer aux superpositions de droit qui caractĂ©risaient le systĂšme de la propriĂ©tĂ© sous l’Ancien RĂ©gime ? Et ce n’est pas tout. En matiĂšre de propriĂ©tĂ©, l’Ɠuvre de la RĂ©volution ne se limita pas Ă  une telle remise Ă  plat des droits des propriĂ©taires. Les ventes de biens nationaux redistribuĂšrent en partie les propriĂ©tĂ©s fonciĂšres et les biens immobiliers avec l’impact que l’on connaĂźt, grĂące Ă  la longue suite de travaux qui aboutit finalement Ă  la synthĂšse, que nous qualifierions de dĂ©finitive, de Bernard Bodinier et Éric Teyssier1. La portĂ©e de cette opĂ©ration fut telle que la mise en vente de ces propriĂ©tĂ©s figure ainsi comme l’évĂ©nement le plus important de la RĂ©volution ». La RĂ©volution s’attaqua aussi aux questions de dĂ©volution de propriĂ©tĂ©, via l’hĂ©ritage, avec des rĂ©formes successives dont le point d’aboutissement fut le fameux Code civil qui fixa pour longtemps – et au-delĂ  de la France – les principes qui guident en particulier le rĂ©gime de la propriĂ©tĂ© et des successions2. Elle rĂ©ussit Ă©galement Ă  mettre sur pied un systĂšme d’enregistrement hypothĂ©caire qui obligeait les vendeurs Ă  purger les crĂ©ances qui pesaient sur leurs biens et Ă  transmettre ainsi ces derniers en offrant toute garantie Ă  l’acquĂ©reur, contrairement Ă  ce qui se pratiquait sous l’Ancien RĂ©gime3. Elle rĂ©forma le systĂšme du droit d’enregistrement, notamment en imposant les hĂ©ritages en ligne directe, en redĂ©finissant les modalitĂ©s de prise en compte des mutations de propriĂ©tĂ©, et en s’inspirant, il est vrai, des principes qui guidaient ces formalitĂ©s sous la monarchie. Elle s’attela Ă  la confection d’un cadastre parcellaire censĂ© couvrir l’ensemble du territoire français. Elle rĂ©gula le systĂšme de l’expropriation et inscrivit dans le marbre le principe de l’utilitĂ© publique
 2Pour rendre compte de cette Ɠuvre protĂ©iforme, il aurait fallu un colloque entier. DĂšs lors, les organisateurs ont sagement choisi de ne pas couvrir l’ensemble du champ des rĂ©formes et ruptures introduites par la RĂ©volution et l’Empire. Ils ont ainsi pris pour cibles quatre angles d’approche, en sachant qu’il y en avait d’autres. 3Le cadastre de l’an XI, sur lequel porte la contribution de Julien Vincent, n’est certainement pas le plus connu, mais c’est Ă  coup sĂ»r l’un des plus dĂ©criĂ©s, et cela sans doute parce que, globalement, il Ă©choua. À sa dĂ©charge, il fut loin d’ĂȘtre le seul. Quoi qu’il en soit, dans le cadre du grand chambardement foncier et fiscal dĂ©crĂ©tĂ© par les rĂ©volutionnaires, la construction de ce cadastre s’imposait. Non pas, comme le cadastre parcellaire, pour rĂ©gler la question des conflits de bornage entre les propriĂ©taires, ou pour confĂ©rer une lĂ©gitimitĂ© quelconque sur la possession d’une parcelle, mais avec un objectif essentiellement fiscal. Le besoin Ă©tait d’autant plus criant que l’impĂŽt, tel qu’il avait Ă©tĂ© dĂ©fini par la Constituante, Ă©tait essentiellement fondĂ© sur la propriĂ©tĂ© Ă  travers la contribution fonciĂšre. Il s’agissait d’asseoir l’imposition Ă©quitablement sur les propriĂ©taires pour la rendre plus acceptable. 4 Michel Vovelle, PropriĂ©tĂ© et exploitation dans quelques communes beauceronnes de la fin du xviii... 5 Florence Bourillon et Nadine Vivier dir., La mesure cadastrale. Estimer la valeur du foncier, Re ... 6 Il est vrai assorti de la liste des propriĂ©taires avec leurs dĂ©clarations de parcelles. 7 Mireille Touzery, L’invention de l’impĂŽt sur le revenu. La taille tarifĂ©e, 1715-1789, Paris, Comit ... 4DĂšs 1791, on avait tentĂ© de dresser des matrices et certaines communes s’y attelĂšrent effectivement. Nous en avons encore la trace, et Michel Vovelle les avait Ă©tudiĂ©es autrefois en Beauce4. Cependant, Ă©cartons d’emblĂ©e l’idĂ©e que cette crĂ©ation avait quoi que ce soit d’original. Certains États avaient en effet dressĂ© un tel cadastre depuis belle lurette, Ă  savoir les États italiens Milan par exemple, et plus largement les pays placĂ©s sous la domination des Habsbourg ou, plus prĂšs de nous, le PiĂ©mont – donc la Savoie –, de mĂȘme que l’Espagne le fameux cadastre d’Ensenada ou encore la BaviĂšre5. Il s’agissait gĂ©nĂ©ralement de cadastres parcellaires. Or, ici, c’est d’un cadastre par masses de cultures6 dont il Ă©tait question. Mais, une fois encore, ce choix ne relevait en aucune façon d’une dĂ©marche originale. Le cadastre de Bertier de Sauvigny Ă©tudiĂ© par Mireille Touzery7 avait un caractĂšre expĂ©rimental Ă  l’échelle de la gĂ©nĂ©ralitĂ© de Paris et il reposait sur le mĂȘme principe. 8 Robert Schnerb, La pĂ©rĂ©quation fiscale de l’AssemblĂ©e constituante, 1790-1791, Clermont-Ferrand, I ... 5Faute d’un cadastre gĂ©nĂ©ral qui aurait permis de taxer Ă©quitablement tous les propriĂ©taires Ă  l’échelle nationale, le cadastre de l’an XI se positionnait au niveau local. On avait renoncĂ©, en effet, Ă  ce cadastre gĂ©nĂ©ral, impossible Ă  construire Ă  brĂšve Ă©chĂ©ance. Compte tenu de l’urgence, on avait assis la taxe fonciĂšre sur un bricolage hardi effectuĂ© Ă  partir des impositions d’Ancie RĂ©gime. Ce procĂ©dĂ©, assez fruste au demeurant, avait abouti Ă  des inĂ©galitĂ©s criantes entre les dĂ©partements, comme l’a montrĂ© Robert Schnerb8, et laissait en outre de cĂŽtĂ© le problĂšme de la ventilation de la contribution au niveau de la commune. 6La dĂ©cision de privilĂ©gier la rĂ©partition par masses de cultures et de tenter une pĂ©rĂ©quation sur cette base assortie des dĂ©clarations des intĂ©ressĂ©s s’imposa pour deux raisons d’une part parce qu’elle Ă©tait moins difficile Ă  mettre en Ɠuvre et moins coĂ»teuse, d’autre part car elle Ă©tait sans doute moins irritante pour les propriĂ©taires, dĂ©jĂ  d’emblĂ©e braquĂ©s contre l’intrusion des arpenteurs, soupçonnĂ©s Ă  juste titre d’avoir des arriĂšre-pensĂ©es fiscales. Telle qu’elle fut conçue, elle marqua donc une avancĂ©e dans l’élaboration d’un cadastre parcellaire, bien qu’elle achoppĂąt sur les rĂ©ticences, atermoiements et oppositions des contribuables. 9 Lionel Latty, La loi du 21 avril 1810 et le Conseil gĂ©nĂ©ral des mines avant 1866. Les procĂšs-ver ... 7Le questionnement auquel procĂšde Thomas Le Roux sur le droit minier revient sur la loi de 1810, qui dĂ©finit durablement les rĂšgles Ă©tablies en plusieurs temps par la RĂ©volution en ce qui concerne prĂ©cisĂ©ment le rĂ©gime juridique et l’exploitation des mines. Au nom de l’efficacitĂ©, cette loi tranchait en faveur de concessions consenties par l’État Ă  des sociĂ©tĂ©s jugĂ©es les mieux Ă  mĂȘme de mettre en valeur les mines. Elle accordait la propriĂ©tĂ© perpĂ©tuelle du trĂ©fonds Ă  ces cessionnaires, y compris le droit de le transmettre, avec la bĂ©nĂ©diction de l’État et sous son contrĂŽle9. Quatre observations peuvent ĂȘtre faites. 8PremiĂšrement, cette loi reprenait – et systĂ©matisait, d’une certaine maniĂšre – les dispositions Ă©tablies dans le cadre de la loi de 1744, qui se situait elle-mĂȘme clairement dans le prolongement de maintes dĂ©cisions prises antĂ©rieurement par la monarchie. L’Ancien RĂ©gime s’était, en effet, dĂ©jĂ  emparĂ© de cette question, passant outre les droits des propriĂ©taires fonciers sur leurs biens, et pour la mĂȘme raison une mise en exploitation plus efficace, avec des moyens techniques et financiers suffisants, qui ne se bornerait pas Ă  une exploitation superficielle et extensive, telle qu’elle Ă©tait pratiquĂ©e ordinairement par les propriĂ©taires du fonds. 10 Marcel Rouff, Les mines de charbon en France au xviiie siĂšcle, 1744-1791. Étude d’histoire Ă©conomi ... 9DeuxiĂšmement, cette loi promulguĂ©e sous l’Empire permettait de rompre en partie avec les dispositions prises par la Constituante10. Au terme de vingt annĂ©es d’atermoiements et de quatre annĂ©es de dĂ©bats, le texte arbitrait, Ă  tout prendre, Ă  rebours de la loi de 1791 qui entendait mĂ©nager le droit de propriĂ©tĂ© des dĂ©tenteurs du fonds et concilier ce droit avec la souverainetĂ© de la nation. En accordant la libre disposition des mines Ă  l’État, devenu propriĂ©taire de fait, elle s’inscrivait largement en contradiction avec le droit de propriĂ©tĂ© absolu proclamĂ© par la DĂ©claration des droits que les propriĂ©taires du fonds Ă©taient censĂ©s dĂ©tenir sur la chose. 10La troisiĂšme remarque part du constat que non seulement l’État procĂ©dait au dĂ©doublement de la propriĂ©tĂ© du sol et du sous-sol, mais s’arrogeait Ă©galement le droit de concĂ©der la mine pour une durĂ©e illimitĂ©e Ă  des sociĂ©tĂ©s concessionnaires, qui en devenaient ainsi des quasi-propriĂ©taires, au lieu de dĂ©tenir, comme sous l’Ancien RĂ©gime, ce qui s’apparentait Ă  un simple bail Ă  long terme. À partir du moment oĂč l’État octroyait un droit perpĂ©tuel et transmissible sur les mines tout en percevant une redevance et oĂč il gardait un droit de regard sur leur gestion Ă  travers le Conseil gĂ©nĂ©ral des mines, on peut admettre que tout se passait comme s’il conservait la propriĂ©tĂ© Ă©minente du sous-sol. 11La quatriĂšme remarque dĂ©coule de ce constat. En distinguant trois formes de propriĂ©tĂ© sur le mĂȘme bien le sol, le sous-sol et la mine elle-mĂȘme, on pourrait dire que la loi de 1810 reprĂ©sentait une entorse aux principes de 1789, rĂ©solument rĂ©fractaires Ă  l’égard de toute superposition de droits. En fait, le rĂ©gime ainsi instaurĂ© Ă©tait le fruit d’un compromis laborieux destinĂ© Ă  permettre Ă  l’État d’exercer ses droits rĂ©galiens et de promouvoir une meilleure exploitation. La concession Ă©tait ainsi une forme d’emphytĂ©ose, ce qui ne contrevenait en rien aux principes Ă©rigĂ©s par les rĂ©volutionnaires. Ceux-ci n’avaient jamais remis en cause ce type de contrat, si l’on met entre parenthĂšses le fait que les Constituants avaient banni l’idĂ©e mĂȘme de perpĂ©tuitĂ©. On comprend que la nouvelle loi se situait cependant dans la continuitĂ© de celle qui avait Ă©tĂ© votĂ©e un mois plus tĂŽt sur le principe de l’expropriation, pour des raisons qui tenaient Ă  l’utilitĂ© publique, et qui mĂ©nageait la possibilitĂ© de dĂ©choir les sociĂ©tĂ©s des droits qui leur avaient Ă©tĂ© accordĂ©s. 12Hannah Callaway revient sur les comportements des propriĂ©taires pris dans la tourmente d’évĂ©nements singuliers et qui se retrouvĂšrent souvent en position de vendeurs involontaires, en raison des confiscations prononcĂ©es Ă  la suite de leur Ă©migration, voire sans avoir Ă©migrĂ©. Les stratĂ©gies des familles parisiennes confrontĂ©es Ă  de telles mesures sont ainsi scrutĂ©es Ă  la loupe Ă  partir de deux cas particuliers. Nous voudrions ici rappeler le contexte dans lequel s’inscrivent ces situations individuelles particuliĂšrement compliquĂ©es. 11 G. BĂ©aur, RĂ©volution et transmission de la propriĂ©tĂ© le marchĂ© foncier ordinaire Lizy-sur-Our ... 12 Jean Sentou, La fortune immobiliĂšre des Toulousains et la RĂ©volution française, Paris, BibliothĂšqu ... 13Il faut d’emblĂ©e rappeler que le marchĂ© gĂ©nĂ©rĂ© par les ventes de biens nationaux, a fortiori celles de seconde origine, ne constitue qu’une partie fort minoritaire de l’activitĂ© fonciĂšre et immobiliĂšre. Ce que nous avons appelĂ© le marchĂ© ordinaire11 » continue en effet d’accaparer une bonne partie des mouvements de propriĂ©tĂ©, comme l’avait montrĂ© autrefois Jean Sentou pour Toulouse12. Ceci ne signifie nullement que ce marchĂ© extraordinaire n’ait pas eu d’importance, surtout en ville, ni que la remise en circulation forcĂ©e de biens qui circulaient plutĂŽt lentement n’ait pas changĂ© la donne. 13 G. BĂ©aur, L’immobilier et la RĂ©volution. MarchĂ© de la pierre et mutations urbaines 1770-1810, Pa ... 14En premier lieu, la localisation privilĂ©giĂ©e des terrains des institutions religieuses et des hĂŽtels aristocratiques en faisait des enjeux cruciaux sur le plan de l’urbanisme. Le cas de Saint-Étienne est exemplaire, tant la ville Ă©tait corsetĂ©e et entravĂ©e jusque-lĂ  dans son dĂ©veloppement par les biens considĂ©rables des communautĂ©s ecclĂ©siastiques avant que leur mise en vente ne libĂšre des espaces constructibles13. 14 Ibid. 15En second lieu, si l’orientation du marchĂ© immobilier n’est pas rĂ©ellement connue pour Paris, elle l’est en revanche davantage pour Aix-en-Provence, voire pour La Rochelle14. Ce qui est certain, c’est que le dĂ©part des grandes familles, ici les parlementaires aixois, a tuĂ© le marchĂ©. Le prix des immeubles s’est effondrĂ© par cet afflux de biens sans doute nĂ©gociĂ©s au plus mal, mal entretenus pendant ces annĂ©es et privĂ©s des acheteurs potentiels capables d’offrir des sommes Ă©levĂ©es pour les acquĂ©rir. PrivĂ©es de ce capital, les grandes familles parisiennes ont dĂ» faire face – aussi bien celles qui mettaient en location des habitations que celles qui possĂ©daient des terres, surtout, puisque l’une de leurs principales sources de revenus avait disparu. Et cela, mĂȘme si l’on peut se dire, cyniquement, que celles qui disposaient d’un hĂŽtel particulier perdirent une source de dĂ©penses ! C’est prĂ©cisĂ©ment les dispositifs mis en place, non seulement pour Ă©viter la confiscation mais aussi pour reconvertir leurs capitaux lorsqu’ils parvenaient Ă  vendre avant l’émigration, voire une fois Ă©migrĂ©s, qui sont au cƓur de cette communication. 15 Ibid. 16On sait que l’utilisation des prĂȘte-noms, les donations, les ventes fictives et les dettes fictives ont Ă©tĂ© monnaie courante pour prĂ©server le patrimoine. Si nous ne savons cependant rien des prix pratiquĂ©s ni des acquĂ©reurs, qui seraient sans doute les uns et les autres accessibles dans les actes civils publics, il est toutefois probable que la valeur des immeubles a plongĂ©, et cela pour deux raisons. D’une part, on peut supposer que, Ă  l’instar des familles juives contraintes de s’enfuir dans la France occupĂ©e, elles ont probablement nĂ©gociĂ© au plus juste l’aliĂ©nation de leurs propriĂ©tĂ©s, quand elles ont pu se dĂ©sengager. D’autre part, beaucoup d’acheteurs potentiels n’étaient plus en capacitĂ© de nĂ©gocier l’acquisition au mĂȘme prix que prĂ©cĂ©demment. Le dĂ©part des reprĂ©sentants des grandes familles a tari les sources de revenus de la plupart des habitants, Ă  commencer par tous ces fournisseurs Ă©tudiĂ©s par Natacha Coquery, qui vivaient plutĂŽt bien dans leurs boutiques grĂące au train de vie parfois exubĂ©rant de l’aristocratie. Ce n’est pas un hasard si Aix a perdu le quart de ses habitants, alors que la plupart de ces partants n’étaient pas des Ă©migrĂ©s15. 16 G. BĂ©aur, La noblesse et l’immobilier le cas d’Aix-en-Provence entre 1770 et 1810 », dans Clau ... 17Que pouvait faire de son argent cette population aisĂ©e lorsqu’elle Ă©chappait Ă  la confiscation pure et simple et se rĂ©solvait Ă  vendre ? Soit – cas rare – rĂ©investir dans d’autres propriĂ©tĂ©s, soit mobiliser le capital pour d’autres formes de placements ou pour s’en servir afin de faire face aux dĂ©penses courantes. Ainsi se poursuivait un processus, largement amorcĂ© Ă  la fin de l’Ancien RĂ©gime, Ă  la fois de dĂ©sengagement subi pour maintenir un train de vie dispendieux gĂ©nĂ©rateur d’endettement et de lente mais inexorable reconversion des fortunes immobiliĂšres vers d’autres investissements16. 17 AndrĂ© Lespagnol, Messieurs de Saint-Malo. Une Ă©lite nĂ©gociante au temps de Louis XIV, Rennes, PUR, ... 18 G. BĂ©aur, RĂ©volution et redistribution des richesses dans les campagnes mythe ou rĂ©alitĂ© ? », ... 18C’est du cĂŽtĂ© de la bourgeoisie marchande des ports bretons et de leurs stratĂ©gies d’acquisitions fonciĂšres et immobiliĂšres que nous entraĂźne Karine Audran. On sait que les familles nĂ©gociantes, Ă  Nantes rue de la Fosse, Ă  Bordeaux, Ă  Saint-Malo comme Ă  La Rochelle17, faisaient construire ou achetaient de belles demeures ou des hĂŽtels particuliers au cƓur de leur ville, et qu’ainsi, par ricochet, transitaient sur le marchĂ© des habitations somptueuses qui leur Ă©taient destinĂ©es. Pas Ă  tous, loin de lĂ , en effet. Certaines propriĂ©tĂ©s Ă©taient encore hors de portĂ©e de beaucoup de marchands, mĂȘme les plus aisĂ©s, car il n’y avait pas de commune mesure entre le niveau de fortune de la plupart d’entre eux et celui que pouvaient afficher les membres des grandes fortunes aristocratiques. Seuls les plus opulents des armateurs pouvaient s’en approcher alors qu’ils glissaient doucement vers l’anoblissement. Or, ces propriĂ©tĂ©s inaccessibles Ă©taient prĂ©cisĂ©ment offertes dĂ©sormais Ă  la convoitise de cette bourgeoisie, Ă  des conditions gĂ©nĂ©ralement avantageuses, de surcroĂźt, surtout pour les biens de seconde origine ; les acquĂ©reurs pouvaient dĂšs lors profiter Ă©galement du dĂ©sĂ©quilibre nĂ© de cet afflux de biens sur le marchĂ©. Ces propriĂ©tĂ©s Ă©taient d’autant plus attrayantes que le paiement comptant comme le solde rĂ©glable Ă  crĂ©dit devaient avoir lieu en assignats destinĂ©s Ă  se dĂ©prĂ©cier18. 19 Gilles Postel-Vinay, La Terre et l’argent. L’agriculture et le crĂ©dit en France du xviiie au dĂ©but ... 19En compensation, il est vrai, la crise du commerce maritime pĂ©nalisait terriblement le monde de la marchandise et devait inciter les acteurs Ă  reconvertir leurs avoirs vers des placements plus rĂ©munĂ©rateurs et moins risquĂ©s. Mais lesquels ? La fourniture aux armĂ©es pour ceux qui le pouvaient ? Les prĂȘts d’État, mĂȘme si le gouvernement impĂ©cunieux n’encourageait guĂšre Ă  aller dans ce sens ? Le crĂ©dit rentier, mais l’on sait que le crĂ©dit Ă©tait grippĂ© par l’inflation19 ? L’investissement dans le secteur productif, ou une rĂ©orientation de leurs circuits commerciaux ? Certes, un peu tout cela, mais, dans ce contexte troublĂ©, l’investissement foncier et immobilier n’était-il pas le plus facile ou le mieux garanti ? 20Ce choix reprĂ©sentait-il quelque chose de nouveau ? Sans doute pas. Avoir un hĂŽtel particulier bien en vue pour un armateur, exhiber une demeure confortable pour un simple marchand Ă©tait Ă  tout prendre une obligation pour asseoir sa rĂ©putation, donc son crĂ©dit, et affirmer sa position sociale. PossĂ©der de la terre Ă©tait Ă©galement socialement et stratĂ©giquement utile. Il y avait ainsi complĂ©mentaritĂ© entre les placements immobiliers – Ă  dire vrai plutĂŽt fonciers – et les investissements marchands. La RĂ©volution changea-t-elle la donne ? Nullement. Les marchands rochelais aussi bien que les marchands et armateurs malouins, brestois ou lorientais achetaient des biens-fonds et des immeubles avant la RĂ©volution, comme ils en achetaient pendant ; ils profitaient simplement des opportunitĂ©s offertes par le marchĂ© des biens confisquĂ©s. 20 Jean-Marc Moriceau et G. Postel-Vinay, Ferme, entreprise, famille. Grande exploitation et changeme ... 21Cette pression accrue doit ĂȘtre examinĂ©e de plus prĂšs. D’une part, la dĂ©cision de se porter sur le marchĂ© que nous qualifierions d’ extraordinaire » devait contribuer Ă  siphonner le marchĂ© ordinaire, sur lequel les biens se nĂ©gociaient au prix fort et gĂ©nĂ©ralement en monnaie sonnante et trĂ©buchante. Ce constat reste valide, mĂȘme si la circulation des biens-fonds restait intense avec des prix en berne, en raison de l’abondance de l’offre et de l’affaissement de la demande provoquĂ©e par la chute des revenus. D’autre part, il faut bien distinguer deux temps. Alors que les ventes de seconde origine figuraient comme des spĂ©culations faciles pour les raisons qu’on a identifiĂ©es prĂ©cĂ©demment, celles de premiĂšre origine Ă©taient plus alĂ©atoires ; nul ne pouvait prĂ©voir que la monnaie papier allait s’effondrer, surtout Ă  cette vitesse-lĂ . Ce n’est qu’à partir de l’an III que tout devint clair. Or, investir de telles sommes Ă  crĂ©dit avec des mensualitĂ©s considĂ©rables pouvait constituer un pari. Il faut se remĂ©morer les affres de Chartier se lançant dans l’achat de sa ferme du Plessis-Gassot, avec un gros crĂ©dit, alors qu’il ignorait qu’il ne paierait finalement presque rien20. Nous connaissons la fin de l’histoire, au contraire des acquĂ©reurs de biens nationaux. 22Une question reste toutefois difficile Ă  rĂ©soudre. L’achat des biens nationaux Ă©tait-il un acte militant, un acte d’adhĂ©sion Ă  la RĂ©volution ? Il Ă©tait aussi l’Ɠuvre d’hommes d’affaires qui raisonnaient en fonction du profit Ă  attendre, et que la crise du commerce atlantique avait, par ailleurs, peu de chances de transformer en thurifĂ©raires de la RĂ©volution. 23Terminons par quelques mises en garde, issues tant des constats effectuĂ©s prĂ©cĂ©demment que du contenu des communications, et qui ont pour vertu de nous garder de quelques interprĂ©tations abusives. 241. Si le principe du droit de propriĂ©tĂ© absolu est bien issu de la RĂ©volution, il s’en faut de beaucoup que cette propriĂ©tĂ© soit rĂ©ellement, parfaitement » parfaite, plus mĂȘme que sous l’Ancien RĂ©gime. Au lieu de payer des droits aux seigneurs, les propriĂ©taires payaient des impĂŽts Ă  l’État ; au lieu d’ĂȘtre taxĂ©s par le mĂȘme seigneur lors des mutations qu’ils rĂ©alisaient, ils l’étaient par l’administration de l’enregistrement ; au lieu de risquer le retrait fĂ©odal, ils risquaient maintenant l’expropriation. Ce prĂ©tendu droit absolu concĂ©dĂ© aux propriĂ©taires entrait en conflit avec le souci de l’efficacitĂ© et avec le pouvoir rĂ©galien. Les mines restaient des rĂ©alitĂ©s Ă©conomiques trop importantes pour ĂȘtre abandonnĂ©es aux initiatives des propriĂ©taires du sol. Il fallait donc se rĂ©soudre Ă  faire ce qui constitue, Ă  tout prendre, une entorse au droit de propriĂ©tĂ©, donc s’approprier le sous-sol et le concĂ©der en bail Ă  longue durĂ©e aux entreprises miniĂšres. 252. Si les dispositions prises Ă  l’égard des propriĂ©tĂ©s ecclĂ©siastiques dĂ©coulaient de la situation financiĂšre dĂ©licate dans laquelle se trouvait la monarchie, celles relatives aux biens de seconde origine rĂ©sultĂšrent des mesures prises Ă  l’égard de ceux qui Ă©taient considĂ©rĂ©s comme des ennemis de la nation et qui, Ă  ce titre, se trouvaient dĂ©chus de leurs propriĂ©tĂ©s. En retour, si la politique de confiscation des biens de premiĂšre origine engendra Ă  la fois la rupture avec Rome, la scission du clergĂ© et l’hostilitĂ© durable d’une bonne partie des catholiques, la politique de confiscation des biens de deuxiĂšme origine provoqua quant Ă  elle des manƓuvres d’évitement et des arbitrages de la part des familles concernĂ©es. Les redistributions fonciĂšres et immobiliĂšres qui en rĂ©sultĂšrent affectĂšrent donc profondĂ©ment le jeu des acteurs, et ces remous furent accentuĂ©s par l’ingĂ©rence d’un accident qui a peu Ă  voir avec la RĂ©volution au sens strict l’inflation galopante, accentuĂ©e par l’état de guerre. Si nous pouvons opĂ©rer des constats quant aux effets que certaines politiques ou certains Ă©vĂ©nements ont pu avoir sur la situation des acteurs, il faut se dĂ©barrasser de la tentation de l’anachronisme et bien comprendre que si nous connaissons rĂ©trospectivement ce qui s’est passĂ©, il n’en Ă©tait rien pour les contemporains. La chute de l’assignat n’était pas inscrite dans les astres et obligea les acteurs Ă  faire des paris ou les incita Ă  profiter d’une aubaine. 263. Si la RĂ©volution modifia largement les conditions et les occasions d’accĂšs Ă  la propriĂ©tĂ©, il serait erronĂ© de croire ce que les rĂ©volutionnaires ont tentĂ© de nous faire admettre, Ă  savoir qu’ils avaient fait table rase du passĂ© et radicalement innovĂ©. On a vu que de nombreuses mesures trouvaient leur origine dans les dĂ©cisions prises par l’Ancien RĂ©gime, que ce soit le droit minier ou le cadastre, tandis que des stratĂ©gies s’inscrivaient dans la continuitĂ© de celles en vigueur avant la RĂ©volution. L’investissement foncier et immobilier constituait l’une d’elles et l’appĂ©tit de terres et d’immeubles urbains qu’il rĂ©vĂ©lait traversa intact la RĂ©volution, mĂȘme chez ceux que l’on aurait tendance Ă  considĂ©rer comme des capitalistes purs – les marchands, nĂ©gociants et armateurs des ports, par exemple. 274. Si la RĂ©volution est traditionnellement conçue comme un bloc, encore faudrait-il prendre en compte les scansions de cette histoire qui n’est nullement linĂ©aire, et dĂ©cider si nous considĂ©rons la pĂ©riode rĂ©volutionnaire au sens strict ou s’il convient d’englober Ă©galement l’Empire qui, Ă  certains Ă©gards, prolongea ou contraria l’Ɠuvre de la RĂ©volution. Le choix du cadre chronologique de rĂ©fĂ©rence a en effet des consĂ©quences immĂ©diates. La loi sur les mines de 1810, votĂ©e donc sous l’Empire, Ă©tait ainsi en contradiction avec les rĂšgles formulĂ©es par la loi de 1791. Si elle en reprenait, certes, une partie des termes, elle se plaçait en contrepartie clairement dans le prolongement des dĂ©cisions prises par la monarchie. De la mĂȘme maniĂšre, l’initiative qui fut prise de confectionner un cadastre reprenait le projet esquissĂ© en 1791, mais dans des termes proches de ceux adoptĂ©s par l’Ancien RĂ©gime finissant et avec les mĂȘmes prĂ©occupations. On pourrait multiplier ainsi les exemples. 28Ainsi faut-il bien s’entendre sur le concept de RĂ©volution, car les positions adoptĂ©es par les gouvernements successifs s’inscrivirent dans une dynamique qui renvoie au thĂšme de ce colloque. Les temporalitĂ©s furent diverses et en Ă©tendant la pĂ©riode Ă  l’Empire – comme il est clair que ce colloque entendait le faire –, on rencontre alors des aboutissements, des compromis, des allers et retours et des ruptures qui risquent Ă  tout moment de compliquer la tĂąche de l’observateur. Notes 1 Bernard Bodinier et Éric Teyssier, L’évĂ©nement le plus important de la RĂ©volution. La vente des biens nationaux 1769-1867 en France et dans les territoires annexĂ©s, Paris, SociĂ©tĂ© des Ă©tudes robespierristes, Éd. du CTHS, 2000. 2 Joseph Goy, Transmission successorale et paysannerie pendant la RĂ©volution française un grand malentendu », Études rurales, n° 110‑112, 1988, p. 45‑56. 3 GĂ©rard BĂ©aur, Foncier et crĂ©dit dans les sociĂ©tĂ©s prĂ©industrielles des liens solides ou des chaĂźnes fragiles », Annales. Histoire, Sciences sociales, vol. 49, n° 6, 1994, p. 1411‑1433. 4 Michel Vovelle, PropriĂ©tĂ© et exploitation dans quelques communes beauceronnes de la fin du xviiie au dĂ©but du xixe siĂšcle », MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© ArchĂ©ologique d’Eure-et-Loir, vol. XXII, n° 2, 1961, repris dans idem, Ville et campagne au xviiie siĂšcle Chartres et la Beauce, Paris, Les Ă©ditions sociales, 1980, p. 215‑226. 5 Florence Bourillon et Nadine Vivier dir., La mesure cadastrale. Estimer la valeur du foncier, Rennes, PUR, 2012. 6 Il est vrai assorti de la liste des propriĂ©taires avec leurs dĂ©clarations de parcelles. 7 Mireille Touzery, L’invention de l’impĂŽt sur le revenu. La taille tarifĂ©e, 1715-1789, Paris, ComitĂ© pour l’histoire Ă©conomique et financiĂšre de la France, 1994, consultable en ligne, et Atlas de la gĂ©nĂ©ralitĂ© de Paris au xviiie siĂšcle. Un paysage retrouvĂ©, Paris, ComitĂ© pour l’histoire Ă©conomique et financiĂšre de la France, 1995. 8 Robert Schnerb, La pĂ©rĂ©quation fiscale de l’AssemblĂ©e constituante, 1790-1791, Clermont-Ferrand, Imprimerie gĂ©nĂ©rale de Bussac, 1930. 9 Lionel Latty, La loi du 21 avril 1810 et le Conseil gĂ©nĂ©ral des mines avant 1866. Les procĂšs-verbaux des sĂ©ances », dans Documents pour l’histoire des techniques, dossier thĂ©matique Les sources de l’Histoire des Mines Nouveaux outils, Nouvelles approches », p. 17‑29. 10 Marcel Rouff, Les mines de charbon en France au xviiie siĂšcle, 1744-1791. Étude d’histoire Ă©conomique et sociale, Paris, Rieder et Cie, 1922. 11 G. BĂ©aur, RĂ©volution et transmission de la propriĂ©tĂ© le marchĂ© foncier ordinaire Lizy-sur-Ourcq et Bar-sur-Seine entre 1780 et 1810 », dans La RĂ©volution française et le monde rural, Paris, Éd. du CTHS, 1989, p. 271‑286. 12 Jean Sentou, La fortune immobiliĂšre des Toulousains et la RĂ©volution française, Paris, BibliothĂšque nationale, Commission d’histoire Ă©conomique et sociale de la RĂ©volution française, MĂ©moires et Documents, t. 24, 1970. 13 G. BĂ©aur, L’immobilier et la RĂ©volution. MarchĂ© de la pierre et mutations urbaines 1770-1810, Paris, Armand Colin, coll. Cahiers des Annales », 1994. 14 Ibid. 15 Ibid. 16 G. BĂ©aur, La noblesse et l’immobilier le cas d’Aix-en-Provence entre 1770 et 1810 », dans Claude-Isabelle Brelot dir., Noblesses et villes, Tours, universitĂ© de Tours, Maison des Sciences de la ville, coll. Sciences de la ville », n° 10, 1995, p. 83‑94. 17 AndrĂ© Lespagnol, Messieurs de Saint-Malo. Une Ă©lite nĂ©gociante au temps de Louis XIV, Rennes, PUR, 2011 ; Brice Martinetti, Les nĂ©gociants de La Rochelle au xviiie siĂšcle, Rennes, PUR, 2013 ; Philippe Gardey, NĂ©gociants et marchands de Bordeaux. De la guerre d’AmĂ©rique Ă  la Restauration 1780-1830, Paris, Presses de l’universitĂ© de Paris-Sorbonne, 2009 ; Olivier PĂ©trĂ©-Grenouilleau, L’argent de la traite. Milieu nĂ©grier, capitalisme et dĂ©veloppement un modĂšle, Paris, Aubier, 1996. 18 G. BĂ©aur, RĂ©volution et redistribution des richesses dans les campagnes mythe ou rĂ©alitĂ© ? », Annales historiques de la RĂ©volution française, n° 352, avril-juin 2008, p. 209‑239. 19 Gilles Postel-Vinay, La Terre et l’argent. L’agriculture et le crĂ©dit en France du xviiie au dĂ©but du xxe siĂšcle, Paris, Albin Michel, 1998. 20 Jean-Marc Moriceau et G. Postel-Vinay, Ferme, entreprise, famille. Grande exploitation et changements agricoles. Les Chartier xviie-xixe siĂšcle, Paris, Éditions de l’EHESS, 1992. Auteur Directeur de recherche Ă©mĂ©rite au Centre national de la recherche scientifique CNRS et directeur d’études Ă  l’École des hautes Ă©tudes en sciences sociales EHESS, GĂ©rard BĂ©aur est membre du Centre de recherches historiques CRH – laboratoire qu’il a dirigĂ© de 1997 Ă  2010 – et spĂ©cialiste d’histoire Ă©conomique – il fut prĂ©sident de l’Association française d’histoire Ă©conomique AFHE –, il est actuellement prĂ©sident de l’European Rural History Organisation EURHO. Ses travaux concernent en prioritĂ© le monde rural et la circulation de la terre et de l’argent dans les campagnes au cours du xviiie-xixe siĂšcle, plus particuliĂšrement autour de la RĂ©volution. Il a publiĂ© Histoire agraire de la France au xviiie siĂšcle, Paris, Sedes, 2000. Il a codirigĂ© avec Phillip Schofield, Jean-Michel Chevet et MarĂ­a Teresa PĂ©rez Picazo, Property Rights, Land Market and Economic Growth in the European Countryside 13th-20th Centuries, Turnhout, Brepols, 2013 et dirigĂ© Alternative Agriculture in Europe, 16th-20th Centuries, Turnhout, Brepols, 2020. Il est l’auteur de RĂ©volution et redistribution des richesses dans les campagnes mythe ou rĂ©alitĂ© ? », Annales historiques de la RĂ©volution française, 2008, p. 209-239. Il a Ă©galement codirigĂ© avec Laure QuennouĂ«lle-Corre Les crises de la dette publique, xviiie-xxie siĂšcle, Paris, IGPDE/ComitĂ© pour l’histoire Ă©conomique et financiĂšre de la France, 2019, consultable en ligne, Du mĂȘme auteur La dette publique dans l’histoire, Institut de la gestion publique et du dĂ©veloppement Ă©conomique, 2006 Les crises de la dette publique, Institut de la gestion publique et du dĂ©veloppement Ă©conomique, 2019 Au comptant ou Ă  crĂ©dit comment financer une acquisition fonciĂšre au xviiie siĂšcle ? in Paris et ses campagnes sous l’Ancien RĂ©gime, Éditions de la Sorbonne, 1994 Tous les textes
Sil est vrai que la collectivisation rurale concernait en Aragon plus de 70 % de la population dans la zone contrĂŽlĂ©e par la gauche, et que parmi les 450 collectivitĂ©s de la rĂ©gion, beaucoup s’étaient librement créées, il ne faut pas oublier que ce singulier dĂ©veloppement de la collectivisation Ă©tait dĂ» dans une certaine mesure Ă  la prĂ©sence de miliciens originaires de la

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Sciences: il Ă©tait une fois la rĂ©volution : c’est le problĂšme que La MĂ©thode scientifique propose d’examiner dans l’heure qui vient. PublicitĂ©. Et pour examiner scrupuleusement ces notions de discontinuitĂ© et de rupture Ă©pistĂ©mologique, nous avons le plaisir d’accueillir aujourd’hui, en direct et en public de la bibliothĂšque

En Italie, Matteo Salvini, le dirigeant de la Lega, parti d’extrĂȘme droite et homme fort du nouveau gouvernement, manie la langue de bois, aussi bien que les partis d’extrĂȘme droite europĂ©ens. TrĂšs pro-israĂ©lien, il souhaite annuler la contribution de l’Italie Ă  l’Unesco, visite Yad Vashem la larme Ă  l’Ɠil, Ă  la maniĂšre d’un Donald Trump recueillant le vote des nĂ©o-nazis amĂ©ricains d’un cĂŽtĂ©, et inaugurant une ambassade amĂ©ricaine Ă  JĂ©rusalem de l’autre. Le 22 juin, Salvini dĂ©clare vouloir retirer la protection policiĂšre de Roberto Saviano, auteur du salutaire roman Gomorra » sur les mafias siciliennes et napolitaines, et actuel ennemi public n°1 de la N’dranghetta. C’est au tour de la philosophe Donatella Di Cesare, penseur de la Shoah, de s’ĂȘtre vue retirĂ©e son escorte policiĂšre sans raison » et du jour au lendemain », a-t-elle expliquĂ© sur Twitter. Je n’avais pas de position politique ou institutionnelle. On m’a donnĂ© une escorte pour des menaces de groupes nĂ©o-nazis et nĂ©o-fascistes. Les menaces sont-elles terminĂ©es ? », s’interroge l’éditorialiste au Corriere della Sera et professeur de philosophie thĂ©orique de l’universitĂ© de Rome, La Sapienza ». Elle vit sous surveillance depuis 2015 en raison de menaces rĂ©pĂ©tĂ©es, empreintes d’antisĂ©mitisme. Alexandre Gilbert Lire toutes les chroniques d’Alexandre Gilbert sur Jewpop © photos DR Article publiĂ© le 7 juillet 2018. Tous droits de reproduction et de reprĂ©sentation rĂ©servĂ©s © 2018 Jewpop 0 0 votes Évaluation de l'article Post Views 519

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Index Plan Texte Notes Citation Auteur EntrĂ©es d’index Haut de page Texte intĂ©gral 1 Exposition 1848 et l’espoir d’une rĂ©publique universelle, dĂ©mocratique et sociale », musĂ©e de l’H ... 1Entreprendre une exposition1 sur l’espoir d’une rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale, dĂ©clenchĂ© par la rĂ©volution de FĂ©vrier 1848 et la lutte sur les barricades, imposait, d’une part, que l’on retrace l’histoire de cette notion de rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale et, de l’autre, que l’on cherche Ă  comprendre comment cette notion s’est formĂ©e et constituĂ©e sous la DeuxiĂšme RĂ©publique. Autrement dit, il importait de dĂ©couvrir et de mettre en scĂšne dans l’exposition les conflits sociaux et politiques qui nourrissaient cet espoir. Le discours historiographique 2Il est prouvĂ©, grĂące aux documents historiques, que pendant les journĂ©es de FĂ©vrier, sur les barricades, il y avait le drapeau rouge et on pouvait entendre des revendications comme Droit au travail ! », Organisation du travail par l’association des travailleurs ! » et RĂ©forme sociale ! ». En revanche, le cri de Vive la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale ! » n’y Ă©tait pas encore formulĂ©. Pour que pĂ»t se constituer cette notion d’une rĂ©publique sociale et s’établir un consensus parmi les classes laborieuses et les couches sociales nouvellement admises aux Ă©lections par le suffrage universel, il fallait une Ă©ducation politique vaste et Ă©tendue, ce que le gouvernement provisoire pouvait empĂȘcher en refusant un ajournement des Ă©lections. 3C’est seulement Ă  partir de mai 1848, alors que le conflit entre la Constituante et les classes laborieuses s’aiguisait de plus en plus, que s’articulait la revendication d’une rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale. DĂ©jĂ  en avril 1848 dans le Bulletin de la RĂ©publique, George Sand avait lancĂ© l’avertissement 2 Bulletin de la RĂ©publique, 16e livraison, ministĂšre de l’IntĂ©rieur, 15 avril 1848. Les Ă©lections, si elles ne font pas triompher la vĂ©ritĂ© sociale, si elles sont l’expression des intĂ©rĂȘts d’une caste, arrachĂ©e Ă  la confiante loyautĂ© du peuple, les Ă©lections, qui devraient ĂȘtre le salut de la RĂ©publique, seront sa perte, il n’en faut pas douter. Il n’y aurait alors qu’une voie de salut pour le peuple qui a fait les barricades, ce serait de manifester une seconde fois sa volontĂ©, d’ajourner les dĂ©cisions d’une fausse reprĂ©sentation nationale. »2 3 George Sand, La Cause du peuple, no 3, 23 avril 1848. 4La vĂ©ritĂ© sociale » dont parle George Sand aurait Ă©tĂ© une rĂ©publique entourĂ©e d’institutions sociales et non pas une rĂ©publique qui s’oppose Ă  la rĂ©volution sociale. Autrement dit Le socialisme est le but, la rĂ©publique est le moyen3 ». 4 Le Travail. VĂ©ritable organe des intĂ©rĂȘts populaires, n° 1 du 28 mai, n° 2 du 30 mai et n° 4 du 1e ... 5 Les n° 1 Ă  10 du journal Le Travail sont rĂ©imprimĂ©s dans Les RĂ©volutions du 19e siĂšcle La RĂ©volut ... 5C’est en consultant les journaux Ă  partir de mai 1848 qu’on y trouve la notion. Le Travailleur par la MĂšre DuchĂȘne, avec son n° 3 31 mai au 2 juin sous-titre An I. De la RĂ©publique dĂ©mocratique et sociale ». Au mĂȘme moment, George Sand, dans une lettre Ă  ThĂ©ophile ThorĂ© La vraie RĂ©publique, 27 mai 1848, parle de l’an premier de la RĂ©publique dĂ©mocratique et sociale ». Le journal Le Travail. VĂ©ritable organe des intĂ©rĂȘts populaires, Ă  partir de son premier numĂ©ro publiĂ© le 28 mai 1848, rĂ©pand le slogan Vive la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale ! ». Ce slogan exprime une interprĂ©tation rĂ©trospective de la rĂ©volution de FĂ©vrier et l’actualise. Le mĂȘme journal, dans ses comptes rendus des sĂ©ances du Club de la RĂ©volution des 25, 28 et 30 mai4, rapporte que le cri Vive la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale ! » y signalait une prise de position politique5. La rĂ©ouverture du club sous la prĂ©sidence de BarbĂšs – bien que celui-ci se trouve incarcĂ©rĂ© au donjon de Vincennes, Ă  la suite du 15 mai 1848 – se fait sous des acclamations portant cette idĂ©e. Enfin et surtout, l’initiative politique du club en faveur d’une fusion des clubs dĂ©mocratiques et socialistes en France est soulignĂ©e par la formule Vive la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale ! », cela en vue des Ă©lections complĂ©mentaires au dĂ©but de juin et de l’organisation d’un banquet du peuple, fraternisation des travailleurs ». 6Donc, c’est seulement Ă  partir de mai 1848 que l’idĂ©e de rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale se constitue comme programme politique. Elle revĂȘt une double fonction d’une part, initier un rassemblement des dĂ©mocrates et des socialistes ; de l’autre, opposer au gouvernement le mandat que les Ă©lecteurs ont transmis aux reprĂ©sentants du peuple au moment de la rĂ©volution de FĂ©vrier. Ce qui y est exprimĂ© n’est rien d’autre que la souverainetĂ© du peuple en action, comme base politique d’une dĂ©mocratie directe. Il s’ensuit que la rĂ©publique proclamĂ©e le 4 mai 1848 par les classes laborieuses Ă©tait conçue comme formation politique, ce qui devait permettre sa transformation en rĂ©publique sociale. L’idĂ©e de base en Ă©tait la fraternitĂ© entre les classes sociales, promesse de la rĂ©volution de FĂ©vrier. 7Ni la haine contre le socialisme et le communisme, qui Ă©clata ouvertement en province et Ă  Paris Ă  partir du 16 avril, ni le stationnement des troupes de ligne Ă  Paris, ni l’élection d’une Constituante oĂč les classes laborieuses ne pouvaient guĂšre ĂȘtre reprĂ©sentĂ©es, ni la tuerie des ouvriers Ă  Rouen le 28 avril, ni le refus du gouvernement d’instituer un ministĂšre du Travail, ni le refus du gouvernement de se solidariser avec le peuple polonais dans sa lutte pour sa libertĂ©, rien n’a pu encore Ă©branler la foi en une fraternitĂ© possible pour surmonter l’antagonisme social de la sociĂ©tĂ©. 6 L’affiche est reproduite dans Les Carnets de Joseph Mairet, ouvrier typographe, La Plaine-Saint- De ... 8Peu de jours avant qu’éclate l’insurrection de juin 1848, des dĂ©lĂ©guĂ©s des ouvriers au Luxembourg et des Ateliers nationaux publient une affiche Á tous les travailleurs » et y exhortent le peuple au calme Croyez-nous ! Écoutez-nous ! Rien maintenant n’est possible en France que la RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE ET SOCIALE6 ». 9Mais la guerre sociale Ă©clate finalement, le gouvernement ayant trahi la rĂ©volution en opposant la rĂ©publique tricolore Ă  la rĂ©volution de fĂ©vrier, en instrumentalisant la rĂ©publique en tant que moyen politique pour arrĂȘter la rĂ©volution sociale. 7 L’affiche est citĂ©e par le citoyen Cabet, Insurrection du 23 juin. Avec ses causes, son caractĂšre e ... 8 Ibid., p. 11. Ce caractĂšre politique de l’insurrection est Ă©galement soulignĂ© par Louis MĂ©nard, Pro ... 10Le 24 juin, le journal Le Tocsin des travailleurs qualifie la rĂ©publique tricolore Ă©tablie de Ruine publique » n° 24. Le lendemain, la colonne de Juillet, place de la Bastille, porte le drapeau rouge et Ă  l’entrĂ©e de la rue du Faubourg-Saint-Antoine est affichĂ© sur les murs l’appel Aux armes ! Nous voulons la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale ! Nous voulons la souverainetĂ© du Peuple7 ! ». Cabet insiste Le cri gĂ©nĂ©ral aux barricades Ă©tait Vivre en travaillant ou mourir en combattant, avec cet autre cri plus gĂ©nĂ©ral encore Vive la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale8 ! ». 9 Des recherches seraient encore Ă  faire sur la signification et le rĂŽle que joue politiquement l’idĂ© ... 10 Gustave Lefrançais, Souvenirs d’un rĂ©volutionnaire, 1886, reprint 1972, p. 72. 11L’insurrection de juin consacre la rupture avec la rĂ©publique instaurĂ©e le 4 mai 1848 et l’idĂ©e de rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale s’opposera dĂšs lors Ă  la rĂ©publique tricolore pour parvenir Ă  une rĂ©publique sociale9. Vive la sociale ! » sera dĂ©sormais le cri de guerre des rĂ©voltĂ©s du travail et de la faim10 ». 12Ainsi constituĂ©e politiquement, l’idĂ©e peut ĂȘtre dĂ©finie comme un dispositif discursif qui, pendant un combat de longue durĂ©e, cherche Ă  atteindre l’hĂ©gĂ©monie politique dans la sociĂ©tĂ© civile. Elle vise Ă  orienter l’espace public vers une prise de conscience qui se dressera contre la domination des monarchistes et des rĂ©publicains conservateurs. En tant que dispositif, elle intĂšgre les dĂ©mocrates et les socialistes – donc des couches sociales et des positions politiques diffĂ©rentes – dans un mouvement politique qui, en reconquĂ©rant la souverainetĂ© du peuple, dĂ©fend comme impĂ©ratif catĂ©gorique la rĂ©publique sociale. 13La Constitution ayant Ă©tĂ© votĂ©e en octobre 1848, les appareils rĂ©pressifs d’État rĂ©agissent Ă  partir de 1849, l’idĂ©e est poursuivie par la police comme cri sĂ©ditieux, un appel au renversement de la Constitution » et le garde des Sceaux constate le 14 avril 1849 11 Archives nationales, EmblĂšmes et insignes sĂ©ditieux, fĂ©vrier 1849-dĂ©cembre 1850, BB181482A8381. Les partis qui veulent une rĂ©publique sociale veulent donc nĂ©cessairement une modification dans les principes et dans les droits de la sociĂ©tĂ© actuelle. Ainsi, sous ce rapport, il n’est pas douteux que le cri de Vive la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale ! puisse ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une attaque contre la constitution mĂȘme. ».11 14Cette intervention de la censure politique laisse entendre que le mouvement pour une rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale avait pris de plus en plus d’importance pendant l’annĂ©e 1849. 15Pour le 15 octobre 1848, la Commission des typographes organisa un banquet fraternel des typographes » – au moins 900 convives – et plaça la rĂ©union sous la devise Vive la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale !, inscrivant cette initiative dans le courant politique des banquets dĂšs l’anniversaire de la PremiĂšre RĂ©publique, le 22 septembre 1848, le journal La RĂ©forme avait invitĂ© par un banquet les dĂ©mocrates et socialistes Ă  un rassemblement pour dĂ©fendre la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale. 16Le banquet des typographes fut un succĂšs. Joseph Mairet note dans ses Carnets 12 Voir note 3, p. 267. L’enthousiasme qui n’a cessĂ© de rĂ©gner pendant tout le temps qu’a durĂ© le banquet a prouvĂ© aux membres de la Commission qu’ils avaient devinĂ© les tendances et la sympathie de leurs confrĂšres, et qu’en dĂ©pit des calomnies de la rĂ©action, la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale avait de profondes racines dans le cƓur des ouvriers, car cette rĂ©union a Ă©tĂ© toute socialiste, tĂ©moins les toasts nombreux. »12 13 L’accroissement du mouvement politique pour une rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale fut effectuĂ© ent ... 17Juin dĂ©clenchait un processus de prise de conscience, un apprentissage politique qui ne comptait plus sur la fraternitĂ© entre les classes sociales mais tendait vers une rĂ©publique tricolore une et indivisible pour rĂ©aliser l’espoir d’une rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale des classes laborieuses et des couches sociales admises aux Ă©lections par le suffrage universel13. 18Ce qui renforça et unit le mouvement opposĂ© Ă  la rĂ©publique Ă©tablie pour dĂ©fendre une rĂ©publique sociale, ce fut l’intervention fratricide de la rĂ©publique tricolore contre la RĂ©publique romaine, pour restaurer avec les baĂŻonnettes de l’armĂ©e française le pouvoir temporel du pape. Les factions royalistes et impĂ©rialistes avaient besoin du pouvoir temporel du pape sans pape Ă  Rome, point de couronne. Le 16 avril 1849 Ă  Paris, la Constituante agonisante concĂšde Ă  l’exĂ©cutif un crĂ©dit de 1 200 000 francs pour pouvoir intervenir militairement et diriger l’expĂ©dition vers Civitavecchia, sur le territoire de la RĂ©publique romaine. Quand la LĂ©gislative sortit des urnes en mai 1849, le front Ă©lectoral des dĂ©mocrates et socialistes parvint Ă  obtenir 200 siĂšges face aux 450 siĂšges du Parti de l’ordre. Et c’est le mouvement pour la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale qui, Ă  Lyon et Ă  Paris le 13 Juin 1849, dĂ©fendit la libertĂ© et les droits du peuple romain. La majoritĂ© de l’AssemblĂ©e lĂ©gislative rĂ©pondit par l’état de siĂšge 67 militants furent accusĂ©s et poursuivis, dont 21 reprĂ©sentants du peuple dĂ©mocrates socialistes. Le discours iconographique 19Retracer l’histoire de la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale permet de mettre en lumiĂšre la politique des symboles et de l’iconographie une politique qui mĂšne soit Ă  ce que le public consente Ă  l’hĂ©gĂ©monie politique des classes sociales rĂ©gnantes, soit Ă  ce qu’il se distancie de cette hĂ©gĂ©monie ou mĂȘme la dĂ©savoue. Je n’en citerai que deux exemples assez connus concernant la Tricolore ». Lorsque, le 25 fĂ©vrier, l’ouvrier Marche exigeait Ă  l’HĂŽtel de Ville de Paris, avec la voix du peuple sur les barricades, le drapeau rouge, signe des martyrs de la libertĂ©, de la souverainetĂ© du peuple et des revendications sociales de la rĂ©volution de FĂ©vrier, le pouvoir du gouvernement provisoire et la rhĂ©torique mensongĂšre d’un Lamartine dĂ©cidaient que la Tricolore » serait le drapeau national. L’autre exemple est, en mars 1848, le concours des artistes pour La figure symbolique de la RĂ©publique, initiĂ© par le gouvernement provisoire. Ce concours offrait au ministĂšre de l’IntĂ©rieur l’occasion d’intervenir et de projeter sa vision d’une rĂ©publique tricolore », qui s’oppose Ă  la rĂ©publique militante de 1792. Avec elle, la nation française est rentrĂ©e chez elle, assise, pacifiĂ©e, ne permettant plus aucun mouvement rĂ©volutionnaire 14 Chantal Georgel, 1848. La RĂ©publique et l’Art vivant, Paris, RĂ©union des musĂ©es nationaux, 1998, p. ... Votre rĂ©publique doit ĂȘtre assise pour faire naĂźtre l’idĂ©e de la stabilitĂ© dans l’idĂ©e du spectateur. [
] Gardez-vous aussi des airs trop belliqueux. Songez Ă  la force morale avant tout. La RĂ©publique est trop forte pour avoir besoin de lui mettre le casque en tĂȘte et la pique Ă  la main. »14 20Il est bien entendu que le mouvement social qui dĂ©fend la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale, dans son discours iconographique, se sert de l’allĂ©gorie de la rĂ©publique rĂ©volutionnaire, une jeune femme militante et mouvementĂ©e, vĂȘtue de rouge et coiffĂ©e du bonnet phrygien. Cette allĂ©gorie Ă©tait Ă  son origine la figure de la libertĂ© et de la rĂ©volution. 15 Archives nationales, BB181481A8101 et BB181482A8381. 21À partir de 1849, le ministĂšre de l’IntĂ©rieur et le procureur de la RĂ©publique pouvaient poursuivre le drapeau rouge et le bonnet rouge quand ils servaient de signe de ralliement » ou de manifestation sĂ©ditieuse » Ă  une association dangereuse15 ». 22Le 27 novembre 1848, le journal Le Peuple annonce l’association pour la propagande dĂ©mocratique et sociale Il vient de se former une association entre les rĂ©publicains dĂ©mocratiques et socialistes de toutes les Ă©coles, sous le nom de PROPAGANDE DÉMOCRATIQUE ET SOCIALE. Le but de cette association est de rĂ©pandre le plus possible tous les journaux, tant de Paris que des dĂ©partements, et toutes les publications, livres, brochures, placards, gravures, qui peuvent servir la cause sociale. » 23Et le 30 novembre 1848, le journal La RĂ©volution dĂ©mocratique et sociale souligne Propagande dĂ©mocratique et sociale. Si les travailleurs, ceux des campagnes surtout, Ă©taient Ă©clairĂ©s, le triomphe du socialisme aurait lieu immĂ©diatement sans dĂ©sordre et sans commotion. Il est donc urgent de rĂ©pandre en grand nombre les Ă©crits et les journaux socialistes et dĂ©mocratiques c’est donc dans ce but que s’est fondĂ©e la Propagande dĂ©mocratique et sociale. Nous dĂ©sirons tous avoir une puissante influence sur les Ă©lections. Il faut pour cela faire des Ă©lecteurs socialistes, combattre les calomnies et rĂ©pandre les lumiĂšres ; nous ne pouvons arriver Ă  ce rĂ©sultat qu’en organisant une puissante propagande Ă©crite et parlĂ©e ». 16 Rapport du ministĂšre de l’IntĂ©rieur au ministĂšre de la Justice, le 10 fĂ©vrier 1849 Archives nation ... 24L’initiative de fonder cette association venait de Gabriel de Mortillet, qui participait dans le passĂ© au Club de la rĂ©volution de BarbĂšs, avec Ă  ses cĂŽtĂ©s Jules Ballard gestion des affaires et Gustave Biard rĂ©daction. DĂšs les premiers jours, cette association fut l’objet d’une surveillance sĂ©vĂšre, mais il Ă©tait difficile de l’interdire car La Propagande Ă©tait organisĂ©e comme une entreprise commerciale16. 25Avec son journal La RĂ©volution dĂ©mocratique et sociale, Delescluse expose le 7 novembre 1848 un programme politique qui permettrait au mouvement social d’accomplir l’Ɠuvre commencĂ©e par la rĂ©volution de 1793 la Constitution de 1793 et la DĂ©claration des droits de l’Homme de Robespierre d’une rĂ©organisation sociale de la sociĂ©tĂ© Fils dĂ©vouĂ©s de la rĂ©volution, nous croyons que la Constitution de 93 contient en germe toutes les amĂ©liorations que rĂ©clame la sociĂ©tĂ© ; nous ne voyons rien de plus philosophique ni de plus Ă©minemment social que la dĂ©claration des droits formulĂ©e par Robespierre ; mais l’application est encore Ă  trouver ». 17 L’exposition au musĂ©e de l’Histoire vivante Ă  Montreuil pouvait s’appuyer sur les rĂ©sultats des rec ... 26Trouver l’application, voilĂ  ce qui lie le journal Ă  l’activitĂ© de la Propagande dĂ©mocratique et sociale et s’inscrit dans le discours iconographique. Un exemple parmi d’autres pour dĂ©gager et actualiser les revendications rĂ©volutionnaires se trouve dans l’Ɠuvre graphique de la citoyenne Marie-CĂ©cile Goldsmid, nĂ©e Raynal, qui admirait Armand BarbĂšs et Ă©tait liĂ©e au Club de la rĂ©volution17. À son Ă©poque, elle a Ă©tĂ© bien connue et estimĂ©e de la presse dĂ©mocratique, son Ɠuvre graphique y fut prĂ©sentĂ©e et approuvĂ©e, mais aujourd’hui elle est oubliĂ©e et son Ɠuvre mĂ©connue. 27Pour aiguiser le regard sur le discours iconographique, j’esquisserai les thĂšmes et les compositions les plus frĂ©quentes qui, se distinguant du discours d’avant juin, dĂ©finissent l’iconographie des gravures du mouvement social, distribuĂ©es par la Propagande dĂ©fense du suffrage universel dans l’intĂ©rĂȘt des couches sociales nouvellement admises aux Ă©lections ; Ă©ducation politique de ces couches pour voter consciemment et en vue d’une rĂ©publique sociale ; orientation sur l’annĂ©e Ă©lectorale 1852 ; reprise de l’Ɠuvre des rĂ©volutions de 1793 et de fĂ©vrier 1848 avec leurs revendications ; la date de 1848 comme chiffre et programme politique de cette reprise des revendications ; fraternitĂ©, non pas entre les classes sociales pour surmonter l’antagonisme social de la sociĂ©tĂ©, mais fraternisation entre et fraternitĂ© des peuples opprimĂ©s luttant pour leur libertĂ© et de l’armĂ©e avec le peuple ; rĂ©publique universelle au lieu de rĂ©publique une et indivisible de la France ; exĂ©gĂšse rĂ©volutionnaire des Ă©vangiles par exemple par Lamennais, Esquiros, Malardier en opposition Ă  l’Église et au catholicisme du Vatican ; engagement politique pour l’amnistie des dĂ©portĂ©s. RĂ©publique dĂ©mocratique et social sic.. Nul n’a droit au superflu tant que chacun n’a pas le nĂ©cessaire » Anonyme, vignette colorĂ©e pour une feuille volante, 9,5 x 8,5 cm Coll. Viesville, musĂ©e Carnavalet, Histoire PC 59 C. 18 CitĂ©e par Gabriel Mortillet dans La Politique et le Socialisme Ă  la portĂ©e de tous brochure 2, cha ... 28Par ajout manuscrit, la vignette est datĂ©e de 1848. Est-ce la main d’un collectionneur pour classer la feuille ou de l’auteur pour y introduire le chiffre rĂ©volutionnaire comme programme politique ? La composition double de piques, de drapeaux rouges et de faisceaux indique deux rĂ©publiques celle de 1792 et celle de l’avenir ; le triangle avec l’Ɠil formule l’exigence que le peuple veille sur l’égalitĂ© sociale ; l’inscription reprend la formule de Robespierre le 2 dĂ©cembre 1792 devant la Convention Nul ne peut avoir le superflu avant que tous n’aient le nĂ©cessaire18 ». Je cite Robespierre, parce que d’une actualitĂ© Ă©tonnante et d’une dĂ©finition perspicace de la marchandise La premiĂšre loi sociale est donc celle qui garantit Ă  tous les membres de la sociĂ©tĂ© les moyens d’exister. [
] Les aliments nĂ©cessaires Ă  l’homme sont aussi sacrĂ©s que la vie elle-mĂȘme. Tout ce qui est indispensable pour la conserver est une propriĂ©tĂ© commune Ă  la sociĂ©tĂ© entiĂšre, il n’y a que l’excĂ©dent qui soit une propriĂ©tĂ© individuelle et qui soit abandonnĂ© Ă  l’industrie des commerçants. Toute spĂ©culation mercantile que je fais aux dĂ©pens de la vie de mon semblable n’est point un trafic, c’est un brigandage et un fratricide. » 19 On peut lire une analyse plus dĂ©taillĂ©e dans Republik im Exil voir note 14, p. 108-114. 29Il est donc fort probable que la vignette circulait au dĂ©but de 1849 et exprimait le programme politique de la Propagande19. 30En avril 1849, Marie-CĂ©cile Goldsmid se prĂ©sente au public avec un portrait elle s’y met en scĂšne comme femme artiste et citoyenne. Sous la devise Le rĂšgne des rois finit / Celui des peuples commence », elle s’engagera avec son crayon pour la Propagande et luttera pour la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale. Portant une Ă©charpe, un mĂ©daillon oĂč figure Robert Blum, et soulignant son appartenance Ă  une Galerie de la Montagne », elle dĂ©fend comme citoyenne » le droit de vote des femmes. La Citoyenne Marie-CĂ©cile Goldsmid 1848, rĂ©publique universelle dĂ©mocratique et sociale. Le Pacte. Peuples formez une sainte alliance / Et donnez vous la main » BĂ©ranger. Feuille volante, lithographie coloriĂ©e en grand format 33 x 46,5 cm, lith. FrĂ©dĂ©ric Sorrieu, imp. Lemercier, Paris, publiĂ©e le 6 dĂ©cembre 1848, distribuĂ©e par la Propagande dĂ©mocratique et sociale, rue des Bons-Enfans,1. 31C’est avec cette planche que la citoyenne ouvre son cycle de quatre lithographies du 6 dĂ©cembre 1848 au 29 novembre 1849 par lesquelles elle projette une utopie sociale le dĂ©part des peuples dans le prĂ©sent pour rĂ©aliser une rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale 1848, rĂ©publique universelle dĂ©mocratique et sociale et 1848, Le Jugement de Dieu, l’arrivĂ©e des peuples dans l’avenir Ă  la rĂ©publique sociale rĂ©alisĂ©e 1848, Un marchĂ© sous la rĂ©publique universelle dĂ©mocratique et sociale et 1848, anniversaire de la RĂ©publique universelle dĂ©mocratique et sociale. Le cycle est donc d’une actualitĂ© indicative les États unis d’Europe arrivĂ©s Ă  la rĂ©publique sociale. Chaque planche avait trouvĂ© un Ă©cho d’admiration dans la presse dĂ©mocratique du temps, comme La RĂ©forme ou La RĂ©volution dĂ©mocratique et sociale et c’est la presse qui finalement rĂ©sume 20 La RĂ©forme, 7 dĂ©cembre 1849 ; La Voix du peuple, n° 71, 10 dĂ©cembre 1849, supplĂ©ment. La premiĂšre sĂ©rie des estampes dĂ©mocratiques de la citoyenne Goldsmith vient d’ĂȘtre complĂ©tĂ©e par L’Anniversaire de la rĂ©publique universelle, ou le Triomphe. Ce tableau, riche de composition et d’une exĂ©cution parfaite, rĂ©sume en quelque sorte les trois autres qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ©. En effet, Le Jugement de Dieu [deuxiĂšme planche publiĂ©e le 15 fĂ©vrier 1849, NDLR] annonce la chute de toutes les monarchies ; la RĂ©publique universelle figure l’union indissoluble de tous les peuples sous la banniĂšre de la dĂ©mocratie ; le MarchĂ© sous la rĂ©publique universelle constitue leur solidaritĂ©. Le Triomphe, qui clĂŽt cette premiĂšre sĂ©rie, en rĂ©unissant sur un mĂȘme monument les noms des martyrs de la libertĂ©, rappelle le pacte d’union qui doit exister entre le passĂ© et l’avenir de la rĂ©volution. »20 21 Voir note 14, Republik im Exil, p. 21-27. Les quatre planches sont reproduites dans Lyman Tower Sar ... 32Sous le nom de FrĂ©dĂ©ric Sorrieu comme auteur, cette lithographie, la premiĂšre du cycle dans les divers catalogues et publications d’aujourd’hui, sĂ©duisait les interprĂštes Ă  y voir reprĂ©sentĂ© le Printemps des peuples21. Mais le chiffre 1848 » signale une reprise de l’Ɠuvre de la rĂ©volution, trahie par la Constituante Ă  partir de mai 1848 les peuples, dans la mise en scĂšne, honorent et cĂ©lĂšbrent la statue de la RĂ©publique universelle dĂ©mocratique et sociale, Ă©rigĂ©e sur un socle, tenant dans sa main le flambeau des lumiĂšres de la propagande, s’appuyant sur les tables des Droits de l’Homme posĂ©es sur une presse d’imprimerie Johannes Gutenberg. Avec cette allĂ©gorie, la citoyenne cite Anacharsis Cloots qui, dans son discours La rĂ©publique universelle ou adresse aux tyrannicides en 1792, annonçait C’est sur les dĂ©bris de tous les trĂŽnes que nous bĂątirons l’édifice de la rĂ©publique universelle ». Et en septembre 1792, Cloots honorait Gutenberg d’avoir grĂące Ă  l’invention de la presse rendu possible d’universaliser les Droits de l’Homme et ainsi d’avoir créé la base de la rĂ©publique universelle. 22 Analyse dĂ©taillĂ©e dans Republik im Exil voir note 14, p. 73-79. 33Dans l’image, l’allĂ©gorie est encore une statue, tenue tout en blanc. Tandis qu’avec la rĂ©alisation de la rĂ©publique universelle, elle devient la personnification d’une femme vivante vĂȘtue de rouge, allĂ©gorie de la rĂ©publique sociale. Le dĂ©part des peuples pour y arriver se fait sous un ciel oĂč rĂ©sident les martyrs de la libertĂ© femmes et hommes portant des plumes et JĂ©sus le montagnard indiquant comme mission la fraternitĂ© des peuples opprimĂ©s. La feuille volante JĂ©sus le montagnard anonyme, lith. Laugelot, imp. Juliani a circulĂ© aprĂšs Juin avec un texte de Lamennais Paroles d’un croyant, V, dans lequel les accusĂ©s et condamnĂ©s politiques sont dĂ©fendus et protĂ©gĂ©s des prĂ©jugĂ©s de l’opinion publique22. Citoyenne Marie-CĂ©cile Goldsmid Le suffrage universel. Avec lui, la LibertĂ©, sans lui, l’Esclavage ». DĂ©diĂ© ĂĄ Ledru-Rollin. 1850. Lithographie en couleur ou en deux teintes, lith. Sorrieu, imp. Lemercier, dĂ©pĂŽt lĂ©gal 2 mars 1850. 34Dans son numĂ©ro 157 du 8 mars 1850, le journal La Voix du peuple informe son public Les lithographies composĂ©es par la citoyenne Goldsmith Ă©tant suffisamment connues et apprĂ©ciĂ©es de tous les dĂ©mocrates, nous nous abstenons de tout Ă©loge sur la nouvelle publication que nous avons le bonheur d’annoncer Ă  nos lecteurs. Cette nouvelle sĂ©rie dĂ©mocratique se composera de douze tableaux qui paraĂźtront successivement les 10 et 20 de chaque mois. La premiĂšre, ayant pour titre Le suffrage universel, dĂ©diĂ©e Ă  Ledru-Rollin, est en vente Ă  la Propagande, rue des Bons-Enfans, 1 ; Ă  la librairie PhalanstĂ©rienne, quai Voltaire, et chez tous les marchands d’estampes. Prix, 75 cts. » 35La lecture d’aujourd’hui de cette lithographie, mĂȘme dans des manuels scolaires, la prĂ©sente comme une feuille commĂ©morative pour honorer le suffrage universel et son initiateur Ledru-Rollin, en tant que ministre de l’IntĂ©rieur du gouvernement provisoire. Pourtant, l’allĂ©gorie de la RĂ©publique, vĂȘtue de rouge, reprĂ©sente la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale, connue du public par les 4 planches prĂ©cĂ©dentes. Ici, elle n’est pas une statue, mais une femme vivante avec ses attributs flambeau, table des Droits de l’Homme, presse d’imprimerie. À son cĂŽtĂ© se trouve un travailleur des campagnes en blouse grise tenant une charrue. Ledru-Rollin, Ă  l’arriĂšre-plan, s’adossant Ă  un arbre de la libertĂ©, vit en exil depuis juin 1849. En tant que reprĂ©sentant du peuple, il avait appelĂ© Ă  manifester pour la libertĂ© du peuple italien et la RĂ©publique romaine, en accusant le prince-prĂ©sident et son ministĂšre d’avoir violĂ© la Constitution. 36L’image met en scĂšne deux groupes opposĂ©s le groupe de droite reprĂ©sente la majoritĂ© de la LĂ©gislative, conduite par Thiers, Montalembert et Falloux ; le groupe Ă  gauche reprĂ©sente les Ă©lecteurs, auxquels s’adressent le comitĂ© dĂ©mocratique-socialiste et la Propagande pour les Ă©lections complĂ©mentaires de fin mars 1850. Ce qui est mis en image par la citoyenne, c’est la majoritĂ© rĂ©actionnaire de la LĂ©gislative en action contre les dĂ©fenseurs de la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale, mais aussi le suffrage universel en action contre la rĂ©action politique de la LĂ©gislative. Les Ă©lecteurs qui se rassemblent Ă  gauche arrivent par train de la gare de Strasbourg aujourd’hui gare de l’Est et par bateau Ă  vapeur de toute la France. Le progrĂšs technique est du cĂŽtĂ© de la rĂ©publique sociale et ses Ă©lecteurs sont les couches sociales nouvellement admises aux Ă©lections par le suffrage universel la blouse grise, la blouse bleue, des militaires et des enseignants. 37Le sous-titre de la lĂ©gende, Avec lui, la LibertĂ© / Sans lui, l’Esclavage, fait allusion Ă  une chanson de BĂ©ranger Leçon de lecture, 1827 Le savoir, c’est la libertĂ© / l’ignorance, c’est l’esclavage » et souligne la signification d’une Ă©ducation politique comme condition d’un suffrage universel Ă©mancipateur. Par contre, au mois de mars 1850, la majoritĂ© rĂ©actionnaire de la LĂ©gislative prĂ©pare dans l’AssemblĂ©e nationale des lois qui mettent l’enseignement primaire sous la tutelle de l’Église. Ainsi, Ă  l’AssemblĂ©e nationale, Montalembert, du Parti de l’ordre, proclame une croisade contre le socialisme et choisit comme champ de bataille l’enseignement primaire 23 Auguste Vermorel, Les Hommes de 1851. Histoire de la prĂ©sidence et du rĂ©tablissement de l’Empire, t ... La sociĂ©tĂ© est menacĂ©e par des conspirateurs de bas Ă©tage et par d’affreux petits rhĂ©teurs. [
] Qui donc dĂ©fend l’ordre et la propriĂ©tĂ© dans nos campagnes ? Est-ce l’instituteur ? Non, c’est le curĂ©. Je dis qu’aujourd’hui [
] les prĂȘtres [
] reprĂ©sentent l’ordre, mĂȘme pour ceux qui ne croient pas. [
] Ils reprĂ©sentent Ă  la fois l’ordre moral, l’ordre politique et l’ordre matĂ©riel. [
] Il y a en France deux armĂ©es en prĂ©sence. Elles sont chacune de 30 Ă  40 000 hommes ; c’est l’armĂ©e des instituteurs et l’armĂ©e des curĂ©s. [
] À l’armĂ©e dĂ©moralisatrice et anarchique des instituteurs, il faut opposer l’armĂ©e du clergĂ©. »23 24 Des 12 feuilles volantes, Le Suffrage universel 2 mars , Les Orphelins 28 mars, Profanation 3 ... 38Avec Le suffrage universel, la citoyenne ouvre la suite de 12 feuilles volantes avec lesquelles elle mĂšne le combat contre l’alliance entre des rĂ©publicains conservateurs et les monarchistes pour dĂ©fendre une rĂ©publique universelle dĂ©mocratique et sociale24. 39À partir d’octobre 1850, elle se trouve Ă  la prison Saint-Lazare comme prisonniĂšre politique. Le prĂ©texte 1° Trouble Ă  la paix publique par excitation au mĂ©pris des citoyens les uns contre les autres ; 2° Port d’armes prohibĂ©es ». Haut de page Notes 1 Exposition 1848 et l’espoir d’une rĂ©publique universelle, dĂ©mocratique et sociale », musĂ©e de l’Histoire vivante, 31 bd ThĂ©ophile-Sueur, Montreuil-sous-Bois 93, jusqu’au 30 dĂ©cembre 2018. 2 Bulletin de la RĂ©publique, 16e livraison, ministĂšre de l’IntĂ©rieur, 15 avril 1848. 3 George Sand, La Cause du peuple, no 3, 23 avril 1848. 4 Le Travail. VĂ©ritable organe des intĂ©rĂȘts populaires, n° 1 du 28 mai, n° 2 du 30 mai et n° 4 du 1er juin 1848. 5 Les n° 1 Ă  10 du journal Le Travail sont rĂ©imprimĂ©s dans Les RĂ©volutions du 19e siĂšcle La RĂ©volution dĂ©mocratique et sociale, EDHIS, Paris 1984, vol. 1 Ă  10, ici vol. 8. Suzanne Wassermann, Les Clubs de BarbĂšs et de Blanqui en 1848, Paris 1913, GenĂšve, MĂ©gariotis Reprints, 1978, p. 192-208, analyse les dĂ©bats politiques du Club de la rĂ©volution. 6 L’affiche est reproduite dans Les Carnets de Joseph Mairet, ouvrier typographe, La Plaine-Saint- Denis, 1995, p. 372. 7 L’affiche est citĂ©e par le citoyen Cabet, Insurrection du 23 juin. Avec ses causes, son caractĂšre et ses suites, expliquĂ©e par la marche et les fautes de la rĂ©volution du 24 fĂ©vrier, Paris 1848, p. 12. 8 Ibid., p. 11. Ce caractĂšre politique de l’insurrection est Ă©galement soulignĂ© par Louis MĂ©nard, Prologue d’une rĂ©volution. FĂ©vrier-juin 1848, prĂ©sentation de Filippo Benfante et Maurizio Gribaudi, Paris, La Fabrique Ă©ditions, 2007, p. 218 ; et en 1880, l’affiche est encore mentionnĂ©e par le militant socialiste Victor Marouck, Juin 1848, rééditĂ© en 1998 par Les Amis de Spartacus, p. 48. 9 Des recherches seraient encore Ă  faire sur la signification et le rĂŽle que joue politiquement l’idĂ©e de rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale parmi les exilĂ©s et les accusĂ©s de Juin, condamnĂ©s par les tribunaux militaires Ă  la dĂ©portation. Comme cri de ralliement et de confession politique, on le trouve chez Jean-Baptiste Dunaud, Journal de ma transportation, cahier manuscrit en prĂ©paration pour une Ă©dition par VĂ©ronique Fau-Vincenti ; ou encore chez François Pardigon, En guise de prĂ©face, V », dans Épisodes des journĂ©es de Juin 1848, prĂ©sentation d’Alix HĂ©ricord, Paris, La Fabrique Ă©ditions, 2008, p. 71-89 ; et enfin chez Victor Marouck, Juin 1848, Éditions de la Librairie du ProgrĂšs, 1880, réédition par Les Amis de Spartacus, Paris, 1998, p. 80-118. 10 Gustave Lefrançais, Souvenirs d’un rĂ©volutionnaire, 1886, reprint 1972, p. 72. 11 Archives nationales, EmblĂšmes et insignes sĂ©ditieux, fĂ©vrier 1849-dĂ©cembre 1850, BB181482A8381. 12 Voir note 3, p. 267. 13 L’accroissement du mouvement politique pour une rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale fut effectuĂ© entre autres par la sĂ©rie des banquets comme Banquet dĂ©mocratique et social 12 octobre, Banquet de la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale 17 octobre, Banquet dĂ©mocratique et socialiste des Ă©coles de Paris 3 dĂ©cembre, Banquet pour l’anniversaire du 24 fĂ©vrier 24 fĂ©vrier 1849 ; par des journaux, comme les crĂ©ations du journal de Charles Delescluse, La RĂ©volution dĂ©mocratique et sociale et de Proudhon, Le Peuple, journal de la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale novembre 1848 ; par des associations comme La SolidaritĂ© rĂ©publicaine. Association pour le dĂ©veloppement des droits et des intĂ©rĂȘts de la dĂ©mocratie novembre 1848, l’Association pour la propagande dĂ©mocratique et sociale novembre 1848 ; par les comitĂ©s pour les Ă©lections comme le ComitĂ© Ă©lectoral central des associations dĂ©mocratiques pour les Ă©lections prĂ©sidentielles ou le ComitĂ© dĂ©mocratique-socialiste des Ă©lections pour la LĂ©gislative. 14 Chantal Georgel, 1848. La RĂ©publique et l’Art vivant, Paris, RĂ©union des musĂ©es nationaux, 1998, p. 27-48, qui cite Le Journal des dĂ©bats, 2 mai 1848, Ibid., ; Marie-Claude Chaudonneret, La Figure de la RĂ©publique. Le concours de 1848, Paris, AssemblĂ©e nationale, 1994 ; Raimund RĂŒtten, Republik » et Francia/Marianne », deux articles dans Lexikon der Revolutions-Ikonographie in der europĂ€ischen Druckgraphik 1789–1889, herausgegeben von Rolf Reichardt, MĂŒnster, Verlag Rhema, 2017, Teilband III, p. 1650-1673, et Teilband II, p. 875-895. 15 Archives nationales, BB181481A8101 et BB181482A8381. 16 Rapport du ministĂšre de l’IntĂ©rieur au ministĂšre de la Justice, le 10 fĂ©vrier 1849 Archives nationales, BB181472A6733 ; Rapport de police sur la propagande dĂ©mocratique et sociale du 2 mars 1849 Archives de la prĂ©fecture de police, AA/432, feuilles 408-415, feuilles 422 et 433. 17 L’exposition au musĂ©e de l’Histoire vivante Ă  Montreuil pouvait s’appuyer sur les rĂ©sultats des recherches scientifiques de Raimund RĂŒtten, Republik im Exil. Frankreich 1848 bis 1851 ; Marie-CĂ©cile Goldsmid – Citoyenne und KĂŒnstlerin – im Kampf um eine RĂ©publique universelle dĂ©mocratique et sociale », Georg Olms Verlag, Hildesheim/ZĂŒrich /New York, Dezember 2012. 18 CitĂ©e par Gabriel Mortillet dans La Politique et le Socialisme Ă  la portĂ©e de tous brochure 2, chapitre 4 Bases de la politique, printemps 1849. 19 On peut lire une analyse plus dĂ©taillĂ©e dans Republik im Exil voir note 14, p. 108-114. 20 La RĂ©forme, 7 dĂ©cembre 1849 ; La Voix du peuple, n° 71, 10 dĂ©cembre 1849, supplĂ©ment. 21 Voir note 14, Republik im Exil, p. 21-27. Les quatre planches sont reproduites dans Lyman Tower Sargent et Roland Schaer dir., Utopie. La quĂȘte de la sociĂ©tĂ© idĂ©ale en Occident, Paris, BNF/Fayard, 2000. 22 Analyse dĂ©taillĂ©e dans Republik im Exil voir note 14, p. 73-79. 23 Auguste Vermorel, Les Hommes de 1851. Histoire de la prĂ©sidence et du rĂ©tablissement de l’Empire, troisiĂšme Ă©dition, Paris, 1869, chapitre III La loi sur l’enseignement », p. 86-108. 24 Des 12 feuilles volantes, Le Suffrage universel 2 mars , Les Orphelins 28 mars, Profanation 3 avril, saisie, Le Sommeil du peuple 20 avril, La FraternitĂ© 26 juin, La LibertĂ© Ă  la dĂ©livrance des peuples 25 septembre, 1852 24 novembre 1851 et L’EspĂ©rance 24 novembre 1851 sont analysĂ©es dans Republik im Exil
, op. cit., p. de page Table des illustrations LĂ©gende RĂ©publique dĂ©mocratique et social sic.. Nul n’a droit au superflu tant que chacun n’a pas le nĂ©cessaire » Anonyme, vignette colorĂ©e pour une feuille volante, 9,5 x 8,5 cm Coll. Viesville, musĂ©e Carnavalet, Histoire PC 59 C. URL Fichier image/jpeg, 76k LĂ©gende La Citoyenne Marie-CĂ©cile Goldsmid 1848, rĂ©publique universelle dĂ©mocratique et sociale. Le Pacte. Peuples formez une sainte alliance / Et donnez vous la main » BĂ©ranger. Feuille volante, lithographie coloriĂ©e en grand format 33 x 46,5 cm, lith. FrĂ©dĂ©ric Sorrieu, imp. Lemercier, Paris, publiĂ©e le 6 dĂ©cembre 1848, distribuĂ©e par la Propagande dĂ©mocratique et sociale, rue des Bons-Enfans,1. URL Fichier image/jpeg, 192k LĂ©gende Citoyenne Marie-CĂ©cile Goldsmid Le suffrage universel. Avec lui, la LibertĂ©, sans lui, l’Esclavage ». DĂ©diĂ© ĂĄ Ledru-Rollin. 1850. Lithographie en couleur ou en deux teintes, lith. Sorrieu, imp. Lemercier, dĂ©pĂŽt lĂ©gal 2 mars 1850. URL Fichier image/jpeg, 149k Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Raimund RĂŒtten, À la recherche d’une rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 139 2018, 153-166. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Raimund RĂŒtten, À la recherche d’une rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 139 2018, mis en ligne le 01 septembre 2018, consultĂ© le 17 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Auteur Raimund RĂŒtten UniversitĂ© Goethe de Frankfurt-am-Main, commissaire de l’exposition 1848 » au musĂ©e de l’Histoire vivante de MontreuilHaut de page IlĂ©tait une fois les rĂ©volutions est un almanach rĂ©volutionnaire. L'entrĂ©e Ă  Cuba du Che, le procĂšs de Louise Michel, la JournĂ©e des droits des femmes, le Printemps des peuples, le serment du Jeu de paume : mois aprĂšs mois, vous retrouverez le rĂ©cit des dates clĂ©s des rĂ©volutions, ainsi que des portraits, des recettes de cuisine, des chansons de lutte, des conseils bricolage ou
AprĂšs douze ans de soulĂšvements, de guerre, de carnages et de trahisons, la rĂ©volution qui a Ă©clatĂ© en 1791, Ă  Saint-Domingue, a finalement abouti Ă  l’abolition de l’esclavage et Ă  l’indĂ©pendance d’HaĂŻti. Cette rĂ©volution fut la consĂ©quence et un prolongement de la rĂ©volution française. Ses Ă©tapes successives, marquĂ©es par de nombreux chocs et revirements, furent largement dĂ©terminĂ©es par le flux et le reflux de la rĂ©volution en France. L’histoire de cette rĂ©volution est faite d’hĂ©roĂŻsme et de sacrifices. Les esclaves insurgĂ©s ont fini par vaincre, tour Ă  tour, les grandes puissances europĂ©ennes qu’étaient l’Espagne, l’Angleterre et la France. Mais c’est aussi une histoire faite de l’avarice, du cynisme et de la cruautĂ© inhumaine des classes possĂ©dantes. La rĂ©volution de Saint-Domingue mĂ©rite d’ĂȘtre mieux connue des travailleurs et de la jeunesse de notre Ă©poque. C’est dans le livre remarquable de James, Les Jacobins Noirs, Ă©crit en 1938, que l’on en trouve l’explication la plus complĂšte et la plus sĂ©rieuse. Ici, nous ne pouvons qu’en retracer les grandes lignes. AprĂšs l’arrivĂ©e de Christophe Colomb sur les cĂŽtes de l’üle, qu’il appellera Hispaniola, une colonie espagnole a Ă©tĂ© fondĂ©e dans sa partie sud-est. Les colonisateurs ont apportĂ© avec eux le christianisme, les travaux forcĂ©s, les massacres, les viols et les pillages. Ils ont apportĂ© Ă©galement des maladies infectieuses. Pour soumettre les indigĂšnes rebelles, ils organisaient des famines. La consĂ©quence de cette mission civilisatrice » fut une rĂ©duction dramatique de la population indigĂšne, qui est passĂ© de 1,3 million Ă  seulement 60 000 en l’espace de 15 ans. La bourgeoisie française s’engraissait de l’esclavage et de toutes les abominations nĂ©cessaires Ă  sa perpĂ©tuation En 1695, le traitĂ© de Ryswick attribuait la partie occidentale de l’üle Ă  la France, et au cours du 18e siĂšcle, la traite des esclaves s’est masssivement dĂ©veloppĂ©e. CapturĂ©s en Afrique et embarquĂ©s de force, les esclaves traversaient l’Atlantique enchaĂźnĂ©s et rangĂ©s dans les cales suffocantes des navires nĂ©griers. Ce commerce a dĂ©placĂ© des centaines de milliers d’Africains vers l’AmĂ©rique et les Indes occidentales, oĂč ils Ă©taient livrĂ©s Ă  l’insondable cruautĂ© des possĂ©dants blancs. MarquĂ©s d’un fer chaud, les esclaves subissaient le fouet, les mutilations et toutes sortes de sĂ©vices. Leurs propriĂ©taires se vantaient des mille raffinements » des mĂ©thodes de punition et de mise Ă  mort. Ils leur versaient de la cire enflammĂ©e sur la tĂȘte. Ils leur faisaient manger leurs excrĂ©ments. Les condamnĂ©s Ă  mort Ă©taient brĂ»lĂ©s vifs ou mourraient attachĂ©s aux quatre poteaux », le ventre ouvert, cependant que les chiens des maĂźtres mangeaient leurs entrailles. La bourgeoisie française s’engraissait de cette exploitation brutale et de toutes les abominations nĂ©cessaires Ă  sa perpĂ©tuation. Les propriĂ©taires de Saint-Domingue Ă©taient corrompus par le pouvoir de vie ou de mort qu’ils avaient sur cette masse grandissante d’ĂȘtres humains. La fortune de la bourgeoisie maritime, bĂątie sur la traite des esclaves, Ă©tait en partie investie dans la colonie. Avec ses agents et nĂ©gociants, ainsi que des fils de nobles appauvris et divers marchands, cette classe de propriĂ©taires formait la strate supĂ©rieure de la sociĂ©tĂ© coloniale, en dessous de laquelle se trouvaient les clercs, les notaires, les avocats, les rĂ©gisseurs, les chefs de travaux et les artisans. S’il n’y avait pas un point du globe qui portĂąt autant de misĂšre qu’un navire de nĂ©grier, » lit-on dans Les Jacobins Noirs, aucune partie du monde, compte tenu de sa surface, ne recelait autant de richesses que la colonie de Saint-Domingue. » Ainsi, de nombreux petits blancs » - travailleurs journaliers, vagabonds urbains et criminels - s’installaient Ă  Saint-Domingue dans l’espoir d’y faire fortune et d’y jouir d’une considĂ©ration qui Ă©tait hors de leur portĂ©e en France. Pour la bourgeoisie maritime de Nantes et de Bordeaux, l’abolition de l’esclavage signifiait la ruine. Il en Ă©tait de mĂȘme pour les propriĂ©taires des esclaves sur l’üle. Et aux yeux des petits blancs », le maintien de l’esclavage et des distinctions raciales Ă©tait essentiel. A maintes reprises, dans l’histoire de la colonie, ils ont montrĂ© qu’ils ne reculaient devant aucune atrocitĂ© pour les prĂ©server. Une infime fraction des noirs -cochers, cuisiniers, nourrices, domestiques, etc. - Ă©chappait au calvaire permanent que subissait la masse des esclaves, et pouvait mĂȘme acquĂ©rir un peu d’instruction. C’est de cette fine couche sociale que viendront la plupart des chefs de la rĂ©volution, dont Toussaint BrĂ©da, le futur Toussaint Louverture. Commerce des esclaves en Afrique en route vers les navires nĂ©griers Le pĂšre de Toussaint est arrivĂ© sur l’üle dans les cales d’un navire nĂ©grier, mais il a eu la chance d’ĂȘtre achetĂ© par un colon qui lui accordait certaines libertĂ©s. Le premier nĂ© de huit enfants, Toussaint eut comme parrain un esclave du nom de Pierre Baptiste, qui lui enseigna un français rudimentaire. Il devint gardien de troupeaux, puis cocher. Parmi les livres que Toussaint a pu lire, il y avait Histoire philosophique et politique des Etablissements et du Commerce des europĂ©ens dans les deux Indes, publiĂ© en 1780 par l’abbĂ© Raynal. Convaincu qu’une rĂ©volte Ă©claterait dans les colonies, l’abbĂ© Ă©crivait Deux colonies de nĂšgres fugitifs existent dĂ©jĂ . Ces Ă©clairs annoncent le tonnerre. Il ne manque qu’un chef courageux. OĂč est-il ? Il surgira, n’en doutons pas. Il viendra et brandira le drapeau sacrĂ© de la libertĂ©. » Lorsque la rĂ©volution française a Ă©clatĂ©, les petits blancs » y ont vu l’occasion de porter un coup Ă  l’autoritĂ© royale et de se faire reconnaĂźtre comme les maĂźtres de l’üle. Depuis longtemps, ils prĂŽnaient l’extermination de tous les mulĂątres - au sang mĂ©langĂ© » - dont ils voulaient s’approprier les biens. De nombreux mulĂątres avaient Ă©tĂ© incorporĂ©s dans la milice de l’autoritĂ© royale, qui s’appuyait sur eux pour rĂ©sister Ă  l’agitation rĂ©volutionnaire » des blancs. La condition avilissante de l’immense majoritĂ© des esclaves engendrait chez nombre d’entre eux un fatalisme et une indiffĂ©rence quant Ă  leur sort personnel. Cependant, des actes de rĂ©sistance n’étaient pas rares. Ils pouvaient prendre la forme d’une Ă©vasion » par le suicide ou de l’empoisonnement des esclavagistes, de leurs femmes et de leurs enfants. Les esclaves qui fuyaient leur maĂźtre se cachaient dans les rĂ©gions montagneuses et les forĂȘts, oĂč se formaient des groupes de fugitifs libres appelĂ©s marrons ». Au milieu du 18e siĂšcle, l’un d’entre eux, Makandal, projeta de soulever les noirs en masse et chasser les colons. Son plan prĂ©voyait l’empoisonnement de l’eau de toutes les maisons des colons. Mais ce plan n’a jamais Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©. Trahi, Makandal a Ă©tĂ© capturĂ© et brĂ»lĂ© vif en 1758. En 1790, la rĂ©volution française est en reflux. La bourgeoisie maritime, qui prĂ©dominait dans l’AssemblĂ©e nationale, trouvait son compte dans le compromis Ă©tabli avec la monarchie, et ne souhaitait pas que la rĂ©volution aille plus loin. Elle refusa de reconnaĂźtre les droits des mulĂątres, de peur d’ouvrir la voie Ă  une rĂ©volte des esclaves noirs. Cependant, de mĂȘme que le conflit d’intĂ©rĂȘts entre la bourgeoisie et la monarchie, en France, avait ouvert un espace pour l’entrĂ©e en action des masses parisiennes, le conflit entre les blancs et les mulĂątres de Saint-Domingue dĂ©clencha la rĂ©volution des esclaves, qui Ă©clata dans la nuit du 22 au 23 aoĂ»t 1791. Les instigateurs de l’insurrection se rĂ©unirent autour de leur chef Boukman dans la forĂȘt de la montagne Morne Rouge, Ă  la lueur de torches et sous la pluie d’un orage tropical. AprĂšs avoir bu le sang d’un porc Ă©gorgĂ©, Boukman proclama une priĂšre Le Dieu des blancs leur inspire des crimes, mais le nĂŽtre ne nous pousse qu’aux bonnes actions. Notre Dieu, bon pour nous, nous ordonne de nous venger des offenses reçues. Il dirigera nos armes et nous aidera. » En quelques heures, l’insurrection avait dĂ©vastĂ© la moitiĂ© de la plaine du nord. Les esclaves dĂ©truisaient et tuaient inlassablement, au cri de Vengeance ! Vengeance ! ». L’insurrection parisienne du 10 aoĂ»t 1792 eut des consĂ©quences immenses pour les esclaves de Saint-Domingue Un mois aprĂšs le dĂ©but de l’insurrection, Toussaint Louverture la rejoint et devient, Ă  cĂŽtĂ© de Biassou et Jean-François, l’un des dirigeants du mouvement. Les esclaves en rĂ©volte dominaient les campagnes, mais commencĂšrent alors Ă  marquer le pas. Devant l’enlisement de l’insurrection, ses chefs, dont Toussaint, s’apprĂȘtaient Ă  abandonner la lutte en Ă©change de la libertĂ© d’une soixantaine de chefs. Mais les propriĂ©taires ne voulaient rien savoir. Aucun compromis n’était possible. Ainsi, pour l’armĂ©e rĂ©volutionnaire, dont Toussaint est rapidement devenu le chef incontestĂ©, c’était dĂ©sormais la libertĂ© ou la mort ! Le gouvernement français envoya une expĂ©dition militaire, dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Sonthonax, pour rĂ©tablir l’ordre sur l’üle. Cependant, avant qu’elle n’arrive Ă  Saint-Domingue, l’insurrection parisienne du 10 aoĂ»t 1792 renversa la monarchie et chassa les reprĂ©sentants de la bourgeoisie esclavagiste. Cette nouvelle phase de la rĂ©volution française eut des consĂ©quences immenses pour les esclaves de Saint-Domingue, car les masses populaires en armes sur lesquelles reposait le pouvoir rĂ©volutionnaire Ă©taient favorables Ă  l’abolition de l’esclavage. Pour la premiĂšre fois, les esclaves de Saint- Domingue avaient de puissants alliĂ©s en France !Toussaint et son armĂ©e d’esclaves se sont rangĂ©s du cĂŽtĂ© de l’Espagne pour combattre les forces armĂ©es envoyĂ©es de France. AprĂšs avoir rĂ©organisĂ© ses troupes, Toussaint a enlevĂ© une sĂ©rie de villes. Les Britanniques, profitant des difficultĂ©s de Sonthonax, prirent le contrĂŽle de toute la cĂŽte occidentale, Ă  l’exception de la capitale. DĂ©bordĂ© de tous les cĂŽtĂ©s et menacĂ© de dĂ©faite, Sonthonax sollicita le soutien de Toussaint face aux Britanniques. A cette fin, il est allĂ© jusqu’à dĂ©crĂ©ter l’abolition de l’esclavage. Mais Toussaint Ă©tait mĂ©fiant. Quelle Ă©tait l’attitude de Paris ? Sonthonax n’avait-il pas Ă©tĂ© envoyĂ© pour rĂ©tablir l’ordre » pour le compte des esclavagistes ? Ce n’est que lorsque Toussaint prend connaissance du dĂ©cret du 4 fĂ©vrier 1794, abolissant l’esclavage, qu’il se retourne enfin contre les Espagnols et se joint Ă  Sonthonax pour combattre les Britanniques. L’autoritĂ© et le pouvoir de Toussaint Louverture, dĂ©sormais officier de l’armĂ©e française, ne cessent de grandir. Avec 5000 hommes sous ses ordres, il tient une ligne de positions fortifiĂ©es entre le nord et l’ouest de l’üle. Les forces britanniques et espagnoles, en face, Ă©taient supĂ©rieures en armement et en approvisionnement. Il y avait aussi les forces mulĂątres commandĂ©es par Rigaud, qui Ă©taient de mĂšche avec les Britanniques. Presque tous les soldats de Toussaint Ă©taient nĂ©s en Afrique. Ils ne parlaient pas français, ou trĂšs peu. Leurs officiers Ă©taient d’anciens esclaves, comme Dessalines, qui portait sous son uniforme de l’armĂ©e française les traces du fouet de ses anciens maĂźtres. Leur force venait de leur enthousiasme rĂ©volutionnaire et de la crainte de la restauration de l’esclavage. Leur arme principale Ă©tait les mots d’ordre de la rĂ©volution libertĂ© et Ă©galitĂ©. Cela donnait aux anciens esclaves un avantage colossal sur les troupes adverses, qui se battaient pour des intĂ©rĂȘts qui n’étaient pas les leurs. Mal armĂ©s et affamĂ©s, les anciens esclaves faisaient preuve d’un courage et d’une combativitĂ© extraordinaires sous le feu de l’ennemi. Quand les munitions manquaient, ils se battaient avec des pierres ou Ă  main nue. La lutte pour la libertĂ© exerçait une attraction sur tous les opprimĂ©s de l’üle, ce qui donnait Ă  l’armĂ©e de Toussaint une base sociale de masse. Lorsqu’un certain DieudonnĂ©, qui se trouvait Ă  la tĂȘte de quelques milliers de marrons », s’apprĂȘta Ă  passer du cĂŽtĂ© des gĂ©nĂ©raux mulĂątres Rigaud et Beauvais et de leurs alliĂ©s britanniques, Toussaint lui a adressĂ© une lettre pour lui exposer son erreur Les Espagnols ont pu m’aveugler quelques temps, mais je n’ai pas Ă©tĂ© long Ă  reconnaĂźtre leur rapacitĂ©. Je les ai abandonnĂ©s et les ai bien battus. [...] S’il est possible que les Anglais aient rĂ©ussi Ă  vous tromper, mon cher frĂšre, abandonnez-les. Unissez-vous aux honnĂȘtes rĂ©publicains, et chassons tous ensemble ces royalistes de notre pays. Ce sont des rapaces qui veulent nous rejeter aux fers que nous avons eu tant de mal Ă  briser. » Cette lettre a Ă©tĂ© lue aux troupes de DieudonnĂ© par un Ă©missaire de Toussaint. Les noirs qui l’écoutaient ont aussitĂŽt dĂ©noncĂ© la trahison de DieudonnĂ©, qui a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et jetĂ© en prison. Comme l’écrit James Ă  propos de cet incident Preuve que malgrĂ© leur ignorance et leur incapacitĂ© Ă  s’y reconnaĂźtre au milieu des masses de proclamations, mensonges, promesses et traquenards qui les environnaient, ils voulaient combattre pour la libertĂ©. » Entre temps, en France, la rĂ©volution avait atteint ses limites. Les couches infĂ©rieures de la sociĂ©tĂ©, qui avaient Ă©tĂ© la force motrice de la rĂ©volution, ne pouvaient pas outrepasser les limites de l’ordre bourgeois, et la rĂ©action releva sa tĂȘte. AprĂšs la chute des Jacobins, ce sont les ennemis des esclaves, et notamment la bourgeoisie maritime, qui sont revenus aux affaires. Toussaint a senti que le vent tournait. Sonthonax, conscient lui aussi du danger d’une restauration de l’esclavage, avait proposĂ© Ă  Toussaint de chasser dĂ©finitivement les colons blancs de l’üle. Toussaint a refusĂ© cette proposition, et finit par renvoyer Sonthonax en France. Ce geste a incitĂ© le Directoire Ă  soupçonner Toussaint de s’orienter vers l’indĂ©pendance, ce qui n’était pas le cas. Toussaint craignait en fait que la France ne cherche Ă  rĂ©tablir l’esclavage. Pour rassurer le Directoire, Toussaint a envoyĂ© une longue et remarquable lettre, lui assurant de sa fidĂ©litĂ©. Mais il s’agit surtout d’une fidĂ©litĂ© aux idĂ©es de la rĂ©volution et Ă  l’émancipation des esclaves. La France ne reniera pas ses principes, elle ne nous enlĂšvera pas le plus grand de ses bienfaits, elle nous protĂ©gera contre nos ennemis, [...] elle ne permettra pas que son dĂ©cret du 16 pluviĂŽse, qui est un bonheur pour l’humanitĂ©, soit rĂ©voquĂ©. Mais si, pour rĂ©tablir l’esclavage Ă  Saint-Domingue, on faisait cela, alors je vous le dĂ©clare, ce serait tenter l’impossible ; nous avons su affronter des dangers pour obtenir notre libertĂ©, et nous saurons affronter la mort pour la maintenir. » Sur place, Ă  Saint-Domingue, Toussaint avait encore Ă  venir Ă  bout des armĂ©es de la Grande-Bretagne. Celles-ci avaient dĂ©jĂ  payĂ© un lourd tribut Ă  la volontĂ© rĂ©volutionnaire des anciens esclaves. A la fin de 1796, la guerre avait tuĂ© 25 000 soldats britanniques et en avait blessĂ© 30 000. Face Ă  de telles pertes - sans rĂ©sultat tangible - le gouvernement de Sa MajestĂ© avait dĂ©cidĂ© de se retirer et de ne conserver que MĂŽle Saint Nicolas et l’Ile de la Tortue. Mais Toussaint n’allait mĂȘme pas leur accorder cette prĂ©sence symbolique. Avec Rigaud, le gĂ©nĂ©ral mulĂątre devenu depuis peu son alliĂ©, il lança une offensive de grande envergure qui ne laissait au gĂ©nĂ©ral britannique Maitland d’autre choix que d’évacuer toute la partie occidentale de l’üle. En France, la bourgeoisie maritime voulait retrouver les fabuleux profits de l’époque prĂ©-rĂ©volutionnaire En juillet 1797, le Directoire dĂ©signait le gĂ©nĂ©ral HĂ©douville comme reprĂ©sentant spĂ©cial de la France Ă  Saint-Domingue. Le gĂ©nĂ©ral avait pour mission de rĂ©duire le pouvoir et la capacitĂ© militaire de Toussaint en attendant de nouveaux renforts militaires. Il est arrivĂ© Ă  Saint-Domingue en avril 1798, au moment oĂč Toussaint infligeait la dĂ©faite aux Britanniques. HĂ©douville conclut un accord avec Rigaud qui, une fois de plus, se retourna contre Toussaint. Face aux provocations et menaces d’HĂ©douville, Toussaint ordonna Ă  Dessalines de l’attaquer. La campagne foudroyante de Dessalines a obligĂ© HĂ©douville Ă  fuir Saint-Domingue en toute hĂąte, accompagnĂ© d’un millier de fonctionnaires et de soldats. Toussaint et Dessalines pouvaient alors se lancer contre Rigaud, dans le sud. AprĂšs la dĂ©faite des mulĂątres, Toussaint rĂšgne en maĂźtre sur la colonie. NapolĂ©on Bonaparte, dĂ©sormais au pouvoir, ne peut que reconnaĂźtre l’autoritĂ© de Toussaint, et le confirme commandant-en-chef de Saint-Domingue. Rigaud, qui fait naufrage pendant son retour vers la France, n’y arrive qu’en 1801. NapolĂ©on le reçoit et lui dit GĂ©nĂ©ral, je ne vous blĂąme que d’une chose, c’est de ne pas avoir su vaincre. » De son cĂŽtĂ©, Toussaint propose l’administration du sud au mulĂątre Clairevaux - qui la refuse - puis Ă  Dessalines, qui fait fusiller 350 militaires mulĂątres. Il ne lui Ă©tait pas possible de tolĂ©rer la prĂ©sence d’élĂ©ments douteux face Ă  la menace d’une nouvelle expĂ©dition française. AprĂšs les Britanniques sous Maitland, les Français sous HĂ©douville et les mulĂątres sous Rigaud, c’était dĂ©sormais au tour des Espagnols, Ă  l’est de l’üle, de faire face Ă  la puissance des anciens esclaves. Le 21 janvier 1801, le gouverneur espagnol doit ordonner l’abandon de la colonie. Saint-Domingue Ă©tait alors exsangue. Sur les 30 000 blancs qui habitaient l’üle en 1789, il n’en restait plus que 10 000, et sur les 40 000 mulĂątres, seulement 30 000. Les noirs, qui Ă©taient 500 000 au dĂ©but de la rĂ©volution française, n’étaient plus que 350 000. Les plantations et les cultures Ă©taient largement dĂ©truites. Mais le nouveau rĂ©gime, qui reposait dĂ©sormais sur une masse de paysans indĂ©pendants, Ă©tait beaucoup mieux que l’ancien. La reconstruction et la modernisation du pays pouvaient enfin commencer. Surtout, la rĂ©volution avait créé une nouvelle race d’hommes, chez qui le sentiment d’infĂ©rioritĂ© que leur inculquaient les esclavagistes avait disparu. En 1801, Leclerc est chargĂ© de rĂ©tablir l’esclavage Ă  Saint Domingue En France, cependant, la bourgeoisie maritime voulait retrouver les fabuleux profits de l’époque prĂ©-rĂ©volutionnaire. Pour leur donner satisfaction, NapolĂ©on se dĂ©cide Ă  rĂ©tablir l’esclavage des noirs et la discrimination contre les mulĂątres. En dĂ©cembre 1801, une expĂ©dition de 20 000 hommes se dirige vers Saint-Domingue, sous le commandement du beau-frĂšre de NapolĂ©on, le gĂ©nĂ©ral Leclerc. Au cours de tous ces retournements et changements d’alliance, il n’a jamais Ă©tĂ© question, pour Toussaint, d’indĂ©pendance. Alors que l’expĂ©dition s’approchait, les blancs manifestaient partout leur enthousiasme devant la perspective d’un rĂ©tablissement de l’esclavage. Mais Toussaint ne voulait pas admettre la vĂ©ritĂ© concernant les intentions de NapolĂ©on. Il Ă©tait convaincu qu’un compromis Ă©tait encore possible, et n’agissait pas. La frustration des anciens esclaves face Ă  certains aspects de la politique de Toussaint a donnĂ© lieu Ă  une insurrection, en septembre 1801. On reprochait Ă  Toussaint d’avoir favorisĂ© les blancs pour soigner ses rapports avec la France. Toussaint a fait fusiller MoĂŻse, son fils adoptif ou neveu », qui Ă©tait vĂ©nĂ©rĂ© par tous les anciens esclaves comme un hĂ©ros de leur guerre pour la libertĂ©. Au lieu d’expliquer clairement les objectifs de l’expĂ©dition, de purger son armĂ©e des Ă©lĂ©ments douteux et de rĂ©primer les blancs qui rĂ©clamaient le retour de l’esclavage, Toussaint avait rĂ©primĂ© ceux de son propre camp qui, comme MoĂŻse, comprenaient le danger et voulaient agir en consĂ©quence. Ceci explique la dislocation, les dĂ©fections massives et la confusion dĂ©sastreuse qui rĂ©gnaient dans son camp au moment du dĂ©barquement, ainsi que les succĂšs initiaux des troupes de Leclerc. Une fois que l’étendue du dĂ©sastre devint Ă©vidente, Toussaint se ressaisit. La rĂ©sistance commençait enfin Ă  s’organiser au point de contenir l’avance des forces françaises. Avec la saison des pluies et la fiĂšvre jaune, les pertes infligĂ©es aux Français mettaient Leclerc, lui-mĂȘme Ă©puisĂ© et malade, dans une situation particuliĂšrement prĂ©caire. L’incroyable bravoure des anciens esclaves face Ă  la mort affecta le moral des soldats français, qui se demandaient si la justice, dans cette guerre, Ă©tait vraiment de leur cĂŽtĂ©. Tout en faisant vaillamment la guerre, Toussaint considĂ©rait ce conflit avec la France comme un vĂ©ritable dĂ©sastre. C’est pourquoi il combinait la guerre Ă  outrance sur le terrain et des nĂ©gociations secrĂštes avec l’ennemi. Il espĂ©rait toujours un compromis, et le commandement français profita de cette faiblesse. Leclerc proposa un accord de paix, selon lequel l’armĂ©e de Toussaint devait rĂ©intĂ©grer l’armĂ©e française avec le maintien de ses gĂ©nĂ©raux et gradĂ©s. Cet accord Ă©tait assorti d’une garantie du non-rĂ©tablissement de l’esclavage. Toussaint l’accepta. Mais en rĂ©alitĂ©, Leclerc avait besoin de gagner du temps. Il attendait des renforts qui, pensait-il, lui permettraient d’exterminer les troupes de Toussaint et de rĂ©tablir le rĂ©gime esclavagiste. Toussaint mourut de froid et de mauvais traitements Ă  Fort-de-Joux, dans le Jura MalgrĂ© l’accord conclu avec Toussaint, la rĂ©sistance se poursuivait. AussitĂŽt une rĂ©gion pacifiĂ©e », la rĂ©sistance surgissait dans une autre. La fiĂšvre jaune tuait les soldats français par centaines. Leclerc craignait une dĂ©fection des troupes noires placĂ©es sous ses ordres par l’accord. Le 7 juin 1802, Toussaint fut convoquĂ© Ă  un entretien avec le gĂ©nĂ©ral Brunet. Une fois sur place, il a Ă©tĂ© saisi, enchaĂźnĂ©, et jetĂ© avec sa famille dans une frĂ©gate qui le ramena en France. Il mourut de froid et de mauvais traitements Ă  Fort-de-Joux, dans le Jura, en avril 1803. Mais cette arrestation n’arrangea rien pour Leclerc. Le mois suivant, Ă  bout de souffle, il suppliait Paris de le remplacer et d’envoyer des renforts. Sur les 37 000 soldats français qui sont venus par dĂ©barquements successifs, il n’en restait que 10 000, dont 8 000 Ă©taient dans les hĂŽpitaux. La maladie continue et fait des ravages affreux » Ă©crivait Leclerc, et la consternation existe parmi les troupes de l’ouest et du sud. » Dans le nord, la rĂ©sistance se dĂ©veloppait. Leclerc, puis Rochambeau, menĂšrent une guerre d’extermination Leclerc avait gardĂ© secret les ordres de NapolĂ©on concernant le rĂ©tablissement de l’esclavage. Mais fin juillet 1802, quelques noirs Ă  bord de la frĂ©gate La Cocarde, en provenance de Guadeloupe, se sont jetĂ©s dans la mer et ont nagĂ© jusqu’au rivage pour porter la nouvelle Ă  leur frĂšres de Saint-Domingue l’esclavage Ă©tait rĂ©tabli en Guadeloupe. L’insurrection, Ă  Saint-Domingue, fut immĂ©diate et gĂ©nĂ©rale. Et pourtant, pendant un certain temps encore, les gĂ©nĂ©raux noirs et mulĂątres n’ont pas rejoint les insurgĂ©s. Ils espĂ©raient que leur fidĂ©litĂ© Ă©viterait aux noirs de Saint-Domingue le sort de ceux de Guadeloupe. Ils participaient mĂȘme Ă  la rĂ©pression des brigands ». Finalement, ce sont les gĂ©nĂ©raux mulĂątres PiĂ©ton et Clairveaux qui passent les premiers du cĂŽtĂ© de la rĂ©sistance. Dessalines ne tarde pas Ă  suivre leur exemple. Rochambeau, qui remplace Leclerc aprĂšs sa mort, en novembre 1802, mĂšne comme lui une vĂ©ritable guerre d’extermination contre les noirs, qui par milliers sont fusillĂ©s, pendus, noyĂ©s ou brĂ»lĂ©s vifs. Les mulĂątres subissent le mĂȘme sort. Rochambeau demande l’envoi de 35 000 hommes pour finir ce travail d’extermination, mais NapolĂ©on ne peut lui en envoyer que 10 000. Pour Ă©conomiser des munitions et pour son propre amusement, Rochambeau a fait jeter un millier de noirs dans la baie du Cap, Ă  partir des frĂ©gates françaises. Pour qu’ils ne puissent pas nager, on attachait Ă  leurs pieds les cadavres en dĂ©composition des noirs qui avaient Ă©tĂ© fusillĂ©s et pendus. Dans le sous-sol d’un couvent, Rochambeau avait amĂ©nagĂ© une scĂšne. Un jeune noir y a Ă©tĂ© attachĂ© Ă  un poteau sous le regard amusĂ© de dames bourgeoises. Les chiens, qui devaient le manger vivant, ont hĂ©sitĂ©, sans doute effrayĂ©s par la musique militaire qui accompagnait le spectacle. On a donc ouvert son ventre d’un coup de sabre, et les chiens affamĂ©s l’ont dĂ©vorĂ©. C’était moins une guerre d’armĂ©es que de populations, et la population noire, loin d’ĂȘtre intimidĂ©e par les mĂ©thodes de Rochambeau, les affrontait avec un tel courage et une telle fermetĂ© qu’elle effrayait ses bourreaux. Dessalines n’avait pas les scrupules de Toussaint vis-Ă -vis de la France. Son mot d’ordre Ă©tait indĂ©pendance ». Dessalines rendait coup pour coup, massacrant pratiquement tous les blancs qui se trouvaient sur son chemin. L’offensive des noirs sous son commandement fut d’une violence irrĂ©sistible. La guerre prenait l’allure d’une guerre raciale. Cependant, sa vĂ©ritable cause n’était pas dans la couleur de peau des combattants, mais dans la soif de profits de la bourgeoisie française. Le 16 novembre, les bataillons des noirs et des mulĂątres se sont groupĂ©s pour l’offensive finale contre le Cap et les fortifications qui l’entouraient. La puissance de l’assaut accula Rochambeau Ă  la dĂ©cision d’évacuer l’üle. Le jour de son dĂ©part, le 29 novembre 1803, une dĂ©claration prĂ©liminaire d’indĂ©pendance fut publiĂ©e. La dĂ©claration finale fut adoptĂ©e le 31 dĂ©cembre. Toussaint Louverture n’était plus, mais l’armĂ©e rĂ©volutionnaire qu’il avait créée s’était montrĂ©e, une fois de plus, capable de vaincre une grande puissance europĂ©enne. Les dirigeants de cette armĂ©e, ainsi que les innombrables inconnus qui se sont battus et qui moururent pour en finir avec l’esclavage, mĂ©ritent tous que l’on se souvienne de leur combat. Pour reprendre l’expression de l’auteur des Jacobins Noirs, les esclaves qui ont fait la rĂ©volution de Saint-Domingue furent de vĂ©ritables hĂ©ros de l’émancipation humaine ».
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AchetezIl Était Une Fois La RĂ©volution - 116X158Cm Affiche Cinema Originale: & retours gratuits possibles (voir conditions) Choisir vos prĂ©fĂ©rences en matiĂšre de cookies. Nous utilisons des cookies et des outils similaires Passer au contenuMachiavel a une mĂ©thode Ă  la fois simple et complexe pour Ă©viter les parce qu’elle peut s’obtenir de deux façons. Complexe, parce qu’encore faut-il ĂȘtre capable de mettre en oeuvre ces qu’il en soit, voici le secret de Machiavel pour Ă©viter aux dirigeants d’un pays une rĂ©volution Gouverner, c’est mettre les sujets hors d’état de nuire et mĂȘme d’y penser ; ce qui s’obtient soit en leur ĂŽtant les moyens de le faire, soit en leur donnant un tel bien ĂȘtre qu’ils ne dĂ©sirent pas un autre Discours sur la premiĂšre dĂ©cade de Tite-Live, II, 23C’est une critique rĂ©guliĂšre de notre sociĂ©tĂ©, l’argument selon lequel les gouvernants tentent d’endormir le peuple pour se maintenir. Cette rĂ©flexion remonte donc au plus tard Ă  Machiavel. On peut penser Ă  la sociĂ©tĂ© de consommation dans tous ses aspects, et par exemple la tĂ©lĂ©vision, comme un systĂšme permettant de satisfaire les appĂ©tits des citoyens, pour les dĂ©tourner des vraies questions politiques.→ La stabilitĂ© de l’État – MachiavelQuant Ă  ĂŽter les moyens de faire une rĂ©volution, de gouverner Ă  la place des gouvernants, on peut songer aux mesures de plus en plus rĂ©pressives contre les manifestants, et par exemple l’interdiction de manifester Ă  visage cachĂ©.→ Culture gĂ©nĂ©rale les RĂ©volutionsNavigation de l’article
Récapituler Bien qu'il ne soit toujours pas au prix du marché de masse, la Model 3 est la premiÚre Tesla à avoir l'impression que la révolution électrique est vraiment en cours. Il s'agit d
Photo Jim Craigmyle/CorbisMagda Sabrina Arbour ne sait plus comment se dĂ©finir. À 23 ans, aprĂšs avoir frĂ©quentĂ© plusieurs garçons — dont un pendant plus de quatre ans —, elle en a eu assez du modĂšle standard » du couple, hĂ©tĂ©rosexuel et monogame. HĂ©tĂ©roflexible ? C’est peut-ĂȘtre ce qui me dĂ©finit le mieux pour le moment », dit la jeune femme en glissant les doigts dans ses cheveux, qu’elle a rĂ©cemment fait couper Ă  la garçonne. Depuis que je pose sur les femmes le mĂȘme regard que sur les hommes, c’est fou Ă  quel point ça m’arrive souvent de les trouver attirantes. C’est troublant ! » Cette grande chĂątaine filiforme porte dĂ©sormais des vĂȘtements qui pourraient aussi bien sortir de la penderie d’un gars, Ă  l’exception des boucles d’oreilles, dĂ©licates spirales de bois poli qui encadrent son visage fin. Je veux avoir la libertĂ© d’ĂȘtre qui je suis, ne pas me cantonner dans un rĂŽle, alors que d’autres modĂšles sont possibles. En ce moment, je ne vois pas comment je pourrais trouver un homme qui me permettrait d’ĂȘtre comme j’ai envie d’ĂȘtre, complĂštement », explique cette Ă©tudiante en travail social qui mĂ©dite depuis quelque temps sur la question des rĂŽles sociaux et sexuels. Des enfants, une maison ? Pas sĂ»r que ce soit pour elle. L’exclusivitĂ© ? Elle se demande pourquoi on y accorde une telle importance. Tout ça, ce sont des constructions sociales », dit-elle. La jeune gĂ©nĂ©ration, Ă  qui on a rĂ©pĂ©tĂ© qu’elle Ă©tait maĂźtre de son destin, chamboule tout sur son passage, depuis le monde du travail — oĂč elle remet en question la hiĂ©rarchie et les mĂ©thodes — jusqu’aux rapports sociaux — qu’elle transforme Ă  coups de textos et de comptes Instagram. Les relations amoureuses n’y Ă©chappent pas. VĂȘtue d’un costume masculin, la dĂ©licate artiste française Christine and the Queens prĂŽne un heureux mĂ©lange des genres. – Photo M. Piasecki/Wireimage/Getty ImagesSerions-nous Ă  l’aube d’une nouvelle rĂ©volution sexuelle ? J’aimerais vous dire oui, s’exclame en souriant Martin Blais, professeur au DĂ©partement de sexologie de l’UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al. Mais c’est peut-ĂȘtre simplement l’effet d’une sociĂ©tĂ© qui, depuis dĂ©jĂ  plusieurs dĂ©cennies, a Ă©lu le bonheur individuel comme principal critĂšre pour juger de la rĂ©ussite. » Le couple, d’accord, mais Ă  con­dition qu’il serve une cause plus grande, la rĂ©alisation de soi. Ce n’est pas un hasard si les artistes de l’heure jouent avec les codes de l’identitĂ© sexuelle ; pensons au chanteur belge Stromae, qui apparaĂźt mi-homme, mi-femme dans le vidĂ©oclip Tous les mĂȘmes, ou Ă  Christine and the Queens, sacrĂ©e artiste fĂ©minine française de l’annĂ©e aux Victoires de la musique 2015, une blonde dĂ©licate en costume masculin qui parle avec autant d’aisance de sa bisexualitĂ© que de ses influences musicales. Le site de rencontres amĂ©ricain OkCupid reflĂšte dĂ©sormais tout le spectre des possibles, puisque la case orientation sexuelle » offre 12 options, dont hĂ©tĂ©roflexible, en questionnement, pansexuel attirĂ© par la personnalitĂ©, peu importe le sexe ou le genre et sapiosexuel excitĂ© par l’intelligence. La case pour dĂ©crire son pro­pre genre comprend quant Ă  elle
 22 possibilitĂ©s homme, femme, agenre, transgenre, homme transsexuel, femme trans­sexuelle, genre fluide, etc. Les plus jeunes gĂ©nĂ©rations sont nĂ©es avec des messages qu’elles ont intĂ©grĂ©s en grandissant le droit de faire des choix pour soi et le respect de la diversitĂ©, garanti par la Charte des droits et libertĂ©s, dit Martin Blais. Elles se donnent le droit d’expĂ©rimenter dans le domaine de la sexualitĂ©, de ne pas se dĂ©finir par les catĂ©gories traditionnelles. » Le chercheur voit bien les changements en cours dans les rĂ©sultats de l’Étude des parcours relationnels intimes et sexuels ÉPRIS, qu’il compile avec ses collĂšgues. Dans le cadre de cette Ă©tude, 6 000 Canadiens, principalement des jeunes QuĂ©bĂ©cois dans la vingtaine trĂšs nombreux Ă  rĂ©pondre au questionnaire en ligne, ont acceptĂ© de dĂ©voiler le statut de la ou des personnes avec qui ils ont eu leurs plus rĂ©centes relations sexuelles, dans le but d’aider les chercheurs Ă  comprendre comment l’amour se vit de nos jours. Le chanteur belge Stromae s’amuse Ă  brouiller les codes de l’identitĂ© sexuelle. – Photo Z. Scheurer/Associated Press/La Presse CanadienneSi le couple demeure encore le modĂšle le plus rĂ©pandu 70 % des jeunes interrogĂ©s Ă©taient en couple, d’autres configurations amoureuses ou sexuelles Ă©mer­gent. Il y a bien sĂ»r l’ ami de baise », appelĂ© en renfort au besoin, mais aussi ce que les jeunes appellent l’ ami avec bĂ©nĂ©fices », avec qui ils partagent des acti­vitĂ©s sociales et, Ă  l’occasion seulement, leur lit. Les par­tenaires romantiques sans engagement » sont quant Ă  eux rĂ©vĂ©lateurs de notre Ă©poque ils partagent une intimitĂ© physique et affective, mais ne se doivent rien. Surprise les aventures avec un pur inconnu, rencontrĂ© dans un bar ou grĂące Ă  l’application Tinder qui localise les cĂ©libataires disponibles dans les environs, sont moins frĂ©quentes qu’on ne pourrait le croire. La majoritĂ© des relations sexuelles ont lieu avec des partenaires connus, venant de cercles d’amis plus ou moins rapprochĂ©s, souligne Martin Blais. MĂȘme dans une aventure d’un soir, il y a donc souvent de l’affection ou une certaine complicitĂ©. Ce n’est pas le sexe sans amour entre deux Ă©trangers. » D’ex-amoureux continuent aussi de se voir dans l’intimitĂ©, un phĂ©nomĂšne assez frĂ©quent pour que les chercheurs le notent. Fait Ă©tonnant, l’étude ÉPRIS montre que les frontiĂšres de l’orientation sexuelle semblent devenues aussi floues que celles du couple parmi les femmes s’identifiant comme hĂ©tĂ©rosexuelles, deux sur cinq ont dit ne pas ĂȘtre exclusivement » attirĂ©es par le sexe opposĂ©. MĂȘme chose pour un homme sur cinq ! Difficile de dire si les volontaires ayant rĂ©pondu au questionnaire sont sexuellement plus curieux que la moyenne, mais chose certaine, les comportements bisexuels entrent peu Ă  peu dans la norme, si on se fie au nombre de starlettes amĂ©ricaines, comme Lindsay Lohan ou Paris Hilton, qui se sont dĂ©jĂ  affichĂ©es au bras d’une femme, bien qu’elles se considĂšrent comme hĂ©tĂ©ros. Francine Lavoie, professeure Ă  l’École de psychologie de l’UniversitĂ© Laval, craint que les baisers Ă©changĂ©s entre filles dans les soirĂ©es arrosĂ©es ne soient en fait qu’un moyen d’attirer le regard des garçons, plutĂŽt qu’une rĂ©elle curiositĂ© d’expĂ©rimenter l’amour lesbien. Sur les 815 adolescents de QuĂ©bec qu’elle a inter­rogĂ©s Ă  ce sujet, 19 % des filles ont dit avoir dĂ©jĂ  embrassĂ© une amie en public, alors que seulement 3 % des garçons l’avaient fait. À l’adolescence, on peut ĂȘtre tentĂ© de reproduire les comportements des super­stars de la musique, telles que Shakira et Rihanna, qui, dans le vidĂ©oclip Can’t Remember to Forget You, apparaissent en lingerie affriolante, se caressant mutuellement en chantant I’d do anything for that boy » je ferais n’importe quoi pour ce garçon. Mais le tiers des jeunes filles qui avaient dit en avoir embrassĂ© une autre se sentaient mal Ă  l’aise le lendemain
 Cette rĂ©cupĂ©ration de l’univers saphique exaspĂšre au plus haut point Marie-Philippe Drouin, 23 ans, qui frĂ©quente principalement des femmes. La culture populaire Ă©rotise les lesbiennes et prĂ©sente une image complĂštement erronĂ©e de ce qu’est un couple de femmes, en les montrant stĂ©rĂ©otypĂ©es et hypersexualisĂ©es. Ça atteint quel public, vous pensez ? Bien oui, majoritairement des hommes, qui penseront que les lesbiennes existent juste pour leurs beaux yeux », s’énerve-t-elle. Elle ne voit cependant aucun problĂšme Ă  ce que ses amies explorent un peu, Ă  l’abri des regards masculins. MĂȘme celles qui attendent le prince charmant se laissent prendre au jeu
 Des filles qui ont bu, ensemble dans un spa, c’est sĂ»r que ça finit par se pogner les boules et se frencher », rigole-t-elle. La jeune femme, qui termine ses Ă©tudes de travail social, refuse pour sa part de s’accoler l’étiquette de lesbienne et prĂ©fĂšre se dire queer Ă©trange, un mot jadis utilisĂ© comme insulte Ă  l’endroit des homosexuels et aujourd’hui rĂ©cupĂ©rĂ© par les minoritĂ©s sexuelles elles-mĂȘmes pour revendiquer leur droit Ă  la diffĂ©rence. Le terme se veut inclusif et englobe tous ceux qui sortent de la norme, qu’ils soient bis, gais, trans, peu importe, question d’envoyer valser les Ă©tiquettes. Pourquoi catĂ©gorise-t-on toujours tout et pourquoi ces catĂ©gories sont-elles toujours aussi hermĂ©tiques ? demande-t-elle. Tout est binaire masculin ou fĂ©minin. Je ne suis pas attirĂ©e par un sexe en particulier, mais par des gens, leur personnalitĂ©, leur esthĂ©tique. » Marie-Philippe, qui a dĂ©jĂ  vĂ©cu dans des couples ouverts, souhaite aussi pouvoir aimer plus d’une personne Ă  la fois. Est-ce qu’on peut sortir de la culpabilitĂ© de l’infidĂ©litĂ©, pour que diverses personnes puissent combler nos diffĂ©rents besoins ? » plaide-t-elle. Le polyamour permet toutes les configurations possibles rela­tions parallĂšles, trios, quatuors, Ă  condition que tous les partenaires conviennent ensemble de rĂšgles et les respectent. De l’aveu mĂȘme des polyamoureux, calmer les angoisses existentielles de tout ce beau monde exige Ă©normĂ©ment d’énergie et de dialogue. Des efforts largement compensĂ©s, affirment-ils, par le fait de pouvoir goĂ»ter la richesse de relations multiples sans le poids des mensonges. Une recherche d’authenticitĂ© qui cadre parfaitement avec le XXIe siĂšcle. Briser les tabous est devenu une seconde nature pour Emer O’Toole, auteure de Girls Will Be Girls Dressing Up, Playing Parts and Daring to Act Differently Orion, un ouvrage tout juste sorti des presses, dans lequel elle dĂ©construit un Ă  un les stĂ©rĂ©otypes de genre auxquels les femmes se conforment, parfois sans mĂȘme s’en rendre compte. Cette universitaire de 31 ans, qui habite au QuĂ©bec depuis 2 ans, s’est rendue cĂ©lĂšbre pour les expĂ©riences qu’elle a menĂ©es sur son propre corps lors­qu’elle vivait Ă  Dublin. Elle s’est rasĂ© les cheveux, a tentĂ© le travestisme, puis a dĂ©cidĂ© de laisser pousser ses poils pendant 18 mois, causant une commotion sur les mĂ©dias sociaux lorsqu’elle a fiĂšrement montrĂ© ses aisselles velues sur le plateau de l’émission This Morning, Ă  Londres, en 2012. Par une froide soirĂ©e de fĂ©vrier, dans un auditorium plein Ă  craquer de l’UniversitĂ© Concordia, Ă  MontrĂ©al, un public de tous les Ăąges, de tous les styles et de toutes les orientations sexuelles est venu enten­dre la jeune femme ainsi que Panti Bliss, une drag queen irlandaise connue pour son activisme en faveur des droits des homosexuels. Emer O’Toole, Ă©lĂ©gante dans sa petite robe noire et ses chaussures Ă  talons hauts, a soulignĂ© avec un sourire malicieux qu’elle ne s’était pas Ă©pilĂ© les jambes. Quand on ne se rase pas et qu’on a l’air masculine, ça va, les gens nous classent dans les butchs ; mais quand on met une jolie robe et qu’on a du poil, ils sont vraiment confus. Ils ne savent plus dans quelle case nous mettre ! » De nombreuses jeunes femmes refusent de se laisser cataloguer et ça leur rĂ©ussit trĂšs bien, a dĂ©couvert Marie-Aude P. Boislard, chercheuse au DĂ©partement de sexologie de l’UQAM, au cours d’une Ă©tude rĂ©alisĂ©e avec une collĂšgue auprĂšs d’Austra­liennes. Les jeunes femmes ayant dĂ©jĂ  eu des expĂ©riences homosexuelles se sentent plus Ă  l’aise de demander Ă  leur amoureux ce qu’elles dĂ©sirent et de refuser les pratiques qui leur dĂ©plaisent. Elles accordent aussi plus d’importance Ă  leur propre plaisir ! Signe des temps, la proportion de femmes britanniques de 16 Ă  44 ans qui ont dĂ©clarĂ© avoir dĂ©jĂ  eu une expĂ©rience sexuelle avec une autre femme a quadruplĂ© au cours des deux derniĂšres dĂ©cennies, passant de 4 % Ă  16 %, rĂ©vĂšle la grande enquĂȘte NATSAL National Survey of Sexual Attitudes and Lifestyles, menĂ©e tous les 10 ans auprĂšs de 15 000 Britanniques. Dans la moitiĂ© des cas, l’expĂ©rience dĂ©passait le simple baiser et se dĂ©roulait plutĂŽt sous la ceinture
 Rien de tel pour les messieurs la proportion d’hommes ayant eu au moins une relation homosexuelle est restĂ©e sensiblement la mĂȘme, passant de 6 % en 1990 Ă  7 % en 2010. C’est peut-ĂȘtre en raison du fait que, dans la culture populaire, on perçoit peu d’érotisme dans les comportements bisexuels masculins
 On ne verra jamais deux gars se bĂ©coter pour sĂ©duire une fille dans un show de tĂ©lĂ© », iro­nise Jean-François Bolduc, 28 ans, qui s’affiche aujourd’hui bisexuel. Ce blond en chemise sage vivant Ă  QuĂ©bec a eu quelques amoureuses, dont une avec laquelle il s’était fiancĂ©, avant de se rendre Ă  l’évidence, Ă  22 ans. Lors d’une pĂ©riode de cĂ©libat, il a ressenti pour un homme une attirance physique et Ă©motionnelle semblable Ă  celle qu’il avait ressentie jusque-lĂ  pour les femmes. Il a alors dĂ» combattre ses propres prĂ©jugĂ©s. MĂȘme si je ressentais encore de l’attirance pour les femmes, j’en ai fait mon deuil, parce que je ne voyais pas comment une fille pourrait accepter d’ĂȘtre avec un gars qui avait dĂ©jĂ  eu des expĂ©riences avec d’autres gars », raconte-t-il. Il faut dire que son premier copain niait l’existence mĂȘme de la bisexualitĂ©, estimant que les bis sont des homosexuels qui ne s’assument pas, une idĂ©e rĂ©pandue au sein de la communautĂ© gaie. Le coming out est une pĂ©riode tellement difficile
 MĂȘme si ça se passe bien, comme pour moi, c’est difficile parce que tu ne sais pas comment les gens vont rĂ©agir. Certains gais pensent que les bis n’ont tout simplement pas fini cette pĂ©riode de transition », dit Jean-François, qui a depuis frĂ©quentĂ© de nouveau des femmes, avant de rencontrer son copain actuel, bisexuel lui aussi. L’identitĂ© des hommes serait en effet davantage Ă©branlĂ©e que celle des femmes par la dĂ©finition de l’orientation sexuelle, au dire mĂȘme des sexologues. Il y a une intrication plus Ă©troite entre l’hĂ©tĂ©rosexualitĂ© et la masculinitĂ© dans notre culture, explique le sexologue Martin Blais. Pour un gars, se dire bisexuel ou homosexuel est donc plus menaçant au point de vue de la masculinitĂ©, cela comporte un enjeu identitaire. Alors que pour une fille, se dire bisexuelle n’implique pas une remise en question de sa fĂ©minitĂ©. » L’orientation sexuelle est beaucoup plus souple qu’on veut bien le croire, soutient pour sa part Lisa M. Diamond, professeure Ă  l’UniversitĂ© de l’Utah et auteure de Sexual Fluidity Understanding Women’s Love and Desire, un ouvrage qui fait grand bruit depuis sa parution, en 2009. À son avis, l’orientation sexuelle ne serait pas toujours une vĂ©ritĂ© enfouie au fond de soi et qui se rĂ©vĂšle Ă  l’adolescence. Chaque ĂȘtre humain a bien sĂ»r ses prĂ©fĂ©rences, mais pour un certain nombre d’entre nous, la rĂ©ponse Ă©rotique peut s’adapter selon les circonstances et les hasards de la vie. Bien dĂ©terminĂ©e Ă  en faire la preuve, Lisa Diamond suit plus de 80 jeunes femmes de diffĂ©rentes orientations sexuelles principalement lesbiennes et bis depuis 16 ans. Elle a vu de tout des lesbiennes assumĂ©es sĂ©duites par un homme, des hĂ©tĂ©ros qui tombent amoureuses de leur meilleure amie, des filles en questionnement qui finissent par se dire bis. Depuis le dĂ©but de l’étude, les trois quarts des participantes ont changĂ© le terme utilisĂ© pour dĂ©crire leur orientation sexuelle au moins une fois, parfois deux ou plus ! Ces femmes ne sont pas volages pour autant. La majoritĂ© d’entre elles ont aujourd’hui une amoureuse ou un amoureux stable ; elles auraient simplement Ă©tĂ© bien en peine de prĂ©dire le sexe de leur partenaire actuel au dĂ©but de l’étude. Le chercheur amĂ©ricain Alfred Kinsey avait, dĂšs 1948, perçu la sexualitĂ© humaine comme un continuum, avec son Ă©chelle graduĂ©e de zĂ©ro exclusivement hĂ©tĂ©rosexuel Ă  six exclusivement homosexuel, des travaux assez mal reçus Ă  l’époque. Il y a eu d’importants changements culturels ces derniĂšres annĂ©es, souligne Lisa Diamond. La bisexualitĂ© masculine, longtemps niĂ©e, est davantage acceptĂ©e et plus visible. Il est possible que des hommes qui ne se seraient pas, par le passĂ©, ouvertement identifiĂ©s comme bisexuels ou fluides sexuel­lement soient prĂȘts Ă  le faire maintenant. » La magie d’Internet permet aux hommes qui ont envie d’explorer leur sexualitĂ© avec d’autres hommes de se donner rendez-vous incognito. Le site de petites annonces Craigslist — qui a la rĂ©putation d’ĂȘtre un site oĂč l’on va pour trouver une baise plutĂŽt que l’amour — regorge d’offres et de demandes, classĂ©es par catĂ©gories. Je suis pas mal ouvert Ă  tout, sauf que je suis straight, j’ai le goĂ»t d’essayer des affaires. J’ai 26 ans
 », peut-on lire, par exem­ple, dans la catĂ©gorie Homme cherche couple. Plusieurs fois par annĂ©e, Marie-Christine Rochefort, bisexuelle de 27 ans, rencontre des groupes d’élĂšves dans des Ă©coles secondaires dans le but de dĂ©mystifier sa rĂ©alitĂ© et de prĂ©senter les services du GRIS Groupe rĂ©gional d’intervention sociale de QuĂ©bec, qui offre de l’accompagnement aux jeunes se questionnant sur leur orientation sexuelle ainsi qu’à leurs parents. Alors qu’il ne comptait que des gais et lesbiennes lors de sa crĂ©ation, en 1996, le GRIS a recrutĂ© des bĂ©nĂ©voles bisexuels pour rĂ©pondre aux questions de plus en plus frĂ©quentes des jeunes Ă  ce sujet. Je me fais souvent demander si l’autre sexe me manque quand je suis en couple. Et si j’ai dĂ©jĂ  fait des trips Ă  trois ! Mais j’ai une vision vraiment traditionnelle et banale du couple je suis avec un homme depuis un an, on dĂ©sire se fiancer bientĂŽt, j’ai l’intention d’avoir des enfants et je veux ĂȘtre fidĂšle », dit en riant la jeune femme. Elle pourrait prĂ©tendre qu’elle est hĂ©tĂ©ro — ce serait parfois plus simple —, mais elle revendique son identitĂ© bisexuelle, puis­qu’elle a dĂ©jĂ  eu des histoires avec des filles, dont une trĂšs sĂ©rieuse qui a durĂ© deux ans. Ça fait partie de mon histoire, je n’ai pas envie de me cacher. J’ai la chance d’ĂȘtre nĂ©e Ă  une Ă©poque oĂč il m’est possible d’assumer ma bisexualitĂ©. Probablement que si je vivais dans une sociĂ©tĂ© plus fermĂ©e, j’aurais menti toute ma vie ou niĂ© mon attirance pour les femmes. » AprĂšs quelques annĂ©es de butinage et d’exploration, la majo­ritĂ© des jeunes choisissent encore la vie Ă  deux, souligne le sexologue Martin Blais. Mais l’amour qui dure semble un concept dĂ©passĂ© aux yeux des membres de la jeune gĂ©nĂ©ration. Ils entrent en couple en se disant qu’un jour la relation ne rĂ©pondra plus Ă  leurs besoins. De nos jours, on vit une relation pour le meilleur, pas pour le pire. » * * * Ah, le dĂ©sir
 Au fond, les jeunes de la gĂ©nĂ©ration Y rĂȘvent encore de l’amour
 Mais ils n’y croient plus assez pour s’investir dans la construction d’un couple, estime la psychanalyste française Fabienne Kraemer, qui vient de publier Solo / No solo Quel avenir pour l’amour ? Presses Universitaires de France, ouvrage dans lequel elle explore les raisons de cette dĂ©saffection. Inquiets pour l’avenir, ces jeunes engloutissent une grande partie de leur Ă©nergie dans la carriĂšre. DĂ©sabusĂ©s par le divorce de leurs parents, ils ont par-dessus le marchĂ© des attentes souvent dĂ©mesurĂ©es par rapport Ă  ce que leur conjoint devrait leur apporter. Ils s’engagent donc dans une relation en surveillant la sortie », dit l’auteure, jointe Ă  Paris. L’architecture des sites de rencontres, oĂč il est possible de trier, d’évaluer et de comparer les candidats, donne en effet l’illusion qu’on peut optimiser la relation amoureuse. Ces sites sont des accĂ©lĂ©rateurs de rencontres, mais aussi de ruptures », dit Fabienne Kraemer. AprĂšs le mariage de raison et le mariage d’amour, les sociĂ©tĂ©s occidentales inaugurent l’ùre du mariage de dĂ©sir, selon la thĂ©rapeute. Aujourd’hui, on ne se quitte plus parce qu’on ne s’aime plus ou parce qu’un des partenaires a Ă©tĂ© infidĂšle. On se quitte parce que le dĂ©sir a tiĂ©di, un phĂ©nomĂšne qui survient immanquablement aprĂšs quelques annĂ©es. Photo FotoliaSe marier ou pas ? Ils Ă©taient peu nombreux, les jeunes dans la vingtaine, Ă  arpenter les allĂ©es du Salon Marions-nous, en janvier dernier, Ă  la Place Bonaventure MontrĂ©al. Il y avait tout de mĂȘme quelques jeunes couples, venus magasiner robe, coiffure et limousine dans cette Ă©norme foire du mariage. Non loin d’un Ă©talage de petits gĂąteaux qu’ils venaient de goĂ»ter, j’ai demandĂ© Ă  Sammy Bisson, 20 ans, et Ă  Amy Glover, 18 ans, pourquoi ils avaient choisi de se jurer fidĂ©litĂ©, en 2015. Je suis lĂ  pour l’aider », blague Sammy en essuyant avec son index un reste de glaçage sur la lĂšvre de sa fiancĂ©e. Les yeux pĂ©tillants, il regarde Amy On se frĂ©quente depuis deux ans, et plus j’apprends Ă  la connaĂźtre, plus je considĂšre qu’elle est la fille qu’il me faut. On aime les mĂȘmes choses, on s’entend bien, elle a un grand cƓur. Quand on a cette chance, on ne la laisse pas passer. Je veux passer le reste de mes jours avec elle. » Selon l’Institut de la statistique du QuĂ©bec, Ă  peine 5 % des femmes et 3 % des hommes ĂągĂ©s de 25 ans Ă©taient mariĂ©s en 2014. Le simple fait de cohabiter avec un conjoint, mĂȘme en union de fait, est un phĂ©nomĂšne Ă  la baisse. De 1981 Ă  2011, la proportion de jeunes hommes de 25 Ă  29 ans vivant avec leur copine a glissĂ© de 63 % Ă  44 %.
Difficiled’oublier la musique d’Ennio Morricone quand on a Ă©tĂ© bercĂ© dans l’enfance par l’air Sean Sean de la bande originale d’ Il Ă©tait une fois la rĂ©volution. Personne n’a su Les missions spatiales ne nĂ©cessitent pas toutes de gros satellites, uniques et
 chers. Aussi de nouvelles machines, miniaturisĂ©es et standardisĂ©es, sont mises au point, observe Simon Devos, rendant ce marchĂ© accessible Ă  tous, ou presque. RepĂšres En octobre 1957, en pleine Guerre froide, l’URSS frappe fort en lançant le tout premier satellite artificiel Spoutnik 1. Depuis, ce domaine n’a cessĂ© de se dĂ©velopper plus de 6 000 satellites ont Ă©tĂ© envoyĂ©s en orbite. D’ordinaire extrĂȘmement coĂ»teux, de l’ordre de plusieurs centaines de millions de dollars, le dĂ©veloppement de ces engins spatiaux connaĂźt aujourd’hui une vĂ©ritable rĂ©volution, qui les rend petit Ă  petit accessibles Ă  tous. Le 15 fĂ©vrier dernier, Ă  9 h 28, heure locale, au Centre spatial de Satish Dhawan, dans le sud-est de l’Inde, l’agence spatiale indienne Ă©tablissait un nouveau record un peu fou lancer 104 satellites d’un seul coup – le record Ă©tait jusqu’ici de 39. Comment ont-ils rĂ©alisĂ© cette prouesse ? C’est simple parmi ces 104 satellites lancĂ©s simultanĂ©ment, il y en avait un assez costaud qui pesait 714 kg
 et 103 autres tout petits, dont la masse cumulĂ©e s’élevait Ă  seulement 664 kg ! Ce record est une puissante illustration de la rĂ©volution qui gagne le domaine spatial depuis une dizaine d’annĂ©es celle de l’arrivĂ©e de nouveaux satellites dont la taille, le poids et le prix s’avĂšrent sans commune mesure avec ceux de leurs prĂ©dĂ©cesseurs. Alors que les satellites Ă©taient jusqu’ici d’énormes appareils pesant plusieurs centaines de kilos, voire plusieurs tonnes, les nouveaux microsatellites » ne dĂ©passent pas les 150 kg. Des versions encore plus lĂ©gĂšres, dĂ©nommĂ©es nanosatellites », passent sous la barre des 10 kg. Ils sont parfois si compacts que les versions les plus modernes tiennent dans la main ! Ce changement est analogue Ă  celui qu’a connu le monde de la tĂ©lĂ©phonie depuis une vingtaine d’annĂ©es, affirme Christophe Bonnal, expert Ă  la direction des lanceurs du Centre national d’études spatiales CNES. La miniaturisation d’un grand nombre de composants Ă©lectroniques permet aujourd’hui d’embarquer toujours plus d’instruments performants dans un volume de plus en plus restreint. » UN CUBE DE 10 CM DE CÔTÉ Pour l’expert, la clĂ© du succĂšs des microsatellites et nanosatellites tient Ă  la standardisation et Ă  l’industrialisation de leur processus de fabrication. Le bus, c’est-Ă -dire la structure qui permet au satellite de fonctionner, s’est standardisĂ© Ă  un point tel qu’aujourd’hui, quiconque dĂ©veloppe un satellite en achĂšte un prĂȘt Ă  l’emploi et ne s’occupe plus que de la charge utile, oĂč se concentre tout le matĂ©riel qui constitue le cƓur de la mission camĂ©ra, tĂ©lescope, etc.. » Le mouvement s’est enclenchĂ© Ă  la fin des annĂ©es 1990, quand l’UniversitĂ© polytechnique de Californie et l’universitĂ© Stanford Etats-Unis ont mis au point le Cube-Sat, un nanosatellite dont le format va servir de standard pour la majoritĂ© des missions futures. Ce cube de 10 cm de cĂŽtĂ© contient tous les composants d’un bus classique, c’est-Ă -dire les Ă©lĂ©ments nĂ©cessaires au fonctionnement d’une petite mission spatiale voir schĂ©ma, page prĂ©cĂ©dente. On peut aussi empiler plusieurs cubes comme des Lego si la charge utile nĂ©cessite plus de place. Au fil des annĂ©es 2010, alors que ce format a Ă©tĂ© Ă©prouvĂ© Ă  de nombreuses reprises au cours de missions spatiales diverses, plusieurs start-up, comme ISIS Space, aux Pays-Bas, se sont spĂ©cialisĂ©es dans la vente de nanosatellites au format CubeSat – la partie bus uniquement – et de tous leurs composants Ă  l’unitĂ©. Alors qu’il y a quelques annĂ©es, seules les grandes agences comme la Nasa avaient un budget suffisant pour se lancer dans le dĂ©veloppement de satellites, ces derniers sont dĂ©sormais financiĂšrement accessibles pour des entreprises privĂ©es, ou bien des universitĂ©s » , note Nicolas Rambaux, enseignant-chercheur Ă  l’Institut de mĂ©canique cĂ©leste et de calcul des Ă©phĂ©mĂ©rides. Les 7 composants d’un kit spatial prĂȘt Ă  l’emploi La structure Ce squelette mĂ©tallique cubique 10 x 10 x 10 cm aujourd’hui, encore plus petit demain est Ă  la fois robuste, lĂ©ger et rĂ©sistant Ă  des tempĂ©ratures extrĂȘmes de – 40 °C Ă  + 80 °C. Il est possible d’emboĂźter plusieurs unitĂ©s les unes sur les autres pour augmenter ce volume. Le systĂšme de communication Cette carte permet de dĂ©crypter les communications reçues par la Terre, et d’encrypter les donnĂ©es Ă  renvoyer. Les communications se font par ondes radio de trĂšs haute ou d’ultra-haute frĂ©quence de 100 Ă  2 500 MHz. L’antenne GĂ©nĂ©ralement composĂ© de deux ou de quatre bras pouvant mesurer jusqu’à 55 cm de longueur, ce systĂšme d’antennes qui permet de communiquer avec la Terre se dĂ©ploie une fois le satellite en orbite. Les panneaux solaires FixĂ©s contre la paroi du cube au moment du lancement, les panneaux solaires se dĂ©ploient peu aprĂšs l’éjection du satellite de sa fusĂ©e de lancement. En dĂ©livrant une puissance de 2,3 W, ils permettent de recharger la batterie et de faire fonctionner la partie Ă©lectronique du satellite. Le systĂšme de contrĂŽle de l’orientation Selon les besoins de la mission, les ingĂ©nieurs peuvent mettre en marche, depuis la Terre, des bobines Ă©lectromagnĂ©tiques. L’interaction du champ magnĂ©tique ainsi créé avec celui de la Terre gĂ©nĂšre des forces de rĂ©action qui permettent de contrĂŽler l’orientation du satellite. La batterie Il s’agit gĂ©nĂ©ralement d’une batterie lithium-ion classique avec une charge infĂ©rieure Ă  100 watts-heure. Elle est nĂ©cessaire pour que le satellite fonctionne mĂȘme lorsque les rayons du Soleil sont cachĂ©s par la Terre. L’ordinateur de bord Cette carte contenant un processeur et un petit systĂšme de stockage de donnĂ©es est nĂ©cessaire pour traiter les commandes du satellite et piloter les diffĂ©rents composants de sa charge utile. Un nouveau danger spatial ? LancĂ© Ă  8 km/s, mĂȘme le plus modeste des nanosatel-lites affiche une Ă©nergie dĂ©vastatrice. Or, indique Andrew Abraham, chercheur chez Aerospace Corporation, cent nanosatellites reprĂ©sentent une plus forte probabilitĂ© de collision qu’un satellite classique de surface Ă©quivalente. Surtout, ces essaims’ multiplient le nombre de croisements dangereux avec d’autres vaisseaux ou dĂ©bris spatiaux » . RĂ©sultat les opĂ©rateurs pourraient crouler sous des dizaines de millions de signaux d’alerte. Le risque est de ne pas pouvoir repĂ©rer les alarmes les plus pertinentes ! » confie Brian Wee-den, ancien contrĂŽleur spatial pour l’armĂ©e amĂ©ricaine. Les experts planchent sur des mesures contraignantes suivi ultra-prĂ©cis des nanosatellites Ă  l’aide de rĂ©flecteurs radar embarquĂ©s, motorisation, mise en orbite basse pour assurer une retombĂ©e rapide
 SATELLITES À L A CHAÎNE La fabrication d’un satellite passe ainsi de la manufacture mĂ©ticuleuse au travail Ă  la chaĂźne. DĂšs l’annĂ©e prochaine, nous pensons ĂȘtre capables de produire jusqu’à deux microsatellites par jour », garantit Ralph Heinrich, de l’entreprise Airbus Defence and Space, chargĂ©e dans les prochains mois d’assembler plus de 600 satellites pour l’entreprise OneWeb, qui envisage de fournir partout un accĂšs internet. Notre logique de production est complĂštement modifiĂ©e avec plusieurs centaines de satellites, nous n’allons pas, comme nous le faisons d’ordinaire, tester individuellement chaque composant de chaque appareil. Si l’un d’eux s’avĂšre dĂ©fectueux, nous serons en mesure de le remplacer beaucoup plus rapidement sans problĂšme. » Autre atout la rapiditĂ© de dĂ©veloppement. Vu la taille d’un nanosatellite, une seule Ă©quipe suffit gĂ©nĂ©ralement pour mettre la mission en place, lĂ  oĂč les gros satellites impliquent souvent plusieurs dizaines d’équipes d’horizons divers » , atteste Christophe Bonnal. Il est dĂšs lors possible de monter une mission de satellite en trois ans, alors que les gros satellites demandent facilement une quinzaine d’annĂ©es de dĂ©veloppement. RĂ©sultat alors que le coĂ»t de ces derniers s’élĂšve gĂ©nĂ©ralement Ă  plusieurs centaines de millions d’euros, celui d’un nanosatellite de type CubeSat revient en moyenne Ă  30 000-50 000 € ! De quoi envisager toutes sortes d’applications nouvelles, que les gĂ©ants d’autrefois Ă©taient incapables de rĂ©aliser, comme les lancers par centaines. Lancer un satellite devient mĂȘme Ă  la portĂ©e des Ă©tudiants ! Nicolas Rambaux, Ă  l’universitĂ© Pierre et Marie Curie, organise par exemple un cursus pour dĂ©velopper un microsatellite capable de dĂ©tecter les mĂ©tĂ©ores depuis l’espace. Autre exemple l’annĂ©e prochaine, la Nasa lancera la mission InSight, au cours de laquelle deux nanosatellites de 10 cm de cĂŽtĂ© chacun seront placĂ©s en orbite de Mars. Le but de cette mission est avant tout de montrer que les nanosatellites sont viables pour des missions interplanĂ©taires, admet Andy Klesh, du Jet Propulsion Lab de la Nasa. Si tel est le cas, je pense que l’exploration spatiale de notre systĂšme solaire pourrait connaĂźtre un nouvel Ăąge d’or. » Faits & chiffres Depuis 1957, plus de 6 000 satellites ont Ă©tĂ© envoyĂ©s en orbite par une cinquantaine de pays. 1 459 circulent toujours au-dessus de nos tĂȘtes. Parmi ceux-ci, la part de microsatellites ne cesse de grimper. Alors qu’ils n’étaient que 300 il y a trois ans, plus de 430 lancements sont prĂ©vus pour 2017. UNE ORBITE AU HASARD MalgrĂ© tout, microsatellites et nanosatellites n’aspirent pas Ă  prendre la place de leurs ancĂȘtres de plusieurs tonnes. Certaines choses ne peuvent pas se faire avec des petits satellites, reconnaĂźt Volker Gass, directeur du Swiss Space Center de l’Ecole polytechnique fĂ©dĂ©rale de Lausanne Suisse. Par exemple, une observation extrĂȘmement prĂ©cise de la Terre requiert d’embarquer un trĂšs grand objectif, qui ne rentrera jamais dans un CubeSat. Les deux formats sont et resteront complĂ©mentaires. » Seul un point pose encore vraiment problĂšme le lancement. Pour l’instant, les ingĂ©nieurs n’ont que deux solutions, admet Christophe Bonnal. Soit leur microsatellite fait du stop’ et embarque sur un lancement en compagnie d’un gros satellite dans lequel il reste de la place ; soit une mission charter est organisĂ©e pour lancer un grand nombre de microsatellites en mĂȘme temps. » Dans les deux cas, il est impossible de choisir prĂ©cisĂ©ment l’emplacement de l’orbite de chaque microsatellite, la plupart ne possĂ©dant pas de moyen de propulsion. Mais tous les spĂ©cialistes du domaine s’accordent le rĂšgne des satellites miniatures ne fait que commencer. Nous travaillons d’ores et dĂ©jĂ  sur l’aprĂšs-CubeSat, avec un concept appelĂ© PocketQubes un cube de 5 cm de cĂŽtĂ© seulement, pesant moins de 1 kg ! » , conclut Jasper Bouwmeester, de l’UniversitĂ© de Delft Pays-Bas. BientĂŽt, l’ùre des picosatellites » ? Unefois le curseur placĂ© sur la chaĂźne, il est Ă©galement possible de connaĂźtre l’horaire de la prochaine mise en clair. L’icĂŽne permettra Ă©galement de repĂ©rer les chaĂźnes offertes de façon temporaire, dans le cadre de futures opĂ©rations promotionnelles Source : Univers Freebox. La Freebox RĂ©volution affiche les plages gratuites des chaĂźnes TV 0. By Anne Ferret
Sommaire RĂ©initialiser ou redĂ©marrer une Freebox quelle est la diffĂ©rence ? Comment effectuer un reboot Freebox Server ? Comment faire pour redĂ©marrer un Freebox Player ? Comment rĂ©initialiser un Freebox Server ? Comment rĂ©initialiser un Freebox Player pour Mini 4K ? Comment rĂ©initialiser la tĂ©lĂ©commande Free ? Tout abonnĂ© Free a certainement rencontrĂ© Ă  un moment donnĂ© un problĂšme avec son modem. RĂ©initialiser la Freebox peut parfois ĂȘtre la solution idĂ©ale pour faire face Ă  des soucis liĂ©s Ă  une instabilitĂ© de la connexion internet ou Ă  des services de son abonnement. Un redĂ©marrage Freebox peut aussi palier des ennuis plus mineurs. Le dĂ©tail des Ă©tapes Ă  suivre Ă  retrouver dans cet article. Vous souhaitez changer d'opĂ©rateur ? Pour trouver une offre avantageuse, appelez le 09 87 67 37 78. Un conseiller vous orientera alors vers l'offre partenaire la plus adaptĂ©e Ă  vos besoins. Annonce - Service Selectra non partenaire de Free L'essentiel RĂ©initialiser sa Freebox permet le plus souvent de restaurer les paramĂštres d'origine de la box. Cette manipulation peut rĂ©soudre des problĂšmes liĂ©s au fonctionnement de son Ă©quipement. Un redĂ©marrage Freebox est quant Ă  lui en mesure de rĂ©gler des soucis rencontrĂ©s plus mineurs. On peut effectuer un reset ou un reboot Freebox du cĂŽtĂ© du Server modem Free comme du Player dĂ©codeur TV. Informations de la page mises Ă  jour le 28/07/2022. RĂ©initialiser ou redĂ©marrer une Freebox quelle est la diffĂ©rence ? Lorsqu'on est confrontĂ© Ă  un problĂšme technique relatif Ă  son abonnement internet Free instabilitĂ© de la vitesse de connexion, perte de l'affichage TV, impossibilitĂ© de se connecter en wifi, problĂšme pour relier une imprimante ou une manette de jeu ..., Ă  un code erreur Freebox ou Ă  un problĂšme d'Ă©tape d'initialisation, les deux premiĂšres choses auxquelles il faut penser sont le redĂ©marrage et la rĂ©initialisation de son modem. Ces deux solutions, trĂšs rapides Ă  rĂ©aliser, sont lĂ©gĂšrement diffĂ©rentes l'une de l' de rĂ©initialiser une Freebox ou faire un reset Freebox est une manƓuvre un peu plus poussĂ©e qu'un simple redĂ©marrage ou reboot Freebox de sa box. En effet, lorsqu'on va rĂ©initialiser la Freebox, on va remettre Ă  zĂ©ro tous les paramĂštres qui ont Ă©tĂ© changĂ©s depuis la mise en marche initiale de la box. Toutes les modifications faites sont supprimĂ©es dans l'optique de dĂ©terminer si ce sont des changements de rĂ©glages de la box qui ont involontairement créé un dysfonctionnement. Une rĂ©initialisation Freebox complĂšte peut ĂȘtre en mesure de rĂ©soudre un problĂšme technique avancĂ© qu'un simple reboot Freebox ne peut pas dĂ©tecter. Pour bĂ©nĂ©ficier d'une plus grande aide face Ă  une panne technique ou un problĂšme liĂ© Ă  votre box, l'assistance Free pourra se montrer utile en appelant le 3244 ou depuis votre espace client Free. Rebooter le Server d'une Freebox Mini 4K ou RĂ©volution A travers un simple redĂ©marrage de la Freebox, d'Ă©ventuels soucis mineurs peuvent ĂȘtre rĂ©solus. Le Server va Ă©galement rechercher Ă  chaque redĂ©marrage de potentielles mises Ă  jour et les derniĂšres versions des services qu'elle comprend. Pour une Freebox Mini 4K ou Revolution, le reboot se fait depuis l'affichage digital situĂ© en façade de boĂźtier Lorsque le boĂźtier Server est en Ă©tat de marche, appuyer sur une des 4 flĂšches pour que le menu apparaisse. Aller dans le menu SystĂšme puis dans la partie RedĂ©marrage, et valider son choix. Le boĂźtier va ensuite rebooter et sera Ă  nouveau fonctionnel lorsque l'affichage de l'heure sera prĂ©sent sur son Ă©cran. On peut aussi redĂ©marrer son Server depuis l'interface Freebox OS disponible sur navigateur web et ordinateur, ou sur l'application Freebox pour mobile. Hard reboot Freebox est-ce recommandĂ© ? Un hard reboot Freebox est une opĂ©ration consistant gĂ©nĂ©ralement Ă  dĂ©brancher et rebrancher plusieurs fois d'affilĂ©e son boĂźtier avec de petites variations de procĂ©dure selon le modĂšle de Freebox, dans le but de restaurer les paramĂštres d'origine. Cette opĂ©ration fut surtout employĂ©e pour d'anciennes Freebox Freebox Crystal, Freebox HD, les premiĂšres versions de la Revolution et n'est plus recommandĂ©e pour les modĂšles actuels car le risque d'endommagement matĂ©riel et logiciel est Ă©levĂ©. Il vaut mieux rĂ©initialiser sa Freebox. Rebooter le Server d'une Freebox Pop ou Delta La procĂ©dure de redĂ©marrage Freebox est lĂ©gĂšrement diffĂ©rente pour les modĂšles Freebox Pop et Delta / Delta S. On peut rĂ©aliser le reboot de la Freebox de trois maniĂšres Directement depuis le boĂźtier Server en appuyant sur une touche directionnelle pour afficher l'Ă©cran, puis en se rendant dans l'onglet RedĂ©marrer, et en validant via le bouton OK. Depuis l'interface Freebox OS lorsqu'on est identifiĂ©, il faudra cliquer sur le logo Free en bas Ă  gauche du menu et sĂ©lectionner RedĂ©marrer la Freebox. Via l'application Freebox Connect se rendre dans la partie Freebox Server et choisir RedĂ©marrer le Freebox Server. Suite Ă  chacune de ces mĂ©thodes, le modem s'Ă©teint et se rallume et devient opĂ©rationnel lorsqu'il affiche Ă  nouveau l'heure du jour. Il faut aussi noter que lors d'un redĂ©marrage du Freebox Server, le Freebox Player n'est pas en Ă©tat de fonctionnement et vice-versa. La bonne vieille mĂ©thode consistant Ă  dĂ©brancher et rebrancher les prises d'alimentation de son modem fonctionne aussi comme un redĂ©marrage complet. Et c'est la mĂȘme chose pour un appui successif sur les boutons On / Off de chaque modem. RĂ©aliser un reboot Freebox Player pour la RĂ©volution Si l'on note des soucis qui sont plutĂŽt en rapport avec les services TV de son abonnement problĂšme d'affichage TV, services de VOD indisponibles, fonctionnalitĂ© replay non fonctionnelle ..., il est plus pertinent de faire un redĂ©marrage du Freebox Player plutĂŽt que du Server. Cette fois-ci, il faut se servir de sa tĂ©lĂ©commande Freebox se situer dans le menu principal du Player Se rendre ensuite dans les menus RĂ©glages puis SystĂšme. Placer le curseur de sĂ©lection de la tĂ©lĂ©commande sur RedĂ©marrer le Freebox Player et en validant via OK. Le Player effectue un reboot et il faut quelques secondes pour qu'il soit Ă  nouveau en Ă©tat opĂ©rationnel. Aucun affichage n'apparaĂźt Ă  l'Ă©cran suite Ă  un redĂ©marrage Freebox Player ? Un dernier recours s'offre Ă  vous en dĂ©branchant puis rebranchant la prise Ă©lectrique du Freeplug alimentant le Player. Si toujours rien ne s'affiche, il faudra procĂ©der Ă  une rĂ©initialisation du cĂŽtĂ© du boĂźtier Server. RĂ©aliser un reboot Freebox Player pour la Mini 4K Le Player de la Freebox Mini 4K fonctionnant sous Android TV, la dĂ©marche est un ici peu diffĂ©rente. Il faut toujours ĂȘtre muni de sa tĂ©lĂ©commande Freebox et ĂȘtre dans l'Ă©cran d'accueil du Player, puis Se rendre dans l'onglet ParamĂštres situĂ© au milieu de l'Ă©cran d'accueil. Chercher la section A propos se trouvant en toute fin de l'onglet Appareil. Se positionner sur RedĂ©marrer et valider en appuyant sur la touche OK de la tĂ©lĂ©commande Le Player va ensuite redĂ©marrer et redeviendra fonctionnel aprĂšs quelques instants. Si aucun affichage n'apparaĂźt Ă  l'Ă©cran aprĂšs son reboot, il faut procĂ©der Ă  un redĂ©marrage plus forcĂ© en dĂ©branchant et rebranchant sa prise d'alimentation au niveau du connecteur situĂ© cĂŽtĂ© boĂźtier ou faire une rĂ©initialisation du Player. Trois niveaux de rĂ©initialisation box Free sont disponibles pour les boĂźtiers Mini 4K, RĂ©volution, Pop et Delta le DĂ©marrage normal qui correspond Ă  un simple redĂ©marrage de la box, le DĂ©marrage secours et l'option ParamĂštres d'usine. Si l'on souhaite rĂ©initialiser sa Freebox, il faut respecter la dĂ©marche suivante Faire un redĂ©marrage manuel du Freebox Server, en dĂ©branchant puis rebranchant sa prise Ă©lectrique. Lorsque le Server redĂ©marre, son Ă©cran digital affichera le logo Free pendant quelques secondes. Toucher l'Ă©cran Ă  ce moment prĂ©cis pour accĂ©der aux diffĂ©rents choix de dĂ©marrages. SĂ©lectionner le type de dĂ©marrage ParamĂštre d'usine puis valider. A quoi correspond chacun de ces niveaux de rĂ©initialisation Freebox ? Le dĂ©marrage normal fait office de redĂ©marrage basique de la box, sans modification des paramĂštres. Le dĂ©marrage secours permet d'accĂ©lĂ©rer le dĂ©marrage du Server en dĂ©sactivant temporairement toutes les fonctions essentielles du boĂźtier paramĂštres wifi et WPS, routage rĂ©seau, ports DNS ... Elles sont rĂ©activĂ©es une fois le Server opĂ©rationnel. ParamĂštre d'usine est le mode Ă  choisir si l'on veut rĂ©initialiser sa Freebox puisque c'est la seule option remettant Ă  zĂ©ro tous les rĂ©glages du modem de maniĂšre dĂ©finitive. Dans le cas d'un dysfonctionnement des fonctions de rĂ©seau associĂ©es au Server, il convient mieux de rĂ©aliser au prĂ©alable un redĂ©marrage classique du boĂźtier via la procĂ©dure de redĂ©marrage Freebox ou via le mode DĂ©marrage normal avant de procĂ©der Ă  une rĂ©initialisation des paramĂštres d'usine car cette derniĂšre va effacer tous les paramĂštres personnalisĂ©s. Le reset Freebox du boĂźtier Player de la Mini 4K permet quant Ă  lui de rĂ©gler d'Ă©ventuels ennuis liĂ©s Ă  la diffusion des services TV de son abonnement. Contrairement aux autres manipulations, il faut ici totalement dĂ©brancher le boĂźtier des prises d'alimentation Ă©lectrique, puis Maintenir enfoncĂ© le petit bouton en façade du Player tout en rebranchant la prise d'alimentation. La diode orange devrait clignoter en façade. Le logo Android robot va s'afficher sur le tĂ©lĂ©viseur, ainsi qu'un menu tout Ă©crit en rouge. Choisir l'option Effacer les donnĂ©es utilisateur / RĂ©initialisation usine en appuyant Ă  nouveau pendant quelques secondes sur le bouton en façade. Une confirmation s'affiche "Oui, effacer toutes les donnĂ©es utilisateurs". Valider son choix. La procĂ©dure de rĂ©initialisation s'enclenche et prend quelques instants. Choisir ensuite RedĂ©marrer pour relancer le Player. Quid du reset des Player Mini 4K, Devialet et Pop ? Free ne propose pas de procĂ©dure avancĂ©e de rĂ©initialisation de ces trois boĂźtiers Player. Il est seulement possible de faire un redĂ©marrage classique ou d'opĂ©rer un reset Freebox du cĂŽtĂ© du Server. Lorsqu'un problĂšme survient au niveau de la tĂ©lĂ©commande et qu'elle n'est plus reconnue ou ne semble plus rĂ©pondre, il est bon de procĂ©der Ă  une rĂ©initialisation de celle-ci. Il s'agit en rĂ©alitĂ© plus d'une rĂ©-association que d'un reset de la tĂ©lĂ©commande Free. L'opĂ©ration d'association varie selon votre modĂšle de Freebox, mais dans tous les cas, il faut veiller Ă  ne pas se situer Ă  plus de trois mĂštres du Player et Ă  ce qu'aucun Ă©quipement radio ne puisse gĂȘner la communication infrarouge de la tĂ©lĂ©commande avec le Player. Pour la Freebox Revolution Appuyer de maniĂšre brĂšve sur le bouton noir situĂ© au dos du Player. Des consignes vont s'afficher sur l'Ă©cran du tĂ©lĂ©viseur il faut appuyer sur les touches Free et AV de maniĂšre simultanĂ©e pendant quelques secondes. L'association est enclenchĂ©e et devrait prendre au maximum une dizaine de secondes. Pour la Freebox Pop ou Freebox Delta avec Player Pop Lorsque le Player Pop est allumĂ©, appuyer rapidement sur le bouton Reset sur le cĂŽtĂ© du boĂźtier Le tĂ©lĂ©viseur va afficher le menu d'association de tĂ©lĂ©commande. Il faut maintenir les touches Maison et Retour jusqu'Ă  ce que le voyant clignote en rouge. Un message "SuccĂšs de la connexion Ă  distance !" devait s'afficher pour indiquer la rĂ©ussite de l'association Pour la Freebox Delta Avoir son Player Devialet allumĂ© et appuyer sur le petit bouton rond prĂ©sent Ă  son dos. La procĂ©dure d'association est affichĂ©e sur le tĂ©lĂ©viseur, invitant Ă  maintenir les touches Free et Mute coupure de son en mĂȘme temps pendant quelques secondes. Le voyant rouge de la tĂ©lĂ©commande va clignoter et l'association se lance un message de confirmation s'affiche lorsqu'elle sera terminĂ©e. Pour la Freebox Mini 4K Effectuer un appui simple sur le bouton en façade du Player Mini 4K pour lancer la procĂ©dure d'association. Se placer Ă  moins de 30 centimĂštres de sa TV et suivre les indications affichĂ©es Ă  l'Ă©cran. Lorsque cela est demandĂ©, appuyer en mĂȘme temps sur les boutons Free et Muet. Une fois ces boutons relĂąchĂ©s, la tĂ©lĂ©commande clignote lentement. Attendre quelques instants le temps que la procĂ©dure se termine. Cette association fait donc office de rĂ©initialisation de votre tĂ©lĂ©commande Freebox Mini 4K. Appuyez sur OK pour piloter Ă  nouveau le Player. Si les tentatives d'association et de rĂ©initialisation de tĂ©lĂ©commande Freebox Ă©chouent, il convient de vĂ©rifier l'Ă©tat des piles insĂ©rĂ©es dans cette derniĂšre. Il se peut aussi que la tĂ©lĂ©commande soit tout simplement endommagĂ©e et hors d'usage. Il faut alors contacter Free pour commander une nouvelle tĂ©lĂ©commande. DĂ©couvrir les derniĂšres offres Freebox du moment
Aucours des derniers jours de son existence, Mao Zedong a déclaré que, pendant sa vie, il avait accompli deux choses: l'une était d'avoir chassé Chiang Kai-shek dans l'ßle, l'autre était la Grande Révolution Culturelle. "Trente-huit années s'étaient écoulées en un clin d'oeil!"
Quand Rem Koolhhass le cĂ©lĂ©brissime architecte hollandais invente ses Ă©difices, par les moyens les plus sĂ©vĂšres il donne autant l'impression de sobriĂ©tĂ© que de dĂ©lire. Quand Rem Koolhhass le cĂ©lĂ©brissime architecte hollandais qui reçut entre autres le prix Pritzker en 2000 invente ses Ă©difices, par les moyens les plus sĂ©vĂšres il donne autant l'impression de sobriĂ©tĂ© que de dĂ©lire. On peut bien sĂ»r en chercher les causes dans ses intentions. Toutefois il faut se garder d'interprĂ©ter toute la tectonique de l'architecte en fonction de concepts d'ordre "sentimental". On a plutĂŽt affaire Ă  une forme de construction en prise sur son temps et ses problĂ©matiques. Le crĂ©ateur amĂ©nage celui-ci Ă  sa façon et l'adapte Ă  ses fins propres. Elles prennent naissance dans deux temps et deux Ă©poques le New York du dĂ©but du XXĂšme siĂšcle et le Japon de l'aprĂšs Hiroshima. Au dĂ©part comme Ă  l'arrivĂ©e provisoire du cĂ©lĂ©brissime architecte hollandais Rem Koolhaas existe deux livres majeurs Ă  qui veut comprendre les enjeux de l'urbain au XXĂšme siĂšcle. Le laurĂ©at de prix le plus important, sorte de Nobel de sa spĂ©cialitĂ© le Pritzker se fit connaĂźtre au par un ouvrage culte New York Delire. Il y expliquait comment New York s'Ă©tait "montĂ©" - Ă  tous les sens du terme - selon les perspectives et les curiositĂ©s du parc d'attraction qui jouxtait le New York du XIXĂšme siĂšcle Ă  Cosney Island. Reprenant une nouvelle perspective et changeant de lieu celui qui s'est intĂ©ressĂ© Ă  la dĂ©contextualisation des mĂ©galopoles offre des Ă©lĂ©ments capitaux afin de comprendre l'architecture du Japon aprĂšs la Seconde guerre mondiale et son influence sur le monde de cet art. Se dĂ©couvrent les plans directeurs de la Manchourie Ă  Tokyo, des clichĂ©s intimes des MĂ©tabolistes, des maquettes d'architecture bien sĂ»r mais aussi d'incroyables visions urbaines de science-fiction retracent l'histoire du Japon du XXe siĂšcle Ă  travers son architecture. Dans ce pays tout part de la table rase de la Mandchourie colonisĂ©e des annĂ©es 1930 au Japon dĂ©vastĂ© d'aprĂšs-guerre pour aboutir par la fondation du MĂ©tabolisme Ă  la ConfĂ©rence Mondiale du Design de 1960, Ă  l'ascension de Kisho Kurokawa premier grand architecte nippon et l'apothĂ©ose du mouvement Ă  l'Expo '70 d'Osaka. Surgissent les moments d'une architecture qui relevait plus du public que du privĂ©. Le tout est complĂ©tĂ© par une "Histoire orale" par Rem Koolhaas et Hans Ulrich Obrist et de interviews approfondies des architectes phares du mouvement tels que mais la liste n'est pas exhaustive Arata Isozaki, Toshiko Kato, Fumihiko Maki et bien sĂ»r de Kisho Kurokawa. Rem Koolhaas lui-mĂȘme et son OMA Office of Metropole Architecture - Amsterdam doivent beaucoup au MĂ©tabolisme. Parmi ses rĂ©alisations emblĂ©matiques citons la tour CCTV Ă  Beijing, la Maison Girafe dans la banlieue parisienne ou la Casa da Musica Ă  Porto. Ce dernier est l'un des bĂątiments les plus dĂ©lirants qui soient. Ses perspectives rappellent les films expressionnistes allemands. L'architecte nĂ©erlandais conçut la Casa comme sa Maison Girafe avec une petite occupation au sol afin que sa crĂ©ation ne soit pas trop lourde pour l'environnement... Dans un tel bĂątiment l'on passe non d'une piĂšce Ă  l'autre mais de surprise en surprise, comme dans une succession de dĂ©cors ludiques, esthĂ©tiques, pĂ©tillants. On reproche parfois Ă  Khoolhaas cette architecture avide de "spectacle" venue des origines mĂȘme de sa formation. Il suivit des Ă©tudes de scĂ©nariste, avant celles d'architecture. Il a mĂȘme Ă©crit un script pour Russ Meyer, le rĂ©alisateur de Faster Pussycat Kill Kill maĂźtre de la sĂ©rie B devenu culte. Rappelons que l'OMA fut et reste une pĂ©piniĂšre de crĂ©ateurs de renom Zaha Hadid ou encore le grand architecte paysagiste français trop tĂŽt disparu Yves Brunier ont Ă©tĂ© les hĂŽtes prestigieux de ce cabinet. Rem Koolhaas montre comment une nation partie en guerre vit, aprĂšs avoir conquis un continent, son propre territoire dĂ©truit par des bombes atomiques. Les vainqueurs imposĂšrent alors la dĂ©mocratie aux vaincus. Pour un groupe d'apprentis architectes, artistes et designers, entraĂźnĂ©s par un visionnaire, la situation dĂ©sespĂ©rĂ©e de leur pays ne reprĂ©senta pas un obstacle. Cela devint Ă  l'inverse une invitation Ă  rĂ©flĂ©chir. Quoique trĂšs diffĂ©rents quant Ă  leur options esthĂ©tiques et architecturales les crĂ©ateurs nippons travaillĂšrent en Ă©troite collaboration pour rĂ©aliser leurs rĂȘves. Ils furent Ă  l'Ă©poque soutenus trĂšs fortement par une administration d'Ă©tat Ă©tonnante car trĂšs encline Ă  la crĂ©ativitĂ©. En quinze ans ces architectes surprirent la planĂšte avec une nouvelle architecture le MĂ©tabolisme. Le mouvement opĂ©ra un changement radical du pays tout entier. Journaux, magazines et la tĂ©lĂ©vision firent de ces architectes de vĂ©ritables hĂ©ros. Ils devinrent des penseurs rĂ©solument modernes. Ils surent intĂ©grer toutes les formes de crĂ©ativitĂ©. Et le Japon devint un exemple brillant. Et lorsque la crise du pĂ©trole a marquĂ© le dĂ©clin de l'Occident, les architectes japonais se sont dĂ©ployĂ©s Ă  travers le monde pour dĂ©finir les contours d'une esthĂ©tique post-occidentale. Project Japan, Metabolism Talks permet aussi d'illustrer comment il n'existe plus en Hollande, en France ou aux USA d'architecture hollandaise, française, amĂ©ricaine. Un seul pays dĂ©roge Ă  la rĂšgle Japon. Il existe toujours une architecture japonaise. "C'est la derniĂšre nation avec une architecture qui a de l'influence" Ă©crit Koolhaas. Cela at selon lui une raison majeure les architectes japonais ont un lien plus sophistiquĂ© avec le passĂ©. "Ce qui est Ă  la fois un poids et un don" ajoute l'auteur. Cette complexitĂ© se perçoit par exemple dans Lost in Translation de Sofia Coppola lors des dĂ©ambulation de Bill. Murray ou Scarlett Johansson dans Tokyo. Mais cette somme demeure aussi un livre sur l'humain. En ce sens il reprĂ©sente un vĂ©ritable travail de mĂ©moire et de transmission. Il devient un acte poĂ©tique puisqu'il montre comment modifier le monde en mettant en exergue ce moment de l'architecture. Il prouve enfin que les architectes ont toujours dĂ» ĂȘtre plus que des architectes. Soit architecte-businessman, soit architecte-sociologue, etc mais aussi des rĂȘveurs dont la qualitĂ© majeure n'est pas forcĂ©ment la douceur... Koolhaas illustre enfin ce qui lui est le plus cher et fonde son esthĂ©tique. Tout architecte doit anticiper afin de se reposer la question du lieu de leur prĂ©sentation. Cela peut et parfois doit aller jusqu'Ă  la constitution de nouveaux lieux inĂ©dits ou Ă  la dĂ©structuration de lieux existants. Il montre aussi comment l'exploitation dĂ©sormais classique de reconversion et de recyclage de lieux qui ont perdu leur rĂŽle originaire usines dĂ©saffectĂ©es par exemple ne doit pas faire place forcĂ©ment Ă  d'autres constructions "musĂ©ales". Il faut Ă  tout architecte l'ambition d'un devenir. Elle passe par une nouvelle dynamique comparable Ă  celle que le MĂ©tabolisme inventa afin que le regard ne soit pas seulement absorbĂ© par une enveloppe certes prestigieuse et parfois originale mais qui mange l'objet mĂȘme pour lequel elle est conçue. Les architectes japonais l'avaient compris. Et face aux errances vers la "monumentation" de certains contemporains, Rem Koolhaas offre des propositions qui tiennent de l'utopie. Afin que l'image-espace continue de muter et que les grandes villes et leur centre puissent bouger. Au lieu de demeurer des repĂšre Ă  bobos, Ă  retraitĂ©s, Ă  touristes contraints et forcĂ©s la ville peut s'investir d'autres ambitions et offrir des qualitĂ©s moins spĂ©culatives et plus ludiques. Elle peut aspirer un autre public que ceux assujettis Ă  "la condition fƓtale" qu'Ă©voque Ernesto Neto. De nouveaux effets d'assemblages, de chevauchements entre environnement, architecture crĂ©ent des fĂ©condations inĂ©dites. Elles prennent en compte l'Ă©volution des sociĂ©tĂ©s. Le musĂ©e White Cube qui se "dĂ©plie" en fonction des Ɠuvres Ă  prĂ©senter est Ă  ce titre un parfait prolongement de l'esthĂ©tique du MĂ©tabolisme. Dans ce type interaction non seulement l'architecture demeure vivante mais elle ne peut qu'avancer vers de l'impensĂ© de la sociĂ©tĂ© dans sa recherche du "sens impossible" auquel les murs - et quelle qu'en soit leur nature - peuvent offrir une possibilitĂ©. Pour Koolhaas toute architecture doit garder en elle une valeur de laboratoire. Elle ne se limite pas au rĂŽle de marqueur et d'affichage de prestige pour les politiques. L'utopie peut se conjuguer selon d'autres critĂšres que celui de l'ostentation et du prestige. Il convient donc de laisser rĂȘver les architectes Ă  leurs propres lieux et leur permettre d'Ă©changer de maniĂšre singuliĂšre entre eux afin de rendre aux citĂ©s une beautĂ© nouvelle. Le Chichu Art Museum comme le Miho Museum prouvent que cela est possible la beautĂ© n'est pas seulement dans les Ɠuvres recelĂ©es dans ces lieu mais dans leur architecture elle-mĂȘme. Elle constitue une conception du monde et le sentiment de vie propre Ă  une Ă©poque. Mais - prĂ©cise en substance Koolhaas - comparer l'architecture Ă  un miroir rĂ©flĂ©chissant serait fallacieux. Le travail de l'architecte ne saurait ĂȘtre comparĂ© Ă  un reflet si ce n'est un miroir particulier celui qui permet de se traverser par les murs mĂȘme que l'architecte invente et met en jeu. Rem Koolhaas, Project Japan, Metabolism Talks... , Ă©crit avec Hans Ulrich Obrist et Ă©ditĂ© par Kayoko Ota Ă©dition originale japonaise puis par Taschen New-York, Paris D5LUqB3.
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